Le chasseur et le soldat : Les invisibles

Nous deux...

Dean profite de la matinée pour tondre le gazon. Posé sur le rebord de la fenêtre, le vieux radio-cassette crache un classique de Led Zeppelin en faisant trembler la tasse vide abandonnée à sa droite.

Le ciel est couvert, mais les orages ne sont annoncés que pour la fin de journée.

T-shirt délavé, vieux jean tâché de peinture et baskets, Dean reprend le refrain des chansons qui passent entre deux roulements de moteur de sa tondeuse électrique.

Depuis que son frère a quitté la maison et qu'il en a de ce fait hérité, Dean s'est découvert un penchant casanier qu'il ignorait jusqu'alors, et même si ça fait vieux papy en devenir, il doit bien avouer qu'à passé 40 ans, il s'en contrefout. Il adore ça.

Après tout, ça emmerde qui ?

Les travaux ont pris des mois, mais le résultat est à la hauteur de la sueur versée et des dollars investis. Cette maison (sans compter son géant de petit frère), c'est sa fierté.

Il coupe la tondeuse pour en nettoyer les lames. Tout en grattant l'herbe humide, il se remémore la discussion au café.

Même si les confidences et des déclarations sont loin d'être son fort, il lui arrive parfois d'oublier de dresser ses murs de défense. Les mots déboulent alors, parfois violents ou maladroits, mais plus souvent simplement bruts de sincérité comme son : "Manque plus que toi "

Parce qu'il continue d'espérer voir Castiel déposer ses bagages sur le seuil de sa maison et que les au-revoir de la veille en ont attisé ses espoirs.

Seulement le courage que Dean a trouvé hier, il craint de ne plus l'avoir demain et Castiel, persuadé de ne valoir que le prix du fardeau qu'il pense être, ne fera rien pour l'aider.

Dean soupire et relance la machine.

Comment faire pour convaincre l'homme que vous aimez qu'il en vaut lapeine ?

Il s'arrête brusquement.

"Merde ! ", devant ces trois mots qu'il n'a jamais osé prononcer, même en pensées.

Il reste debout pendant de longues secondes. Le guidon de la tondeuse vibre entre ses mains, l'herbe est projetée sur ses baskets, le bac saturé.

Et James entonne un acoustic de " Nothing else matters "

Putain de chanson...

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Il est près de 2 heures du matin quand l'orage éclate.

Les éclairs déchirent le ciel et le tonnerre fait trembler les fenêtres tandis que la pluie s'y fracasse bruyamment.

Un énorme craquement sec et la foudre tombe à quelques kilomètres de la résidence. La lumière zèbre le visage jusque-là endormi de Castiel.

Le réveil est brutal, tout comme les souvenirs qu'il ramène à la surface.

"AZAD ! " étouffé par un craquement sinistre alors qu'un nouvel éclair illumine la chambre.

" Azad ?"

Adossé à la roue du camion, les jambes dans un axe étrange, le jeune homme peine à respirer.

Sa Kurda est imbibée de sang. Sa main crispée sur son bas-ventre.

"Azad ? ", en courant vers lui tout en zigzagant, plié en deux.

"Lieutenant ", incrédule.

"MEDIC ! " hurle Novak pour se faire entendre entre les détonations alors qu'Azad glisse lentement au sol.