Les routes du purgatoire

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" À Charlie,

J'aimerais pouvoir répondre à votre mail de façon positive, mais cela m'est impossible pour la bonne et simple raison que je n'ai plus de nouvelles de Castiel depuis près d'un an. Les dernières que j'ai reçues de lui se résument à quelques mots sur une carte postale neutre et non affranchie glissée dans ma boîte aux lettres, il y a de cela plusieurs mois. Il me disait être chez un ami, que je ne devais pas m'inquiéter et lui promettre de ne pas chercher à le retrouver, qu'il me recontacterait dans les semaines à venir. Ce qu'il n'a jamais fait.

Quelques jours après avoir rompu avec Dean, Castiel m'a remercié pour tout ce que j'avais fait pour lui et pour nos années d'amitié. Je n'avais pas compris à l'époque qu'il venait simplement de nous faire ses adieux.

Retrouvez-le,Charlie, vous seule le pouvez.

Promettez-moi seulement de ne pas entrer en contact avec lui s'il a trouvé la paix. Il la mérite, même sans nous.

Je vous demanderais juste de me tenir au courant. J'ai besoin de la vérité. Parce que tout comme Dean, je n'arrive pas à tourner la page. Ne pas savoir m'en empêche.

Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me contacter.

Gabriel. "


Debout, mains en appui sur le bureau, Dean relit le message pour la deuxième fois devant une Charlie qui n'ose piper mot. Spreight a mis moins d'une heure pour répondre à son mail.

Le visage du chasseur se ferme. Elle perçoit de la colère dans les mâchoires crispées et de la tristesse dans le vert émeraude. Le texte se reflète sur ses iris. Ces quelques mots qui viennent de tout faire basculer.

" Retrouve-le, Charlie ", dit-il, d'une voix atone en se redressant.

Elle ne répond pas, se contentant d'un hochement de tête. Elle prend une feuille sur la droite de son clavier et la tend à Dean.

" C'est la dernière adresse connue d'Harry Spengler ", changeant abruptement de sujet, sourire tendu. " Ainsi que l'adresse de son associé, Ed Zeddmore. Il y vit sous un nom d'emprunt, Hellsing... Ce qui n'est pas très futé étant donné la manie qu'ils ont de lier le nom de toutes leurs petites affaires ", en soulignant ces derniers mots de guillemets virtuels. "... au fantastique et surnaturel ", levant les yeux au plafond.

" Merci ", répond distraitement Dean en saisissant la note sans y porter la moindre attention.

Quand il sort de la pièce, Charlie se penche sur son clavier et répond à Spreight.

Moins de cinq minutes plus tard, elle craque ses doigts et défie son écran :

" À nous deux, Castiel Novak "

***

L'obscurité tombe et, avec elle, les silhouettes fantômes des sans-abris et des travailleurs de la nuit qui se mettent à errer sur les trottoirs. Les températures sont clémentes,le ciel serein. Ce soir, les refuges auront plus de places à offrir.Une sécurité précaire, un abri pour dormir quelques heures.

Mains poussant à un rythme régulier sur les roues de sa chaise, Clarence se fraye un chemin entre les putes et les junkies, n'accordant de regard ni aux uns ni aux autres. Il évite soigneusement les cartons sous lesquels ses compagnons d'infortune se terrent, serrant contre eux leurs maigres richesses ou leur bouteille de vin bon marché.

Certains seront chassés à coups de pied par des maquereaux ou des dealers peu enclins à les voir envahir leurs portions de bitume. D'autres seront déplacés par la police si celle-ci daigne s'arrêter dans ces quartiers oubliés de tous au lieu de tracer sa route.

Le chasseur et le soldat : Les invisiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant