Chapitre 5 : Le devoir de dessin

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PDV de Ace :

Je crois que je n'ai jamais autant apprécié dessiner quelqu'un, le fait de le voir comme ça, aussi tranquille, m'apaise. Je fais attention à chaque petits détails sur son visage, sa barbe de trois jours le long de sa mâchoire, les légères cernes sous ses yeux fatigué, ces sourcils arqués, ses cheveux blond qui forme un coupe bizarre. Je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant comme ça, je ne sais pas pourquoi ... 

Je soupire, légèrement fatigué, ça doit faire quoi une heure, peut être deux que je dessine. J'ai bien avancé je trouve, ce qui est sûr c'est que ce sera fini pour demain et que je ne me ferai pas engueuler par ma prof parce que je n'aurai pas rendu mon travail comme la dernière fois. Je frissonne rien que d'y penser ... c'est fou comment cette enseignante peut être flippante quand elle s'y met. Bon c'est pas que mais je dois terminer ce que j'ai commencé, il me reste le décor autour à faire, je commence à dessiner la table basse devant moi quand j'aperçu un petit tas de papier qui m'intrigue. Je pose mes affaires et attrape le paquet de feuilles. 

Curieux, je commence à lire ce qui ai écrit. C'est bien amené, je trouve l'histoire génial et je viens à peine de commencer que je suis déjà pris par cet univers unique. C'est bien la première fois de ma vie que j'aime lire quelque chose et que je n'arrive pas à m'en détacher, il faut que je vois ce qui arrive ensuite, il faut que je continue comme si c'était une drogue. Le style est fluide, les scènes ne sont ni trop longue ni trop courte et des images de certains passages commencent à germer dans mon esprit d'artiste. Je vois les personnages faire le actions et évoluer dans cet environnement complètement inventé. 

Peut-être que ça ferai un bon manga ? Ça fait longtemps que je n'avais pas repensé à ce rêve de gamin, à ce métier que je considère comme mon idéale. Mais cette histoire est tellement bien et belle que ça me redonne espoir. J'ai envie de dessiner ces personnages qui sont apparu dans ma tête pendant ma lecture, j'ai envie de voir ces moments coucher sur du papier sous forme d'illustration. J'ai envie que d'autres gens puissent découvrir et apprécier cette fiction comme je viens de le faire. 

Soudain quelqu'un m'arracha littéralement les pages que j'avais en mains, je relève la tête et croise le regard mi-déçu mi-furieux de Marco, j'avais presque oublié qu'il était là, par contre je ne comprend pas pourquoi il me fixe comme ça. Il posa délicatement le paquet de feuilles sur la table, ses yeux toujours planté dans les miens, il commence à me stresser. C'est la première fois que je le vois comme ça. 

- Marco c'est toi qui a écrit ça ? demandais-je timidement en pointant du doigt les papiers. 

- Je peux savoir ce qui t'as pris yoi ? dit-il d'une voix roque et fatiguée encore malade.

- Elles étaient sur la table alors je me suis dit que ...

- Je fouille dans tes affaires moi peut-être ! s'écria-t-il furieux. 

- Mais qu'est ce qui te prend ! C'est parce que j'ai lu c'est ça ? 

- Parce que t...

- Non ! criai-je pour lui couper la parole avant de reprendre sur un ton plus calme. C'est à moi de parler, je sais pas ce qui te prend mais tu écris vraiment bien et je me suis dit qu'on pouvait peut être unir nos deux talents pour faire un manga ... On ferai un bon duo tu crois pas ?  

Il me fixa, le regard toujours aussi noir, les sourcils froncés et le visage fermé. Je ne comprend pas pourquoi il réagi comme ça, ce ne sont que des écrits et de ce que j'ai pu en voir il n'y a rien de personnel ... Alors pourquoi j'ai l'impression d'avoir violé sa vie privée. En même temps c'est pas ma faute il n'avait pas à laisser les papiers là s'il ne voulait pas que je les lise. Je ressens un mélange de tristesse et de colère, parce que j'ai l'impression de l'avoir blessé mais en même temps il n'a pas à se mettre dans un état pareil pour si peu. 

- Fait ton manga tout seul si ça te chante, ce que j'écris n'a pas à être montré, d'ailleurs tu n'aurais jamais dû lire ça. 

- Mais pourquoi ! Tu as honte ou quoi ?  C'est idiot.

- Et les sentiments des autres tu y penses ou c'est idiot aussi ? 

- J'en ai juste marre de te voir faire une crise pour un truc aussi bête !

- Parce que tu crois que moi aussi j'en ai pas marre de t'entendre chialer tout les soirs !

Cette fois-ci, c'est à moi de lui lancer un regard furieux face à sa remarque, déçu, en colère. Après quelques minutes à se fixer,  je ne pu m'empêcher de répondre quelque chose que j'allais amèrement regretter par la suite ...

-  Puisque je te dérange je n'ai qu'a partir, comme ça tu seras enfin tranquille.

Je restais là en plantant mon regard dans celui de Marco. Je sens toutes sortes de sentiments m'envahir créant un chaos dans mon esprit, tous se mélange et s'entremêle faisant ressortir mes vieilles et récentes blessures. Ses yeux d'abord noir de colère commencèrent à s'adoucir pour faire place à l'incompréhension. Je recommence à manquer d'air à cause de mes sanglots, sentant les larmes monter petit à petit alors que je réalise seulement l'impact de mes paroles. J'essaie de résister du mieux que je peux mais je n'arrive plus à soutenir son regard plein d'interrogations. 

- Ace ...

Et voilà je pleure, je n'ai même pas réussi à me retenir, je suis misérable. C'est en me pinçant les lèvres pour essayer de calmer les larmes qui coulaient le long de mes joues rougies que je rassemblais mes affaires de dessin éparpiller dans le salon en silence sous les yeux incompréhensif de Marco. Après avoir récupéré tout mon matériel, je rejoins ma chambre en prenant soin d'ignorer mon colocataire qui répétait mon nom, visiblement inquiet. Sauf que c'est trop tard le mal est déjà fait.

Une fois entré dans ma chambre, je m'installe sur le lit en position assise, en enfouissant ma tête dans mes genoux. Il ne comprend pas et il ne comprendra jamais le problème qui me ronge depuis si longtemps, ces regards dégoûtés, ces messes basses quand je passe devant un groupe, tout ça, toute cette souffrance il ne l'a jamais connu et il ne la connaitra jamais parce qu'il est normal alors que moi je suis différent ... je suis bizarre.

Je pris mon carnet à croquis dans les mains et me mis à observer la dernière page rempli, celle où il était dessiné. Les larmes reprirent de plus belle et se mirent à couler d'elle-même alors que j'effleurais le visage crayonné de Marco. Le gorge serrée, je ramenais le cahier contre moi poitrine, en tremblant et suffoquant. Pourquoi il a fallut que ça finisse comme ça.


And Then He Loved Me {Marco x Ace}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant