Chelsea

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Le rendez-vous avec Monsieur Tibault est arrivé plutôt rapidement, trop rapidement pour Yoan. Il ne parvient pas à se sentir prés, ressassant encore et encore toutes les raisons pour lesquelles la rencontre pourrait mal tourner.

Le rendez-vous est au milieu d'une rue, dans un petit lotissement en banlieue de Lyon.

Quelques secondes après leur arrivée, ils sont abordés par un homme. Grand, mince, la capuche rabattue son visage empêche de déterminer son âge. Tout de suite, Yoan est sur ses gardes. Mais l'homme possède une montre rouge à la main droite – le signal qu'ils avaient convenu. Il tend dans leur direction un étrange appareil qui émet soudain un bruit stridant en s'approchant de Tami. James se tend quand l'homme s'approche de sa sœur. Il lui faut tout son sang-froid pour se retenir de frapper cet inconnu.

Celui-ci marmonne comme seule explication :

« Puce GPS. »

Puis il tend d'un geste un peu brusque un rouleau de papier aluminium.

La louve l'enroule à l'endroit qu'il lui a désigné, autour de son bras, quelque peu étonnée. Mais l'existence de cette puce dans son bras explique pas mal de chose. Il est clair qu'on la lui a posée au cours de son enlèvement. C'est sûrement grâce à celle-ci, qu'ils ont su qu'elle s'était rendue au laboratoire de leur père, et enfin, qu'ils ont pu envoyer 3 hommes les intercepter. Elle a beau savoir que ce n'est pas sa faute, elle ressent tout de même une pointe de culpabilité à cette idée.

L'homme ne perd pas de temps, il les emmène rapidement dans un parc vide, plus discret, à l'abri des regards et des oreilles indiscrète. L'absence d'arbre ou de bâtiment permet de voir arriver de loin toute personne susceptible de surprendre leur conversation.

M. Tibault enlève enfin sa capuche. Il ne regarde aucun des sextuplés dans les yeux et ses mains ne cessent de remuer le bas de son pull, témoignant de sa nervosité.

Aucun des frères et sœurs ne sait comment démarrer la conversation. Yoan n'ose pas formuler les questions qu'il brûle de poser. Il commence à se demander si cette entrevue n'était pas une mauvaise idée. Il n'est pas certain d'apprécier tout ce qu'il va entendre.

C'est M. Tibault qui prend la parole – sûrement pressé d'en finir :

« Qu'est-ce que vous voulez savoir ? »

La question est posée d'un ton abrupte, presque sec, tandis que les mains de l'homme triturent ses habits avec encore plus d'acharnement. Il reprend :

« Je vous ai dit que je répondrais à vos questions, mais je ne veux être mêlé à rien d'autre. Quoi que vous décidiez de faire par la suite, il est hors de question que mon nom y soit mêlé d'une quelconque façon. »

Cheslea se retient d'exprimer haut et fort son avis. La lâcheté de cet homme la révolte. Autrefois, il a voulu se battre contre un laboratoire inhumain pratiquant des expériences sur des nouveau-nés. Mais des années sont passées, il a oublié, et son courage s'est étiolé. Maintenant, il se tient devant elle, paralysé par la peur. Il se donne sûrement bonne conscience en se disant que les expériences ont pris fin, que tout est terminé. Mais il ne s'imagine pas que pour elle, ça ne finira jamais. Que toute sa vie, elle devra subir ce corps modifié, malade, monstrueux. Jusqu'à ce qu'un jour, elle en meurt.

Yoan doit sentir que sa sœur s'enferme dans de sombres pensées puisqu'il pose une main réconfortante sur son bras. Lui non plus n'apprécie pas M. Tibault, mais ils n'ont pas le choix.

« Très bien. Vous ne serez mêlé à rien. Mais parlez nous de ce laboratoire, c'est pour ça que nous sommes ici. »

L'homme hoche la tête avant de se lancer dans son récit.

StrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant