→ 21. Dans le blanc

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[Je le mets ici parce que plus loin ce sera trop tard et qu'il est peut-être mieux que vous soyez informés, je ne connais pas votre degré de sensibilité. Donc /!\ attention /!\ la scène suivante est un peu violente (je suis une enfant sensible, je préfère l'annoncer si des personnes sont dans le même cas). Désolée de vous spoiler. Tacha']

Jungkook ne voyait plus rien, il avançait à l'aveugle depuis des heures déjà et cela sur une terre dont il ne connaissait pas le nom, dont il n'avait aucune idée de la localisation. Il avait depuis longtemps oublié pourquoi il était ici, à se vautrer dans la boue, dans la terre, sous des pluies battantes depuis des jours déjà. Des mois. En mer on ne faisait parfois plus la différence entre l'eau jaillissante, celle qui venait parfois s'écraser le pont, lourde comme le plomb liquide, et celle qui venait du ciel. Seul le sel, se détachant de vos lèvres quand la pluie tombait, venait vous informer que cette eau là, elle rendrait les heures à venir terribles.

Mais au moins c'était sur la mer. Si Jungkook avait horreur d'une chose c'était bien la boue. Il se revoyait enfant, misérable, lapant l'eau des flaques après que du ciel elle soit tombée. Il n'y comprenait rien alors, pensait que c'était la seule eau qu'il pourrait trouver, ses bras trop fins pour puiser celle que les femmes les matins versaient dans des seaux. Parfois en y repensant il se demandait bien comment un enfant aussi ignare que lui avait réussi à survivre. Il n'avait jamais eu de modèle que les inconnus qu'il croisait dans la rue, que ce soit pour parler ou pour agir, faire des choses simples comme boire et manger.

« Dormez ». Jungkook dormait, à même le sol, toujours en alerte. « Mangez ». Jungkook creusait le sol, à la recherche de quelque chose, une racine même, qui viendrait pimenter la soupe qui n'était que bouillon de légumes, quelque chose qu'il pourrait mâcher. « Buvez ». Alors Jungkook se baissait et formant une petite coupelle de ses mains, il aspirait délicatement l'eau qu'il avait essayé de saisir la plus claire possible, pour ne pas se souvenir... C'était pareil ici, il copiait, il agissait pour survivre, sans penser, sans croire en rien, en oubliant même ce qu'il faisait là. Et tout ça pourquoi ? Pour quelques mois en mer. Il aurait du se faire pêcheur... Mais il avait espéré voir le monde, voir autre chose. Sauf que dans ces moments là il ne voyait rien, parce qu'il ne regardait pas, fixant la nuque devant la sienne afin de continuer à avancer sans perdre son régiment.

Jungkook il n'était bien que sur les eaux. Là il savait ramer quand il fallait, tendre des voiles à la perfection, nouer les cordes dont certaines étaient plus épaisses que son poignet. Sur terre il redevenait lourd, son corps ne dansait plus, il était un incapable de plus.

Il n'y voyait rien parce que du brouillard était tombé. Il portait une arme Jungkook, mais il ne l'avait jamais utilisée que pour strier le vide. Il n'y avait personne ici. Les campagnes étaient désertes et les villes en flammes : les gens se cachaient. Jungkook aurait aimé les voir, leur parler, mais ils étaient des ennemis, ils ne croyaient pas aux même choses et ils avaient commencé.

Pourtant dans le brouillard de ce soir, il aperçut une silhouette, qu'il crut rêver. Un homme devant cria. La file s'arrêta. Personne ne parlait. Personne ne savait ce qu'il se passait. L'homme qui avait crié se fit poignarder par une arme qui, l'espace d'un instant déchira le rideau blanc qui gardait les soldats sur le chemin. Ce fut bien trop rapide, l'instant d'après fut chaotique.

La brume se mit à bouger, en sortirent des gens armés. Ils disparaissaient parfois, se cachant dans les bras de cette eau évaporée. Jungkook se roula en boule et ferma les yeux en se mettant à sangloter. Il ne verrait plus jamais la mer. Il n'atteindrait plus jamais l'autre coté. Y avait-il quelqu'un qui l'attendait ? Y avait-il quelqu'un qui le pleurerait ?

Un genou heurta son visage et il fut arraché au sol, se débattit comme il put mais lui, contrairement à son adversaire, n'y voyait rien, et ne savait pas où regarder. Il ne pouvait se cacher que dans la cape lourde qui recouvrait son uniforme rouge et bleu terreux. Il se mordit la langue, il avait l'impression de ne pas savoir ce qu'il faisait. Il ne s'était jamais battu sur terre, il n'avait que boxé sur les ponts astiqués. Dans la pagaille il ne parvenait pas à mettre la main sur l'arme qui devait pourtant pendre à sa ceinture. Il ne voyait rien, plus rien à présent parce que les larmes dans ses yeux venaient s'ajouter à ce voile étouffant. Ah non, ce qui l'étouffait c'était la main autour de son coup. Pas la sienne, celle qu'il essayait vainement de desserrer. Un voile passa peut-être devant ses yeux quand l'air commença à vraiment lui manquer, mais il ne voyait déjà plus rien avant. Il avait chaud, il avait l'impression que son corps dégoulinait. On le lâcha, il tomba. Rapidement il prit une inspiration : ses narines se remplirent de sang, sa bouche aussi. Il s'étouffa. Sa tête bourdonnait, sa langue pendait hors de sa bouche, baignant dans son visage couvert de sang. Il mit la main à sa ceinture. La lame venait de lui lacérer la jambe : il était tombé dessus. N'arrivant pas à se relever, il tira tout de même dessus, ouvrant encore plus sa cuisse protégée par un simple tissus au passage. Il gémit quand au début la lame grinça sur les pavés, coincée sous lui. Il hurla quand elle tailla dans la chair de sa jambe gauche. Il perdit connaissance l'instant suivant, ses yeux roulant vers l'arrière, le sang remontant dans son nez.


***

Hey ! Vous n'êtes pas hyper nombreux ici en ce moment, mais je vous annonce quand même que d'ici un ou deux chapitres nous quitterons la partie centrale. Peut-être est-ce que je ferai une pause après celle-ci ? J'ai d'autres projets auxquels j'aimerai me consacrer, et les cours aussi... Mais pas longtemps, après je reviendrai. Et puis rien n'est sur, j'aime beaucoup cette histoire et ce qu'elle devient, en espérant que vous aussi ^^

Tacha' qui s'en veut d'avoir maltraité son petit kookie


Pigments [KookV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant