Elle-Rhyne est une espèce d'ange extrêmement rare. Le Conseil Céleste ne peut la laisser en liberté, alors ils lui retirent la seule chose qui lui permet d'utiliser ses dons et l'envoie à l'Académie des Anges pour être certains de garder un œil sur...
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Une étincelle peut mettre le feu à la raison
Entrer en contact avec un être aussi influent qu'Ebose, le dirigeant du Conseil Céleste et Ô Grand Archange n'est pas chose aisée. Pour pouvoir attirer son attention, il fallait voir grand, même très grand. Alors après avoir réfléchi pendant quelques secondes très précieuses, j'avais finalement pris ma décision : celle de brûler la bibliothèque, en pleine nuit.
Et alors que mes flammes mangeaient la pièce sous les yeux, j'étais tranquillement debout au milieu de ce chaos, appréciant la douce chaleur de la magie qui fait chanter mes sens. J'inspire profondément cette odeur de brûlé et de désastre, avec un petit sourire satisfait sur le visage.
Bien sûr, j'avais préalablement fait un petit test dans la chambre d'Osh. En faisant appel à la magie, j'ai fait brûler sa salle de bain sur commande, et ai ravalé mes flammes d'une pensée. J'espère juste pouvoir faire de même avoir la bibliothèque, il serait dommage que les flammes avalent tout le premier étage avec les salles de cours.
En parlant de salles de cours, elles sont désormais toutes vides puisque le bruit de flammes qui flambent, et des fenêtres qui explosent a fait fuir tout le monde. Le bâtiment a été évacué et les élèves, tout comme les instituteurs, se trouvent dans les jardins près d'un point de rassemblement.
J'ai trouvé ça un peu comique de voir les gardes essayer de pénétrer dans la bibliothèque pour m'arrêter, mais en voyant ma mine furieuse avec tous les artifices : cheveux enflammés, yeux brillants de rage et peau maculée de poussière d'ange, ils ont vite fait demi-tour. Heureusement, la bibliothèque est fermée depuis l'attaque de Siu. Au cas contraire, j'aurais été obligée de faire fuir, en plus des gardes, ces fichus érudits. Mais ils sont pour la plupart, des trouillards.
— Bordel de merde, qu'est-ce que tu fabriques ?
Oups. Je me tourne vers un Barinthus rouge de colère. Je ne sais pas ce qui me choque le plus. Qu'il ait juré, ou qu'il soit aussi rouge que la culotte que je porte actuellement.
J'ai fait mon choix. — Tu as dis des insultes ? Je m'exclame.
— Éteins-moi ce feu tout de suite jeune fille. Tu vas avoir des gros ennuis.
— C'est exactement ce que je recherche.
L'expression qu'il affiche, vaut le détour. Le bras ballants autour de lui, les yeux écarquillés, il ouvre et ferme la bouche comme s'il cherchait ses mots avant d'agiter ses bras dans tous les sens comme un moustique très énervé. Un gros moustique énervé. Et avec sûrement de l'arthrite.
— Es-tu devenue complètement folle ?
— Oui. Folle de rage.
En réalité, c'est extrêmement jouissif de sentir mes pouvoirs parcourir mes veines. C'est comme si mon corps était un cour d'eau, et qu'il était parcouru de petits poissons fébriles qui se bousculent frénétiquement. Mes sens sont en éveil, et je ne me suis jamais sentie aussi puissante que maintenant. Ce feu, ces flammes qui grandissent et qui envahissent la pièce m'appartiennent. Elles sont miennes, et dépendent entièrement de ma volonté.
Mes flammes d'archidemon. Celles qui m'ont valu d'être considérée comme un monstre.
— Ils s'en sont pris à Osh, Barinthus. Il l'utilise contre moi, et je ne peux pas le tolérer.
Il tente de faire un pas dans la pièce, mais mes flammes lui barrent la route. Prudemment, il recule en levant les ailes pour éviter qu'elles ne touchent mon feu.
— Mettre le feu à l'académie ne le sauvera pas Rhyne, tu ne vas qu'empirer les choses.
— Les choses ne peuvent pas être pire. J'ai l'impression d'être dans une cage, d'être réduite à rester ici pour l'éternité. Il faut que je provoque le destin, je ne peux plus continuer de subir en baissant les bras, j'hurle.
— Tu fais exactement ce qu'ils attendent ! Tu entres dans leur jeu, tu t'abaisses à leur niveau. Rhyne, je t'en supplie ravale tes flammes, nous pouvons encore nous en sortir.
Je serre les dents pour m'empêcher de pleurer. Barinthus ne comprend vraiment rien à rien, peu importe tout le temps que nous avons passé ensemble, il me voit toujours comme une chose à protéger et non à aider à évoluer.
— Je n'en peux plus, dis-je les larmes coulant sur mes joues. Je ne peux plus supporter tout ça, tout cet acharnement, tous ces non-dits. Treize ans Barinthus. Ça fais treize ans que je suis enfermée ici, à voir les autres anges aller de l'avant, voler vers l'avenir tandis que moi... ( je me montre du doigt ) moi, je suis toujours là. Je suis fatiguée Barinthus. Fatiguée de toute cette mascarade. Et maintenant que j'ai Knox... maintenant qu'il fait parti de ma vie, je ne veux plus continuer à être. Je veux vivre.
— Ne laisse pas tout tomber pour un homme.
Il fait une pause.
— Ta relation avec Knox ne compte pas.
Il marque une pause, lorsque mon regard glacial le foudroie.
— Rhyne, Knox est un ange noir. Il finira soit déchu, ou dans le meilleur des cas, au paradis. Même si ça m'étonnerait. Mais toi... on ne sait pas ce que tu vas devenir. Tu ne peux pas t'abandonner à lui alors que l'avenir est si incertain.
Mais c'est trop tard. Je suis déjà sienne.
— Même si nous finissions séparés, et que je me retrouve dans l'avenir sans lui, je ne regretterais rien. C'est la première fois que quelqu'un me fait me sentir aussi... unique. En quelques mois avec Knox, j'ai appris plus de choses qu'après toutes ces années ici.
— Mais ce que tu ressens pour lui est...
Je le coupe.
— Ce que je ressens pour lui est.... indescriptible. C'est comme trouver la seule chose que tu ne pensais même pas chercher. Une connexion à une autre personne qui est si puissante qu'elle laisse une marque sur ton âme. Même si le destin vous sépare, ça mérite toutes les peines de cœur qui pourraient suivre.
Son regard s'adoucit que je me rends compte de la véracité de mes propos. Knox a pris une très grande importance dans ma vie, et même si nous sommes prédestinés à nous séparer, je lui en serai toujours reconnaissant.
Un vent chargé de puissance provenant de la fenêtre envoie une bourrasque d'air à l'intérieur de la pièce. Mais aussi puissant est-il, il n'arrive pas à amoindrir mes flammes. Au contraire, d'une pensée je les fais flamboyer davantage. Les pieds bien encrés dans le sol, j'observe Niels, Le Messager voler au-dessus de la fenêtre, ses deux ailes puissantes et argentées se gonflent sous le poids de l'air qu'il envoyait dans ma direction pour me faire perdre l'équilibre.
— Elle-Rhyne. Vous êtes convoquée au Conseil Céleste. Sur le champ.
