4 Octobre

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Mon réveil sonna aux alentours de huit heures et c'est en lâchant un grognement que je vins rouler sur moi-même afin de récupérer l'objet de ma torture. J'aurais aimé dormir plus longtemps un samedi matin. Profiter d'une grasse matinée méritée. Cependant, j'ai promis à Émie de l'emmener chaque week-end à son cours de danse que cela me convienne ou non. Disons que le sommeil est tout de même plus attirant qu'un cours de danse. D'autant plus que ma source principale de motivation - soit Alex - ne vient plus. Je ne restais là-bas que pour l'admirer et profiter de son don musical. Je suis sûr qu'il aurait pu faire carrière dans la musique s'il l'avait souhaité. Quoi que... mon avis n'est pas objectif étant donné que je me suis entiché de lui.

Je pousse un soupir et fronce les sourcils en papillonnant des yeux. Je sens que la journée sera ardue. Récupérer la boule de nerfs qu'est ma petite sœur ne représente pas une tache complexe, en soi, mais supporter l'interrogatoire musclé de ma mère relève du calvaire. Je chasse les draps d'un coup de pied et me redresse, m'assurant quelques minutes sur le bord du lit pour que ma vision se stabilise. Je baille, me frotte les paupières et décide d'enfin me lever.

J'ouvre les volets et plisse les yeux face à la soudaine clarté qui m'aveugle. Je me dirige vers l'armoire et fouille dedans avec lenteur à la recherche de quelque chose susceptible d'attirer mon attention. Je déniche un jean déchiré d'un beau noir ainsi qu'un pull beige et récupère un caleçon avant de filer sous la douche.

Une fois propre, je m'autorise à petit déjeuner, ce que je ne fais que très rarement en fin de semaine. Je me prive généralement d'un repas pour pouvoir me réveiller tardivement. Je dépose mon bol de lait froid devant moi, quelques tartines grillées et de la confiture. Dans un silence de mort, je déguste mon repas en contemplant le fond de ma vaisselle, l'esprit ailleurs. Aucune pensée ne s'y infiltre, je suis comme dans un état second tant que je n'aurais pas ingéré de quoi me requinquer.

Lorsque les nutriments nécessaires à mon organisme remettent du jus à l'intérieur de mon corps, je débarrasse le tout, fais la vaisselle et fourre mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. J'attrape une écharpe d'un noir d'encre, la passe autour de mon cou et décide de faire l'impasse sur la veste. Après tout, l'après-midi se réchauffera et je suis déjà en pull, autant ne pas augmenter mes chances de suer.

Le froid glacial du matin m'arrache un frisson lorsque je sors de l'appartement. Je souffle dans mes mains et m'empresse de faire le chemin à pied. Heureusement que je loge pas loin de mes parents - quinze à vingt minutes, tout au plus - parce que je n'aurais pas apprécié devoir prendre le bus tous les samedis matin pour me retrouver coincé dans les bouchons.

Un autre élément dans cette nouvelle vie me paraît étrange : je ne suis plus à cinq minutes de chez Nathan. Dorénavant, je dois marcher plus longuement. Je ne risque pas de le voir débarquer à n'importe quelle heure et je suis bien trop feignant pour faire de même. Ce soudain éloignement va-t-il avoir un impact sur notre relation ? Comptant, en plus, que je ne le verrais que très rarement - ainsi que Clément - puisqu'il s'enferme dans sa chambre pour bosser sa première année de PACES ?

On sent que l'automne arrive. Les feuilles prennent de belles couleurs orangées, elles sont encore à la bonne période : celle où l'on peut prendre une photo en étant sûr que les couleurs rendront bien sur le cliché. Une fois que le froid aura raison de leur vitalité, elles flétriront et tomberont sur le sol, inertes et craquelantes. Les arbres se verront dépouillés de leurs attributs, nus pour l'hiver.

La rue que je prenais habituellement se dessine devant moi et j'allonge le pas. C'est étrange de me dire que cet endroit n'est plus mon lieu de résidence, que je vis désormais dans une autre demeure alors que ma famille n'est qu'à quelques mètres. Les vibrations de mon smartphone me font le tirer de ma poche arrière et je contemple les textos avec une expression lasse.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant