1er Octobre

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Je dépose le dernier carton dans la pièce principale de cet appartement aux murs épurés et me fais craquer le dos en essuyant les perles de sueur qui s'amoncellent sur mon front. Le parquet qui était propre est maintenant jonché de poussières et de traces de chaussures dues à nos allers-retours incessants entre la voiture et l'appartement. Je vais devoir l'astiquer entièrement avant de vouloir me poser. Je ne sais combien de fois le véhicule de mes parents a fait la navette entre notre maison et mon nouveau chez moi, mais je suis ravi que cela soit terminé. Tous les cartons et les meubles de mon ancienne chambre sont dorénavant ici, chez moi.

Dans mon appartement.

Pour ce jour, Alex m'a aidé ainsi que sa sœur, Lily, et les garçons ont écourté leur révision pour nous donner un coup de main. A sept (je ne compte pas Émie, malgré qu'elle nous ait été à rapporter les objets les plus légers), nous avons fait cela très vite et je suis content, parce que je n'avais pas envie d'y passer la journée.

Nathan a finalement avoué la supercherie à son meilleur ami, quelques jours après la rentrée. Il lui a expliqué que cela ne servirait à rien qu'il aille à Paris pour la première année étant donné qu'il resterait enfermé dans sa chambre pour réviser. Ils se sont donc organisés : passant une semaine sur deux chez l'autre. En travaillant ensemble, ils sont sûrs de se motiver l'un l'autre et de maximiser leurs chances de réussite. Je me rend compte qu'ils ne sont pas prêts à se séparer puisqu'ils ont passé l'intégralité de leur vie ensemble. Et ils doivent en avoir conscience. Je suppose que l'année prochaine, lorsque Nathan partira pour Paris, ce changement de proximité leur fera tout drôle. Ils passeront d'un quotidien presque trop l'un sur l'autre à quelque chose de très distanciel. Je me demande s'ils vont le supporter. D'ailleurs, on dirait qu'il n'y a plus de tensions entre eux. Je ne sais pas s'ils ont finalement réglé leur problème. En tout cas, le châtain ne m'a toujours rien dit concernant la suite de leur baiser et ils ne semblent pas plus proches que d'habitude. Tout du moins, pas de façon romantique. Néanmoins, je ne suis pas une petite souris, j'ignore donc ce qui se trame lorsque mes yeux ne traînent pas.

Quant à Sissy, elle nous envoie régulièrement des photos sur notre conversation de groupe pour nous partager sa vie hollywoodienne. Ses cours semblent se passer à la perfection et elle envisage déjà de passer quelques castings amateurs afin de se lancer dans l'art du cinéma. En revenant aux États-Unis, elle a retrouvé ses anciennes amies avec qui elle passe beaucoup de temps, mais nous avons eu la surprise d'apprendre qu'elle reviendrait pendant les vacances pour nous faire coucou. J'avoue ne pas m'être attendue à grand chose de sa part, mais une fois de plus, je l'ai mal jugé. D'autant plus que nous conversons plus souvent qu'avant. Je ne dirais pas qu'elle est devenue ma confidente - je ne me confie à personne sauf peut-être à ma psychologue et parfois à Alex -, mais j'apprécie de discuter avec elle.

— Pffff, soupire ma mère en s'éventant le visage de sa main. On a tout ramené !

Avec Henry, nous avons négocié durant de longs jours pour que ma génitrice accepte le deal : je pouvais emménager seul à condition que je revienne quelques week-ends à la maison. Je crois que cette forme de bataille nous a rapprochés, mon beau-père et moi. Je ne dis pas que nous sommes les meilleurs amis du monde, mais depuis ma séance en août, je freine mon animosité et j'apprends à le connaître et à l'apprécier. Ma mère a finalement cédé même si cela ne lui fait pas plaisir, mais je lui ai fais comprendre que ce n'était plus possible ainsi. Je pense que si Henry n'aurait pas insisté, nous n'en serions sûrement pas ici aujourd'hui.

Concernant la situation d'Alex, il se fait loger chez Fred qui a bien voulu l'héberger le temps que cela s'améliore, mais la réalité est que le beau brun n'a pas les moyens de prendre un appartement tout seul en plein centre de Tours. Il n'en parle pas, mais je sais que tout cela le mine et l'inquiète. Parfois, il a des cernes si énormes que je ne peux m'empêcher de me demander s'il dort bien. La réponse est évidente, mais Alex prend toujours soin de me faire croire le contraire avec son adorable sourire et sa façon de tourner n'importe quelle situation en quelque chose de positif. Et j'ai bien compris qu'il ne voulait pas m'embêter avec ses problèmes malgré mon insistance. L'espace d'une semaine, avant que je ne m'installe dans cet appartement, la pensée de partager mon domicile avec mon petit ami m'a effleuré l'esprit. Sauf que je ne suis pas dans le monde des bisounours et que la réalité est plutôt cruelle. Mes parents n'auraient jamais accepté. Ils se seraient inquiétés que je ne me concentre pas assez sur mes études et nous nous serions disputés, incapable de se comprendre. Je compte tout de même l'inviter régulièrement, mais nous ne pourrons vivre ensemble. L'argument premier qu'aurait opposé ma mère aurait été celui-ci : cela ne fait pas si longtemps que vous êtes ensemble et vous êtes encore jeune, ça peut prendre fin n'importe quoi. Ce qui n'aurait fait que m'énerver.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant