25 Octobre

1.4K 89 224
                                    

Assis sur le bord de mon lit, je balaye les cheveux d'Alex qui dort à poing fermé. Après les déclarations d'hier, nous nous sommes couchés épuisés et j'ai totalement oublié de me réveiller. J'ai dû prévenir en urgence - soit, trop tard - ma faculté en prétextant être tombé malade. On s'est quitté dans l'aprem pour se retrouver le soir. Puis ce matin, j'ai annulé la danse avec Émie parce qu'Alex toussait et avait une légère fièvre. J'en ai profité pour acheter des médicaments et je suis venu me faire pardonner ce midi, chez mes parents pour déjeuner, avec Alex, mais il y avait une légère tension. Ma mère m'a regardé avec un air réprobateur, l'air de dire « Il t'a fait pleurer, mais tu te remet avec ? ». Elle n'a pas été très ouverte avec lui et ma petite sœur en a rajouté une couche en spécifiant qu'elle ne ferait pas de bisou à celui qui « a fait bobo au cœur de mon frère ! ». Autant dire qu'il ne se sentait déjà pas bien, cela n'a fait que l'enfoncer davantage.



Je lui caresse le dos, l'enlaçant comme je le peux dans cette position. Les larmes me montent aux yeux, la douleur d'Alex devient la mienne. C'est insoutenable. Je n'aurais jamais cru le voir fondre en larmes comme ça. Moi qui voulait l'accuser de m'avoir trompé avec un autre homme... Oui, enfin, non ! Il ne faut pas que tu te laisses attendrir Aïdan ! me souffle une petite voix révoltée. Toi aussi tu as le droit à des explications. Pour le moment, tout du moins, je vais me concentrer sur ses problèmes. Je chatouille son cou et pose un baiser sur le sommet de son crâne en attendant qu'il se calme. Il y a mieux comme "après-baise".

Il s'écarte en s'essuyant les yeux, cherchant déjà à remettre le masque qu'il a affiché durant deux mois. Je fronce les sourcils et lui attrape les poignets avant de le forcer à me regarder.

— Alex, s'il te plaît.

Il soupire, sa lèvre tremblote et il se cale contre le mur avant d'ouvrir les bras. Je comprends qu'il a besoin d'un ancrage auquel se rattacher durant ses confidences et je m'y glisse rapidement, humant son odeur qui m'avait tant manqué. Celle qui me signifie qu'il est rentré à la maison. Enfin.

Je le laisse jouer avec mes cheveux, caresser mon dos, parce que je sais qu'il rassemble ses forces pour ne pas pleurer, pour ne pas me montrer une autre de ses faiblesses. Mais est-ce une faiblesse que d'apparaître humain ?

— Mes parents...

Sa gorge se noue et il se reprend à plusieurs fois avant d'aligner plus de deux mots. Mon estomac se tord à l'idée qu'il lui ait fait du mal physiquement, mais je tente de me calmer. Je n'ai jamais vu une seule trace de coups. Depuis le dérapage de son père, je vis dans la peur de le voir débarquer avec d'autres blessures.

— Mes parents... déménagent. Ils déménagent Aïdan. Ils partent avec Lily...

Je me redresse et essuie les larmes qui coulent sur ses joues. Sa peine bouscule la mienne et je sais que je pourrais le rejoindre si je ne me maîtrisais pas.

— Depuis quand tu le sais... ? je souffle, ayant peur de briser l'instant.

Je ne pensais pas que leur déménagement le mettrait dans cet état puisqu'ils ne se parlent quasiment pas, mais il faut croire que l'amour qu'il leur porte est plus fort que la haine. J'embrasse ses joues pour lui signifier que je suis là et souris légèrement en sentant ses bras se serrer avec plus d'ardeur dans mon dos. Il plonge son nez dans mon cou, tachant de réguler sa respiration.

— Mi-septembre..., dit-il d'une voix étranglée.

Je hoche la tête et attends en silence qu'il se confie parce qu'aucun de mes mots ne pourra apaiser son chagrin.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant