21 Octobre

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Assis autour d'une table, je fais tournoyer la paille dans le smoothie que j'ai commandé au bar. Vicky et Pierre se sont mis en tête de « redorer » ma journée. J'ai ri jaune, sauf qu'ils étaient sérieux. Ils n'ont pas cherché à savoir le fondement de ma mauvaise humeur, ce qui m'étonne grandement venant de la jeune fille. J'ai rapidement compris que leur but ultime était de m'arracher ne serait-ce qu'un sourire pour me détourner de mes pensées, mais c'est tout simplement étouffant. Quand je n'avais pas l'un sur le dos, l'autre rappliquait aussitôt. Je les ai donc laissé me traîner jusqu'au bar du coin, incapable de les arrêter. Parce que j'ai eu beau me montrer le plus vache possible, ils ont continué à me coller aux baskets toute la journée. Un calvaire.

— ... après, ça dépend vraiment de ce que tu veux faire, dit Pierre à Vicky. En fonction de ce que tu souhaites réaliser, tu ne prends pas les mêmes bases.

— Ok, peut-être, mais imagine juste ! insiste-t-elle.

Ils ont rapidement compris qu'il serait compliqué de m'arracher des mots autres que des grognements agacés ou des répliques acerbes. Aussi entretiennent-ils la conversation depuis une bonne demi-heure, m'empêchant de rentrer chez moi. D'un côté, j'aimerais les envoyer paître et leur dire qu'ils m'insupportent, mais d'un autre, je dois reconnaître que leur présence est sûrement plus utile à mon esprit que le silence de mon appartement.

Parce que quand je suis chez moi, il y a toujours un moment où mon esprit s'égare et sélectionne une image d'un souvenir ayant eu lieu là-bas, puis je finis par me morfondre sur ce que je n'ai plus. Qu'ai-je fait de mal pour qu'Alex me rejette ? Pourquoi ne me parle-t-il pas ? Ne nous l'étions-nous pas promis ?

Mais oui ! je songe en me redressant, attirant les regards curieux de mes camarades qui ne cessent pas pour autant leur conversation. Je récupère mon smartphone et reste suspendu au-dessus du clavier tactile. Je ne me sentais pas légitime de lui envoyer quoi que ce soit parce que son esclandre de vendredi a été très clair. Aussi clair que son « Rompons ! ». Cependant, on s'est juré de mettre les choses à plat si l'on se disputait. Il me l'avait promis. Et je lui ai également promis de le faire retomber amoureux si ce n'était plus le cas. Non pas que nous soyons dans cette situation - enfin, je l'espère - mais je dois simplement lui montrer que je suis là.





📩 De Aïdan :
Alex... Je sais que tu ne veux plus me voir, ça a été assez clair, mais on s'était promis de parler. S'il te plaît, peut-on se voir ?






Les doigts tremblants, j'hésite à rajouter quelque chose. Puis je me rends compte que je n'ai plus le temps d'hésiter. S'il existe le mince espoir que notre relation persiste, je me dois d'être honnête, même si mon cœur en prend un coup.



📩 De Aïdan :
Tu me manques... ❤️



— Aïdan ?

Je relève la tête et verrouille mon smartphone, mes iris verdâtres se fondant dans ceux de Pierre. Il sourit doucement et pousse le smoothie dans ma direction.

— Si tu le bois pas, je le bois.

À l'ordinaire, j'aurais sûrement répliqué que c'est ma nourriture, que je l'ai payé de ma poche et que je ne permettrais pas ce genre de chose, mais je suis bien loin de tout cela en ce moment. Pour toute réponse, je hausse les épaules. Je vois le visage du garçon perdre de sa brillance avant qu'il n'échange un regard avec Vicky. Je râle de les voir aussi précautionneux et lève les yeux au ciel.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant