6 Octobre

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Les yeux injectés de sang, je sors du cours de modélisation. J'adore ma nouvelle formation ainsi que tous les cours qui y sont proposés même si je dois avouer que certains me semblent soporifiques. Le problème, c'est qu'une majorité de nos leçons se déroulent sur un écran et même si je joue régulièrement aux jeux vidéo pour me détendre, je sens que mes prunelles commencent à fatiguer de tous ces écrans. Je baille à m'en décrocher la mâchoire et me frotte les tempes avant de fureter à droite et à gauche à la recherche d'un distributeur. J'ai la gorge sèche et puisque je ne rentre pas tout de suite chez moi - rendez-vous psychologique oblige -, j'aimerais me désaltérer.

- Mini-Aïdan ! s'écrit une voix dans mon dos.

Je grommelle et me tourne vers Pierre, un regard noir lancé dans sa direction. S'il continue de souligner ma taille, je vais finir par le bâillonner. Tout sourire, il trottine jusqu'à moi et vient ébouriffer mes cheveux en guise de bonjour. Je passe une mains dans ma chevelure afin de la réorganiser et lève les yeux au ciel. Pourquoi les gens ont besoin d'être aussi tactile ? Est-ce que je fais un câlin à chaque personne que je rencontre ? Non, je le laisse respirer, je lui permet d'avoir un espace personnel.

— Je ne suis pas petit.

Il me sourit malicieusement avant d'engager la conversation, ma remarque lui passant au-dessus de la tête.

— Alors ? Tu t'intègres bien ?

Je hausse les épaules en guise de réponse. Intégrer est un bien grand mot. Je n'ai jamais fait partis d'un groupe important. Même lorsque nous étions au lycée, je n'ai fais que suivre Nathan et Clément, ce pourquoi je traînais avec Sissy, Emilie et Lukas. Etant donné que je ne suis pas très social, cela ne m'étonne pas de ne pas m'être fait une ribambelle d'amis dès mon premier jour. Vicky me colle et je suppose que nous serons amis toute l'année. Sa seule présence me suffit, elle est trop encombrante pour que l'on rajoute quelqu'un. Si j'avais deux pipelettes comme elle, je crois que je deviendrais fou.

— Tu sais où sont les distributeurs ?

— Pourquoi ? T'as faim ?

— Soif.

— Viens !

Il me fait un signe de la main et m'entraîne dans un couloir du rez-de-chaussée où, posé contre un mur, se trouve deux machines prêtes à remplir les estomacs les plus désespérés.

— Je crois qu'il devrait fournir un plan de l'établissement, mentionne Pierre en insérant une pièce dans le distributeur. Quand j'étais en première année, je me perdais tout le temps.

Je souris doucement, observant ses doigts appuyer sur les numéros. Le ressort qui retient une bouteille d'Evian se défait lentement.

— Remarque, après tu finiras bien par connaître toutes les salles.

Il se baisse pour ramasser sa boisson et je plonge ma main dans ma poche, à la recherche de quelques pièces. Lorsqu'il se relève, je sors l'argent et m'apprête à sélectionner de quoi étancher ma soif quand il me tend la bouteille. Perplexe, je le regarde comme si je ne comprenais pas son geste.

— Prend la. Tu as soif, non ?

— Euh... ouais, mais pourquoi t'as payé ? je demande, confus.

Je n'ose pas prendre sa bouteille même si l'envie de profiter de cette boisson gratuite grandit en moi. Il faut dire qu'entre dépenser mon argent et se faire offrir ledit objet, je saute aussitôt sur la gratuité. Radin ! dirait ma sœur et je sourirais fièrement, ravi de mon coup de chance.

— Je te l'offre ! Ce n'est que de l'eau.

— Mais... pourquoi ? je demande en approchant ma main.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant