13 Octobre

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Je baille à m'en décrocher la mâchoire. Je n'ai pas très bien dormi cette nuit, surtout parce qu'Alex n'a pas donné suite à mes textos. Je suppose qu'il devait être vraiment occupé, mais d'ordinaire, il prend au moins la peine de me prévenir. Je me suis légèrement inquiété de n'avoir aucune nouvelle, mais j'ai essayé de relativiser en me disant qu'il avait dû oublier. Ce qui ne lui ressemble pas vraiment...

Vicky me souhaite une bonne fin de journée et je prends la direction du bus à reculons. Aujourd'hui m'attend la séance double avec Violette et ma mère. Autant dire que si je pouvais fuir cette confrontation, je sauterais dans le premier train que l'ont me proposerais. Je pousse un soupir et rafraîchit mes messages, mais toujours rien. Ce silence m'énerve.

— Aïdan ?

Je redresse la tête et croise le regard surpris de Jacques. Il affiche un sourire chaleureux et semble, lui aussi, quitter son travail. Il faut dire que c'est l'heure de pointe, actuellement.

— Tu fais quoi ici ?

— Je suis dans cette école, j'indique en montrant le bâtiment derrière moi.

— T'étais pas en fac de commerce ?

— J'ai fui, je réponds avec un petit sourire.

Il rit légèrement et prend de mes nouvelles. Je devrais lui dire que je suis pressé, mais je recule le plus possible le rendez-vous. Je n'ai pas envie de me retrouver face à ma mère. Cela n'avancera rien. On en a déjà parlé des milliers de fois. J'en ai marre de me répéter. Je ne suis pas un perroquet.

— J'ai un peu de temps devant moi, tu veux qu'on aille se prendre un truc à Columbus ?

— Euh..., j'hésite.

Rater mon rendez-vous avec ma psychologue est tellement tentant, mais d'un autre côté, j'ai besoin de ces séances pour mon propre bien-être. Jacques me lance un regard insistant auquel je finis par céder. Après tout, passez une heure avec le brun n'est rien comparé à l'heure de torture qui m'attends dans le bureau de Mme Flérida.

— Ok. Mais tu payes.

— Aïe, s'exclame Jacques en posant une main sur sa poitrine, grimaçant. Rapiat !

Je lui souris fièrement et lui emboîte le pas. Nous n'en avons que pour une dizaine de minutes de marche et je les emploie à prévenir Violette que mes cours dureront plus longtemps aujourd'hui et que je ne serais pas présent. Elle semble me croire et je peux permettre à mes épaules de se détendre.

Jacques pousse la porte du café et nous nous dirigeons vers une table libre après avoir passé commande. Je frissonne et me déleste à contre-cœur de ma veste et de mon écharpe, conscient que si je reste ainsi emmitouflé, j'aurais encore plus froid en sortant.

— Tu as revu Nathan et Clément depuis la rentrée ? me demande-t-il en passant une main dans ses cheveux pour les ordonner.

— Non. Enfin, de temps en temps. Une heure par-ci quand ils ont besoin d'une pause. Et ils m'ont aidé à emménager.

— À emménager ? Whoua ! J'ai loupé tellement de choses. Raconte-moi.

Je souris gauchement et hausse les épaules, ne sachant exactement quoi dire.

— Euh... bah, j'ai un appart' maintenant...

— Avec Alex ?

— Non, je secoue la tête. Ma mère n'aurait jamais accepté et ça ne fait que neuf mois qu'on est ensemble...

— Hum... tu préfères attendre ?

— Je sais pas, j'évite son regard et hausse les épaules.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant