Tome 4 : 30 Jours avant Halloween

15 Octobre

Avec Vicky, nous avons mangé au self afin de rassasier nos estomacs et de rejoindre Pierre à temps pour notre séance avancée de travaux pratiques. Autant dire que j'ai l'impression d'être ballonné tant nous avons englouti le repas à vitesse grand V. J'ai demandé à la jeune fille de m'attendre devant les sanitaires, ma vessie demandant à être vidée.

Je me lave les mains, les sèches rapidement et retrouve Vicky qui noue une de ses mèches rose bonbons autour de son index. Elle redresse la tête et affiche un grand sourire avant d'indiquer les escaliers en verre qui donnent sur le premier étage.

— Il t'a dit dans quelle salle il se trouvait ?

— Je vérifie.

Je sors mon smartphone et consulte rapidement mes messages.

✉️ De Pierre :
Je vous attends en salle info 2

— Salle info, deux.

Vicky opine du chef et m'empoigne par le coude pour m'y traîner. Je pourrais lui dire que je suis capable de me déplacer tout seul, qu'elle n'est pas obligée de me tenir ainsi, mais elle ressemble à un bulldozer. Et autant dire que personne ne peut raisonner une machine comme celle-ci. Je me contente donc de la suivre en priant pour que sa poigne ne laisse de trace sur ma peau.

Elle ouvre la porte avec brusquerie et je me retiens de frapper mon front, affligé par son comportement. Ne peut-elle pas se faire plus discrète ? Après réflexion, elle n'a plus rien du côté mignon de ma sœur, et je comprends amplement pourquoi les gens de ma classe la fuient comme la peste.

— Pierre ! s'exclame-t-elle comme si elle revoyait un vieil ami.

Elle lui donne une tape dans le dos qui semble presque le déloger de son siège. Le jeune homme lui lance un regard abasourdi avant de quémander silencieusement mon aide. Je lève les mains en guise d'innocence, lui faisant comprendre qu'il devra se débrouiller tout seul.

— Vous avez l'air motivé..., commente-t-il en s'écartant légèrement de mon amie.

Je souris et le contourne, saisissant un tabouret sur lequel je prends place. Tout pour être loin de cette pipelette un tantinet brusque.

— Normal, répond Vicky en avisant l'écran qu'elle a sous les yeux. Qu'est-ce que c'est ?

Pierre s'empresse de faire disparaître la fenêtre que nous avions sous les yeux et répond, gêné :

— Rien.

— Rien ? Ça n'avait pas l'air d'être rien, insiste la jeune fille qui ne connaît pas, décidément, les règles de savoir-vivre.

— Juste un projet sur lequel je bosse.

— Bah, pourquoi tu le caches ?

Comprenant que Pierre n'a pas envie d'en discuter, je viens à son secours en recentrant la conversation.

— Bon ! On est venu pour que tu nous aides alors Vicky va te montrer ce qu'on a commencé à faire. T'as la clé USB ?

Boudeuse, elle gonfle sa joue parce qu'elle a été interrompue, mais s'exécute tout de même en sortant l'instrument qui contient nos données du dimanche. Le deuxième année insère la clé dans le port USB et ouvre le dossier sur son écran.

— Vous avez la fiche de consignes ? Ça pourrait m'aider pour savoir exactement ce que vous devez faire, dit-il.

Je fouille dans mon sac et la lui plaque sur le bureau. Il me sourit, la lit rapidement et hoche la tête pour lui-même. Tandis qu'il détaille ce que nous avons fait, j'en profite pour répondre à Alex.