Tome 4 : 30 Jours avant Halloween

30 Octobre

Alex gare le véhicule dans la cour et éteint le moteur après avoir enclenché le frein à main. Il observe l'immense demeure de son ami, Fred, puis soupire. Je lui jette un coup d'œil intrigué et dépose ma main sur sa cuisse, attirant son attention. Il me sourit doucement alors que je caresse du pouce son jean et le laisse déposer son front contre le mien.

— Allons-y, dit-il soudainement, déposant un rapide baiser sur mes lèvres.

Je souris et acquiesce, sortant du véhicule en même temps que lui. Aussitôt, la porte en bois s'ouvre sur une femme d'âge mûr, aux cheveux aussi brun que son fils qui la suit docilement, le saint-bernard sur ses talons. Lorsque Bertrand aperçoit son maître, il gambade jusqu'à mon petit ami et lui saute dessus. Je m'écarte et savoure le rire de mon copain. Je salue Fred d'un signe de tête et souris à sa mère avant de braquer mon regard sur un nouvel arrivant qui se tient sur le pas de la porte.

Usoa se tient à la limite, comme s'il craignait de poser un pied sur le sol terreux. Emmitouflé dans un plaid aussi blanc que ses cheveux, il nous fixe en silence. Je lui fais un petit coucou de la main auquel il me répond par un franc sourire.

Je les laisse discuter entre eux, comprenant qu'Alex à besoin d'extérioriser certaines choses sans sentir le poids de mon regard sur ses épaules. Usoa amorce un mouvement en direction de la cour quand une main lui agrippe vivement le coude. Il trébuche en arrière et proteste avant de disparaître.

— Ok... merci..., dit Alex.

Je me tourne vers lui et observe son chien qui est dorénavant relié à une laisse.

— Ne t'inquiète pas, Alex, dit la mère de Fred en lui caressant la joue. Tu sais que tu fais partie de la famille...

Il pose sur elle un regard brillant et je viens serrer sa main en guise de soutien. Il me sourit et remercie la jeune femme avant qu'elle ne retourne à l'abri, dans sa maison. Fred nous fixe en silence et décide de nous emboîter le pas pour profiter de la balade. Je me poste de sorte que Fred puisse être au côté de son meilleur ami et marche en silence à leur côté tandis qu'ils parlent.

— Et pour Lily ?

— Elle les suit, répond-il en haussant les épaules.

— Elle n'a pas changé d'avis ?

— Non... et je ne veux pas qu'elle le fasse. C'est une oppor...

— Opportunité en or, oui je sais, le coupe-t-il en soupirant. Tu as conscience d'avoir le droit de te montrer capricieux ?

— Bien sûr que non ! s'énerve Alex en s'arrêtant brusquement. Lily à la chance d'entrer dans une école d'élite, je ne compte pas réduire ses efforts à néant. Juste parce que je suis égoïste.

— Ce n'est pas être égoïste que de réclamer d'avoir une famille ! réplique Fred en fronçant les sourcils.

— Tu sais très bien qu'on est plus une famille depuis longtemps !

— Tu m'as compris, Alex, rétorque son meilleur ami en levant les yeux au ciel. Lily aurait accepté de rester.

— Mais à quel prix ?!

Ils se défient du regard et je grimace parce qu'Alex serre ma main comme s'il voulait l'écraser. Il contracte sa mâchoire et soupire avant de me lâcher et d'avancer tout seul d'un pas vif. Je masse doucement la peau qu'il a martyrisé et commence à lui emboîter le pas, mais Fred me barre le chemin en plaçant une main sur mon torse.

— Laisse-le ruminer.

— Pourquoi faire ? je réponds en arquant un sourcil, septique quant à sa façon d'agir.