23 Octobre

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Après le dîner chez mes parents, j'ai finalement décidé de rester dormir chez eux. Puisque Pierre était là, je le lui ai proposé et nous avons emprunté des vêtements à Henry pour dormir - tous mes habits étant dorénavant chez moi. Mon ancienne chambre s'est vu attribuer un lit simple et nous avons dû gonfler un matelas gonflable pour mon ami. J'ai remercié ma famille de nous laisser passer la nuit ici et j'ai accepté l'étreinte de ma mère sans rechigner. Je ne voudrais pas qu'elle s'y habitue parce que je reste tout de même moi, et que je ne supporterais pas qu'elle m'étouffe tout le temps. Cependant, je dois reconnaître qu'en ce moment, j'en ai besoin.

Passer la soirée ensemble m'a permis également d'apprendre à connaître Pierre dans l'intimité. Bien qu'il soit friand de blague et qu'il passe son temps à m'embêter sur ma taille, il reste quelqu'un de plutôt réservé tant que l'on ne creuse pas. Nous avons longuement parlé de son projet sur lequel il travaille encore, de ses parfums préférés et smoothie - la fraise prenant le pas sur les autres -, de ses hobbies autres que le basket jusqu'à ce que je finisse par m'endormir, bercé par sa voix. Ce ne fut pas très compliqué étant donné que j'accumulais des heures de sommeils en moins.

Puis on s'est préparé pour retourner en cours ce matin et nous nous sommes quittés devant les escaliers. J'ai enchaîné mes cours de la matinée et je dois encore faire face à l'humeur froide de la jeune fille. Prenant sur moi, parce qu'il m'en faut pour ravaler mon ego, je la rattrape dans les couloirs et lui tapote l'épaule. Elle me jette un regard glacial et me chasse en marchant franchement dans le couloir. Je râle, soupire, lève les yeux au ciel et trottine à sa suite.

— Vick !

Elle pile et se retourne vivement, me transperçant de ses iris.

— Tu as perdu ce droit quand je n'ai pas été affilié à tes « amis importants ».

— Vicky, s'il te plaît... je souffle en passant une main dans mes cheveux.

— Non, réplique-t-elle sèchement. Le message a été très clair.

Elle se détourne et fait claquer ses talons sur le carrelage avant de descendre les escaliers en trombe. Je soupire et me penche sur la rambarde, observant mon amie fendre la foule pour sortir du bâtiment.

— Elle s'en remettra, dit Pierre en glissant ses doigts dans mes cheveux.

Je grimace et plaque mon front contre mes bras.

— Je lui parlerais.

— Pas de mini-Aïdan, aujourd'hui ? je charrie.

— Oh, en fait t'es tombé en amour pour ce surnom, s'amuse-t-il.

Je le fusille du regard et lui arrache un rire. Il m'invite à se joindre à son repas et je consens à faire acte de présence. Pas sûr que je mange grand chose tant la nouvelle de ma rupture me paraît réelle. Les garçons qui traînent avec mon ami sont enthousiastes, rieurs et se bousculent. Je trébuche lorsque l'un d'eux me heurte et le bras de Pierre se cale dans mon dos.

— Les mecs, faites attention !

Il me sourit et se détache avant que nous nous insérons dans la queue. Je récupère un plateau et avise la nourriture qui se présente sous mes yeux. Mon ventre gargouille. Je sais que j'ai faim, mais lorsque je mets quelque chose dans ma bouche, j'ai l'impression d'avoir l'estomac plein.

Pierre récupère un ramequin de salade de fruits qu'il place sur mon plateau et me présente deux fromages différents avec un air joueur.

— Camembert pour puer de la bouche ? Ou vache Kiri parce que c'est un classique ?

— Sans fromage, c'est possible ? je rétorque en souriant légèrement.

Je me force à étirer mes lèvres parce que je sais qu'il fait tout pour me redonner un peu de bonne humeur.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant