Ce matin, je me suis rendu à l'école à reculons. Autant dire que seule la perspective d'avoir un zéro pointé dans une matière à cause de mes absences m'a tiré de mon lit. Et puis, de toute façon, qu'aurais-je fait d'autre que me morfondre ? Je n'avais envie de voir personne, ni de parler. Et je n'ai toujours pas cette envie. Mon portable est greffé à ma main. Je le consulte toutes les minutes comme si cela allait faire changer d'avis Alex. J'aimerais qu'il me contacte, mais il ne le fait pas. Je vais devenir fou à ce rythme.
Qu'espérai-je ?
Que tous ces moments passés auraient fait de nous quelque chose d'indestructible ? Je suis bien placé pour savoir que les liens se font et se défont aussi facilement que lorsqu'on décide d'acheter un vêtement et d'en jeter un autre. Pourtant, j'aurais aimé croire en la force de nos sentiments. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu en venir à un raisonnement aussi définitif. N'aurait-il pas été plus aisé d'en discuter ?
Je pousse le bout de haricot vert qui gît sur mon plateau, ma joue posée sur mon poing. Je n'ai même pas faim. Tout ce que je mange me paraît insipide. C'est comme si on venait de me retirer ma raison de vivre. Comment je faisais, avant Alex, pour être heureux ? Comment je faisais pour rire, pour parler, pour m'amuser avec mes amis tranquillement ? Comment j'effectuais chaque geste quotidien sans ressentir ce manque qui me tord les boyaux. Parce que c'est cela le plus dur : savoir que l'on a définitivement perdu l'autre et qu'il ne reviendra pas.
Plus jamais je n'aurais droit à ses textos qui s'accumulent un à un. Plus jamais je me sentirais gêné lorsqu'il sous-entendra des choses sexuelles. Plus jamais je n'aurais droit à ce rire qui fait toujours battre un peu plus vite mon cœur. Plus jamais, lorsque je serais énervé, triste, blasé, je ne retrouverais le sourire en contemplant le sien, si lumineux. Plus jamais je ne pourrais caresser ses cheveux, le toucher, l'embrasser, l'étreindre, l'aimer. Plus jamais je ne respirerais son odeur sur mes draps, sur ma peau, sur lui.
Et tellement d'autres instants volés...
J'ai l'impression que tout ce que nous avons vécu a été balayé d'un simple coup de poing sur la table. Tout cela pour une photo ! Une maudite photo. Il ne m'a même pas écouté. Il m'a montré un visage froid, une colère sourde... je n'y avais pas été préparé. Et ses mots, cruels, m'ont empalé le cœur. Comme s'il y avait plongé une épée avec sa propre main.
Je papillonne des yeux en sentant les larmes affluer et me redresse dans mon siège, baissant la tête. Je ne veux pas pleurer. Pas ici alors que Vicky me décrypte depuis ce matin. Pas devant tout le monde. J'ai mal !!
— Aïdan ?
— Hum ? je réponds parce que parler serait trop compliqué avec ce nœud dans ma gorge.
— Tu n'es pas du tout dedans aujourd'hui ! Tu ne m'écoutes pas.
Je hausse les épaules, incapable de parler tant que je n'aurais pas repris mon sang-froid. Elle soupire, agacée, et cela ne fait que m'irriter davantage. J'aimerais qu'on me laisse tranquille.
— Qu'est-ce que t'as depuis ce matin ?
C'est comme si je me forçais à ravaler ma peine lorsqu'enfin je lui réponds :
— Rien.
— Oh, arrête ! Tu fais la gueule, c'est invivable.
— Bah, je ne t'ai pas demandé de rester. La porte est grande ouverte, tu peux partir, je rétorque, acerbe.
Je braque mes iris émeraude dans les siens, la défiant d'en dire davantage. Je ne veux pas écouter ses états-d'âme parce que pour le moment, les seuls qui m'intéressent sont les miens.
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Tome 4 : 30 Jours avant Halloween
Roman d'amour/!\Ce texte n'est pas représentatif de mon style d'écriture actuel, il y a beaucoup d'incohérence et de fautes, achetez-vous de quoi soigner vos yeux et votre mental... /!\ Aïdan a enfin été accepté dans l'école de ses rêves. Il prend son indépendan...