22 Octobre

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Seul autour de la table, je consulte mon smartphone sans avoir touché ne serait-ce qu'un bout de mon repas. C'est bien utile de dépenser trois euros cinquante quand je ne compte même pas manger... Vicky, après la dispute d'hier, me boude. Ce que je comprends parfaitement. Je devrais avoir du remords - et pour tout dire, j'en ai un peu -, mais je me complais dans ce silence. Au moins, je disposerais d'une journée sans entendre sa voix criarde et agaçante. Même si, il faut le reconnaître, Vick n'est pas totalement insupportable. Elle m'agace la plupart du temps, mais elle a au moins le don de dire les choses franchement. Et une manière bien à elle de t'accorder sa sympathie. Même si elle me donne des envies de meurtre la plupart du temps. Sauf qu'elle n'avait pas à subir ma colère injustifiée. Elle n'y est pour rien... Et voilà que tu culpabilises, Aïdan ! Rappelles-toi que ses mots n'ont pas été des plus sympathiques pour une fille qui se dit être ton amie, me souffle cette petite voix. Bien que je dois lui accorder raison, je n'ai pas non plus brillé par ma gentillesse.

Je pousse un soupir et chasse ce débat mental de mon esprit. J'ai déjà fort à faire avec la peine qui me brise le cœur, je m'occuperais des états-d'âme de la jeune fille plus tard. En surfant sur Instagram, je tilt. Alex a mis une story. Alors qu'il n'a répondu à aucun de mes textos. Le pouce tremblant, je clique dessus.

Elle date d'onze heures et c'est une vidéo. Apparemment, ce n'est pas Alex qui tient l'appareil puisqu'on le voit de dos, sauter sur la piste de danse. En boîte..., je songe en le foudroyant du regard, je me morfonds, j'essaye d'établir le contact et il va en boîte. Pour s'amuser. Je vais le tuer ! L'identité du détenteur de la caméra apparaît sur l'écran, le visage pratiquement mangé par l'objectif. Fred. Il a l'air sacrément éméché. Il filme ses amis qui dansent autour de lui et s'attarde sur Alex qui hausse les sourcils de façon suggestive devant la caméra tandis qu'un homme se frotte contre ses reins. Il vit sa meilleure vie. Il sourit de manière grivoise, il joue avec son verre d'alcool et il ne s'écarte pas de cet inconnu.

Mon cœur fait une descente en enfer.

C'est trop. Il me reproche des choses que je n'ai jamais faites pour se perdre dans les bras d'un mec sorti de nulle part, à peine six jours après notre rupture. Comme si je n'avais jamais existé. Comme si je n'étais qu'un boulet à ses pieds, un jouet interchangeable. Les sanglots obstruent ma gorge tandis que je repose le smartphone sur le plateau. Pendant que j'essaye de sauver ce qu'il reste de notre couple, il batifole avec d'autres. Je me sens trahi. J'ai si mal. Je ne sais même plus comment respirer, comment avancer. Mon cœur lui appartient tout entier et il le piétine sans un seul remord.

Si on m'avait dit qu'aimer faisait aussi mal, je ne serais jamais sortis avec lui. J'aurais bloqué ce foutu numéro inconnu, je ne serais pas tombé amoureux. Je le déteste ! Et pourtant, mon cœur crie sa douleur. Parce qu'au fond... je l'aime.

— Mini-Aïdan ! s'exclame Pierre en ébouriffant mes cheveux, prenant place à côté de moi. Je v...

Et là, je craque. Mes barrières s'effondrent. Je laisse mes vannes s'ouvrirent et le déluge de larmes couvrir mes joues. Je pensais que ce n'était pas fini, qu'on pouvait encore sauver quelque chose, que ce n'était qu'une dispute. Pourtant, il a été clair dès le début.

« Rompons ! »

C'était aussi limpide que de l'eau de roche. La gentillesse de Pierre, ses doigts dans mes cheveux, ont été de trop. La seule personne que je désire en ce moment m'est inatteignable. Elle m'échappe comme l'air autour de mes doigts. Alex s'envole sans me jeter un seul regard en arrière, il me laisse sur le côté de la route, il me tourne le dos. Il m'abandonne.

Il tire un trait sur notre histoire.

Et mon cœur se brise en morceaux. J'ai si mal. Je voudrai ne plus rien ressentir pour que cette douleur disparaisse. Les sanglots sont tellement douloureux que je peine à respirer convenablement. Je me rends compte seulement après avoir mouillé le haut de Pierre, qu'il me tient dans ses bras, frottant mon dos.

Tome 4 : 30 Jours avant HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant