Tome 4 : 30 Jours avant Halloween

8 Octobre

— Je pense qu'on peut le faire à deux, dit Vicky, le nez plongé dans la feuille que vient de nous remettre notre professeur.

— T'es sûr ? j'insiste en pointant du doigt certaines consignes. Parce que je ne sais pas toi, mais je n'ai aucune connaissance concernant ça et ça.

La jeune fille boude, gonfle ses joues ce qui infantilise un peu plus son visage et contemple le papier comme si elle était capable de l'enflammer. Elle soupire, laisse tomber son bras contre son genou et bascule sa tête vers l'arrière en agrippant le dos de ma veste. Je me dévisse le cou pour la regarder, continuant mon chemin l'air de rien.

— Aaaaaaah... Aïdan, je veux pas être avec n'importe qui...

J'esquisse un petit sourire alors qu'elle marche dans mes pas, guidée par moi. Je m'arrête parce que je tiens à mon vêtement et que je ne souhaite pas le voir déformer. Elle colle son front contre mon épaule et lâche une plainte. Je lève les yeux au ciel, lui vole la feuille et parcourt les lignes en silence tandis qu'elle geint dans son coin. Les lamentations et les caprices, je connais : Émie est une pro. Je suis habitué depuis le temps.

— J'ai une idée ! s'exclame Vicky en redressant la tête.

Ses yeux pétillent de malice et elle me vend un sourire de commercial. Je plisse les yeux, suspicieux. Je ne la connais pas depuis longtemps, mais assez pour savoir qu'elle saute sur n'importe quelle occasion tant que cela lui rapporte. Parfois, elle me fait penser à Émie. Lorsqu'elle boude, qu'elle se plaint ou dans ses mimiques. C'est étrange, mais c'est sûrement pour cela que je la fréquente.

— Dis...

— Ton pote ! Pierre. Il pourrait nous aider.

— Vicky, c'est un travail de première année ! je dis en présentant la feuille sous son nez.

— Je sais, mais il a des connaissances qu'on a pas, insiste-t-elle en récupérant l'objet qu'elle plie et qu'elle glisse dans son sac. Écoute, je lui demande pas d'intégrer le groupe, mais pour certaines choses, ont requiert son aide. Ça peut le faire !

Je vois bien son air excité et toute la conviction qu'elle met dans ses propos, mais je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Après tout, Pierre semble occupé par son propre projet et je ne le croise que très rarement.

— Il n'aura peut-être pas le temps.

— On a forcément des pauses en commun ! Au pire, on cale deux heures quelque part où il nous fait un cours en accéléré ? S'il te plaît, Aïdan, me supplie-t-elle en faisant la moue, s'accrochant à mon haut. T'as envie de te mettre avec Bobby ? Parce que moi, j'ai pas envie de me mettre avec Bobby. On dirait qu'il a seulement trois neurones, Bobby. Je ne sais même pas comment il a fait pour rentrer, Bobby.

— Arrête de répéter son nom en boucle, je râle en la repoussant.

Elle sourit malicieusement et croise les bras, ayant déjà une idée précise de ma réponse. Il est clair que je ne souhaite pas m'accrocher un boulet au pied, et cet adolescent l'est certainement. Je roule des yeux, soupire et dépose les armes.

— D'accord, t'as gagné ! Je vais en parler à Pierre. Mais je te garantis rien.

— Yes !

Elle sautille sur place avant de s'accrocher à mon cou et de déposer un baiser sur ma joue. J'ai beau la repousser en soupirant, elle n'en fait qu'à sa tête. Cette fille est une véritable sangsue.

— Je suis sûr qu'il acceptera, dit-elle en me suivant alors que nous sortons de l'établissement.

— Pas sûr, je contre en jetant un coup d'œil à mon portable.