Mean Vampires

25

Je me sens cuisante et un peu honteuse d'avoir révélé mes sentiments à Ian. Maintenant, je ne sais plus vraiment pourquoi je ne voulais pas qu'on soit ensemble, et je pense que lui aussi ne se rappelle plus vraiment de pourquoi il ne voulait pas. Sa main caresse ma joue, descend jusqu'à mon cou. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je veux que l'on soit plus proches que ce que nous sommes déjà.

Lorsque je pose mes lèvres sur les siennes, je sens qu'il s'abandonne. Étrangement, j'ai l'impression de me sentir partir...

Notre baiser gagne en intensité, et mes mains agrippent ses cheveux, ses épaules, sa nuque. J'aime ça mais je me sens de plus en fatiguée, comme si je sombrais dans un sommeil incontrôlable. Je sens mon corps devenir froid, et je suis de plus en plus molle.

Ian le sent.

« Tout va bien Soul? »

J'essaye de répondre mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas prononcer une seule parole, c'est trop compliqué.
La dernière chose que j'entends est la voix de Ian en train de crier mon prénom, puis je sombre dans les ténèbres.

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À mon réveil, je suis dans une chambre d'hôpital. Je me lève et sors du lit. Tout semble aseptisé, blanc, et j'ai une perfusion dans le bras. Le liquide coule dans mon sang, au goutte à goutte. Je découvre une petite salle de bain, et décide de sortir voir où je suis.

Dehors, les couloirs sont vides. C'est un minuscule hôpital, qui doit pouvoir accueillir seulement une cinquantaine de patients. Je sors, me retrouve à l'entrée. Ian fume une cigarette.

- Tu ne devrais pas fumer. C'est mauvais pour la santé.

Je réalise l'absurdité des paroles que je viens de prononcer un peu tard. Il hausse un sourcil. Ses yeux gris semble virer au vert sous un ciel nuageux, et je pourrais regarder son visage pendant des heures.

- La santé? Vraiment Soul?

Je bougonne.

- Je n'aime pas l'odeur du tabac. Je ne veux pas être fumeuse passive en plus...

Ian baisse les yeux

- Très bien, dit-il en jetant la cigarette. Comme tu voudras.

Un silence s'installe. Cette situation est plutôt étrange.

- Que s'est-il passé? Et où suis-je encore?

Ian esquisse enfin un sourire et je me sens mieux. Son attitude me semblait beaucoup trop distante.

- Tu es à l'hôpital des Adens. Celui que notre père nous a légué à sa mort. Chase Ash et moi en sommes les propriétaires légaux, nous gérons les infirmiers d'ici, alors quand tu as fait ton malaise je t'ai amené ici. Tu as été empoisonnée.

Je panique. Empoisonnée? Par qui? Pourquoi? Ian reprend la parole.

- Ne t'inquiète pas, c'est probablement un vampire qui t'as vu au bal et a voulu ton sang. Il a du verser quelque chose dans ton verre, ou dans ce que tu as mangé, pour que tu t'évanouisses, et pour pouvoir se retrouver seul un petit bout de temps avec ta gorge. Mais son dosage a dû être inexact, ou alors nous sommes juste rentrés trop tôt. Enfin, c'est ma théorie. Tu te rappelles avoir consommé quelque chose?

Je me rappelle du verre de punch, et hoche la tête. Ian passe une main dans ses cheveux, et expire, longtemps.

- J'ai eu peur... tu es devenue si froide, j'ai pensé que c'était terminé.

Je prends sa main. Sa mine soucieuse m'émeut.

- Tout va bien... je n'ai mal nul part, je suis juste un peu fatiguée. Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi.

Ian embrasse ma main, et me sourit.

- À ce moment précis, dit-il, j'ai réalisé que je ne pouvais pas me passer de toi. Je n'aurais pas supporté qu'il t'arrives quelque chose.

Je suis touchée, mais ne dis rien. Mon coeur s'accélère. Il y a des moments ou le silence est plus significatif. Il commence doucement à pleuvoir. Une infirmière stressée arrive et nous hurle de rentrer.

- On va devoir changer votre perfusion, madame, vite!

Je la suis et laisse Ian dans le hall. Elle m'emmène jusqu'à la chambre de tout à l'heure, et insère la nouvelle perfusion dans mon cathéter, en un geste agile. Je suis un peu curieuse, et lui pose mes questions.

- Pourquoi autant de procédures pour un simple malaise?

L'infirmière ne me regarde même pas. Elle me répond d'une voix sèche, me faisant comprendre ainsi qu'elle a d'autres chats à fouetter.

- Je ne sais pas, ce sont les ordres d'en haut. Je ne suis pas là pour discuter des règles, moi. J'exécute, c'est tout.

Je pince les lèvres. Cette femme a vraiment l'air froide. Tant pis.
Le liquide coule dans mes veines. C'est encore plus glacé que la première fois. L'infirmière attrape un papier, et ajoute:

- Apparemment vous pourriez vous sentir un peu bizarre après cette perfusion. Il vaut mieux que vous restiez allongée, et l'on viendra s'occuper de vous.

J'acquiesce, puisque je ne peux rien faire d'autre. Avec son aide, je retourne dans mon lit, et pour tromper l'ennui, j'entame un des magazines se trouvant sur ma table de chevet. C'est vrai que je me sens un peu bizarre, comme si mon esprit était embrouillé.

Quelques minutes après la fin de l'écoulement de la perfusion, la porte de la pièce s'ouvre, et ma gorge se serre.

Chase?

Pourquoi ce vampire a-t-il le don de se trouver aux endroits les plus inattendus aux moments les plus inattendus? Étrangement, je n'ai pas peur, je ne suis pas en colère, ni même mal à l'aise en le voyant. Juste étonnée.

Il entre, et me sourit. Ses yeux bleus pétillent, et il n'a jamais paru aussi beau, vêtu d'une chemise blanche, les cheveux plaqués vers l'arrière.

- Alors Soul, quoi de neuf, heureuse de me voir?

Je lui souris franchement à mon tour.

- C'est étrange mais.. oui. Je suis plutôt contente que tu sois là.

Une partie de moi lutte, comme une voix lointaine qui hurlerai dans ma tête que Chase est l'ennemi, que je devrai avoir peur ou envie de le tuer, qui me conseille de rester sur mes gardes. Mais aussi bête que cela puisse paraître, je ne le vois pas comme l'ennemi. Je le vois comme... plus qu'un ami.

- Tu dois être en train de te demander ce qu'il se passe, n'est-ce-pas?

Sa main glisse dans mes cheveux, soulève une mèche, caresse ma joue... Je suis toute émoustillée.

- Il faut que tu saches que tu es sous l'effet d'un puissant venin, celui de quelqu'un que tu connais bien... enfin bref, nous parlerons de cette personne plus tard. Vois-tu, je suis dans mon hôpital alors je me suis dis que j'avais bien le droit de m'occuper des perfusions, surtout si l'on parle de la tienne.

J'ai l'impression que j'ai du mal à me concentrer sur ses intentions. Me veut-il du bien, du mal? Je n'arrive pas à savoir, je veux juste qu'il m'embrasse.

Comme s'il lisait dans mes pensées, il ajoute:

- Assez parlé de moi, que désires-tu Soul? J'ai cru comprendre que je n'avais par le passé pas assez porté d'attention à tes volontés.

Je bégaye. Je ne veux pas, mais je veux. Je ne comprends rien. Au final, il semble que c'est le venin qui gagne contre ma rationalité. Ma voix n'est qu'un murmure.

- Je te veux toi...