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L'inconnu s'approche. Je ne peux ni m'enfuir, ni reculer, je suis bloquée. Je n'aurais jamais la force de me débarrasser de lui, je le sais bien.
Alors je hurle. Mais avant même que mon cri ne résonne, ses crocs se plantent dans ma peau. Je sens la brûlure du venin dans mes veines, puis... plus rien, c'est comme si j'oubliais tout.

*********

Lorsque je me réveille, ce que je pense être quelques minutes après, il n'est plus là. Je suis dans les bras de Ian, comme chaque fois qu'un danger m'arrive. Ça devient presque lassant. J'essaye de bouger, mais mon cou me fait mal. Je passe ma main, et sens deux petites marques, pas très profondes. Il n'a probablement pas eu le temps de me voler véritablement du sang. Je vois en revanche que ma robe est tachée.

- Tout va bien? Tu t'es évanouie.

C'est la voix de Ian. Je lève les yeux vers lui. Il est magnifique, comme d'habitude, et semble pour une fois réellement se faire du souci. Je hoche la tête, trop choquée encore pour formuler des phrases. L'étincelle d'intérêt disparaît de son regard, et il redevient froid en un instant. Ça devient insupportable. Je sens la colère qui monte en moi. Si cette relation est finie, alors je veux au moins mettre les choses au clair.
Les mots commencent à s'échapper tout seuls de ma bouche.

- Ian, qu'attends-tu de moi?

Ses sourcils se froncent, mais peu importe, je suis bien décidée à parler maintenant.

- Pour qui me prends-tu? Je suis sage et obéissante avec toi. Irréprochable. Et tu continues de me balancer ta haine au visage. Tu ne crois pas que c'est suffisamment douloureux de t'aimer sans retour? De passer tout mon temps à tes côtés, Ô toi statue de marbre insensible? Il s'est passé ce qu'il s'est passé, avec Chase. Mais tu restes bloqué là-dessus, et ça me fait du mal. En réalité tu te sers de moi, pour avoir le beau rôle du sauveur, du héros me portant secours lorsque ma vie est en danger, et tu te fous du reste. Donc si je ne compte plus pour toi, ne me colle pas aux basques!

Je me lève brusquement, mais j'ai la tête qui tourne. Je me suis peut-être surestimée, mais au moins j'ai dit ce que j'avais sur le coeur. Sans chercher à voir sa réaction, je commence à marcher d'un pas décidé vers la chambre. Seulement voilà, je n'en ai pas la force. Pour la deuxième fois de la journée, je m'effondre.

À mon réveil, je suis dans mon lit, et la pièce est quasiment plongée dans le noir. J'ai été changée, lavée. Une silhouette me surplombe, et je reconnais celle de Ian en un coup d'oeil. Je n'arrive cependant pas à voir distinctement son visage. Je repense à mon monologue de tout à l'heure. Il n'a pas du tout du apprécier. Je me redresse, et l'entend me parler.

- Soul, je ne peux pas te protéger. C'est pour cela qu'il faut que tu partes. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, je ne veux pas que tu sois blessée.

Ma colère semble être à nouveau vivace, puisque je me plante devant Ian, et m'adresse à lui avec animosité.

- Tu peux dire ce que tu veux, tu sais très bien qu'au fond la pire blessure serait que tu me tournes le dos comme tu t'apprêtes à le faire. Ne te cache pas sous tes faux airs de saint.

Je vois qu'il se contient. Ses poings se serrent, et il tente de rester calme, neutre.

- Écoute moi, commence-t-il, quand je t'ai vu dans les bras de ce sale type, je n'ai rien pu faire, je n'étais pas moi même. J'étais obligé de le chasser, je ne pouvais pas m'en empêcher. C'est la seule marque d'affection que je peux t'offrir actuellement, ma surveillance, et rien de plus.

Je pleure bêtement. Il commence à vouloir quitter la pièce, et je le retiens par la manche. Je n'ai plus envie d'être agressive, je veux juste qu'il soit avec moi. J'enlace son bras, et il s'immobilise.

- Arrête ça Soul, siffle-t-il.

Mais je n'ai pas envie d'arrêter. Je repense à la servante qu'il a appelé dans sa chambre le premier soir. Je ne veux plus que cela se reproduise, je ne veux pas pleurer comme une idiote seule dans mon lit. J'essaye de trouver un point sensible, quelque chose qui le fera rester.

- Ian, dis-moi en me regardant droit dans les yeux que tu ne m'aimes plus et je te lâcherai.

Ma phrase a résonné dans l'air comme un coup de fouet, et le vampire me regarde longuement, muet. Il semble vraiment en colère maintenant. Je peux sentir que ses poings ne desserrent pas, et je fais glisser mes doigts sur ses phalanges de pierre.
En un instant, nous bougeons. Ian a adopté la même technique qu'à la gare, son espèce de déplacement supersonique et indolore. Je me retrouve ventre contre le mur, immobilisée. Collée à la paroi, je ne peux rien faire, le corps de Ian étant à seulement quelques centimètres dans mon dos. Ses main enserrent mes poignets, plaqués au mur eux aussi, réduisant les mouvements possible à zéro. Je sens ses lèvres qui se promènent dans ma nuque, et leur froideur me donne des frissons.

- Ian qu'est-ce que....

Il me coupe.

- Que veux-tu que je te dise encore? Tu fais toujours tout pour me faire craquer. Tu veux peut-être que je t'avoue que je ne pense qu'à toi? Que ta présence est un supplice, ton parfum une torture? Que j'aimerais que tu sois à moi pour l'éternité? Non, peut-être que tu recherches un autre type de confession. Tu aimerais peut-être savoir ce que j'imagine que je te fais dans mes pensées. Ce que j'imagine lorsque nous sommes seuls dans une chambre avec un lit... ce à quoi ressemble les désirs d'un vampire lorsqu'il les réprime depuis trop longtemps. Tu crois que ça n'est difficile que pour toi Soul?

Je sens qu'il dépose des baisers dans mon cou. Je me mords la lèvre pour rester silencieuse.

-Non, toi tu aimerais que tout soit rose. Tu vois les choses simplement, tu penses que tout se passera bien, si je fais ce que mes envies me dictent. Mais ça ne marche pas comme ça stupide petite humaine.

Ian me lâche, et je me tourne vers lui. Je lui fais face. Son regard est sombre, mais une part de lui ne veut pas lâcher prise. Je lui murmure doucement :

- Fais ce que tes envies te dictent alors...

Ian ferme les yeux, essaye de retrouver sa contenance. Je sens bien qu'il ne veut pas succomber, mais il est hors de question de lui laisser le choix. Délicatement, je me pose contre son torse, et il se laisse aller.

Mean VampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant