Mean Vampires

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Ian tente tout de suite de m'en dissuader
- Tu n'es pas en capacité d'aller au bal. Tu sors à peine du mois le plus éprouvant de ta vie Soul!

Je fronce les sourcils.
- Et toi tu es obligé d'y aller. Tu penses que me laisser seule dans un hôtel bourré de vampires affamés est une meilleure idée?
Ian grogne. Je viens de marquer un point. Il commence à faire les cent pas dans la pièce, puis se tourne vers moi.

- D'accord, tu peux venir. Mais ne crois pas que le bal n'est pas un endroit bourré de vampires affamés non plus. Tu devras rester proche de moi.

Je lui souris et hoche la tête. Cette idée ne me dérange pas plus que ça.

- Et petit détail Soul: le bal est demain, ajoute-t-il.
Je suis un peu désarçonnée, mais ne laisse rien paraître. Il ne faudrait pas qu'il trouve une excuse pour ne pas me laisser y aller.

- C'est parfait.

Ian soupire, et se dirige vers la table de nuit, où se trouve le téléphone de la chambre. Il attrape le combiné, compose un numéro, et s'adresse à la voix à l'autre bout du fil.

- Luis. Salut. Oui ça fait longtemps, je sais. J'ai une faveur à te demander. Tu prends toujours les commandes? Allons, c'est pour moi Luis, ne fais pas la fine bouche enfin. Bien. Il me faut une robe, pour le bal de demain. Ne commence pas à crier, s'exclame-t-il, éloignant le combiné de son oreille. Je sais que ça ne te laisse pas beaucoup de temps, mais je veux absolument une de tes créations. Tu n'auras qu'à l'envoyer avec mon costume. Ses mensurations?

Il se tourne vers moi, et je me sens déshabillée du regard. Il reprend.

- Tour de taille? 62 centimètres. Pour les hanches hmm disons 90. Et le tour de poitrine...

Je croise les bras sur ma poitrine et détourne les yeux, essayant de faire fuir son regard inquisiteur.

-89. Sans aucun doute.
Il ajoute quelques instructions, puis raccroche.

- Ça devrait arriver dans la journée, me dit-il.

- Comment peux-tu connaître mes mensurations aussi bien?

Je suis un peu indignée. Ian sourit d'un air malicieux.

- J'ai des yeux Soul. Je suis en capacité de situer tes mensurations presque parfaitement depuis le premier jour où tu es arrivée au manoir. Tu devrais te regarder plus souvent tu sais. Tu n'as rien à envier au physique des vampiresses.

J'esquive son regard. Je ne veux pas être une Claudia qui rougit au moindre de ses compliments.

- J'ai besoin de prendre une douche, dis-je, en essayant de changer le sujet de la conversation.

Je me dirige vers la salle de bain. C'est une grande pièce illuminée, avec une variété de produits de luxe impressionnante. Je fais couler de l'eau chaud, et m'immerge dans la grande baignoire en fonte. J'ai l'impression que tous mes soucis s'envolent dans les vapeurs du bain. Après ce qui semble avoir été une heure, je sors enfin de ma rêverie.
Trempée, je m'autorise un regard dans le miroir avant d'enfiler les vêtements de l'hôtel, qui m'attendent sur un chauffage. Je ne peux m'empêcher de frissonner en regardant mon corps. Mes jambes sont recouvertes d'hématomes, et ma lèvre est légèrement fendue. Mes cheveux, qui ont poussé, sont toujours aussi noirs et lisses, et m'arrivent aux cuisses. J'ai du mal à vraiment les apprécier. Les voir me rappelle Chase, qui leur vouait une admiration folle, et me les brossait tous les jours. Je n'avais pas le droit de les attacher. Et puis, je n'aurais pas vraiment pu, étant donné que mes mains étaient enchaînées pendant la plupart du temps.
J'ai perdu du poids, pas suffisamment pour être maigre, mais assez pour être un peu trop mince. Il faut que j'apprenne à m'aimer à nouveau.

Lorsque je sors, après m'être vêtue, une large gamme de plats gastronomiques m'attends sur la table de la chambre. Je me rends compte que j'ai vraiment faim, mes derniers repas ayant été composés principalement de graine de blé et de pain. Ian me regarde dévorer avec appétit viandes, poissons, fromages et desserts. Je le remercie et il a l'air satisfait.

Je m'allonge sur le lit, repue. Une vague de fatigue m'envahit. Lorsque je regarde à travers les rideaux de la chambre, je vois qu'il fait déjà nuit. Soudain, je remarque, un peu embarrassée, qu'il n'y a qu'un lit pour nous deux. Ian semble remarquer mon trouble, puisqu'il me dit:

- Je peux dormir sur le sofa tu sais. 

Je me sens ridicule. C'est sa chambre, je ne vais tout de même pas le forcer à dormir ailleurs. Il n'a que deux heures de sommeil par nuit, alors autant les passer à l'endroit le plus confortable possible.

- Non non, dis-je. C'est ton lit, reste.

Il se glisse sous la couette à mes côtés.

- Tu n'as pas peur de dormir avec l'homme dangereux que je suis?

Je pouffe. 

- J'ai déjà dormi avec un homme Ian, tu ne me fais pas peur. 

Je suis presque sûr de l'entendre grogner de désapprobation. Ian jaloux? Cette idée s'envole vite hors de mon esprit. Il n'y a rien entre nous, je ne suis probablement qu'un jouet à ses yeux. Un jouet assez cher à son coeur pour qu'il le sauve à tout prix, mais rien de plus.

Il reprend notre conversation:

-Qui?

Je soupire. Je ne voulais pas m'aventurer sur le sujet, donc autant faire court.

- Un esclave. A l'époque ou je vivais chez Merry, mon ancienne propriétaire. Quand on sert de boisson, on a vite fait de s'ennuyer. Et forcément, on se rapproche des êtres humains qui nous entourent.

Un silence accueille ma déclaration. Après quelques instants, Ian reprend la parole, posant la question que je ne voulais absolument pas entendre.

- Tu l'aimais?

Je serre les poings. Il s'agit de mentir avec finesse.

- Non...