Mean Vampires

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La lueur d'un matin ensoleillé me réveille. Je descends tout de suite au salon, intriguée par une étrange odeur. Mon ventre est plus gonflé que jamais sans que je sache pourquoi, et je ne peux ignorer l'espèce de douleur qui parcoure mon corps et particulièrement le bas de mon dos.

Sûrement de simples courbatures.

Lorsque j'arrive en bas, tous mes sens semblent être assaillis en même temps. Les braillements d'Alec finissent de me réveiller, l'odeur nauséabonde envahit définitivement mes narines, et la vision de Claudia posant sa main sur le bras de Ian me crispe.

J'essaye de garder mon calme. Nous hébergeons la jeune femme depuis trois semaines déjà, et elle semble depuis peu prendre réellement ses aises. Claudia me laisse m'occuper d'Alec tous les jours, prétendant qu'il s'agit là d'un bon entraînement pour moi. Et aujourd'hui, comme quasiment tout les jours, voilà que je la surprends encore une fois à faire les yeux doux à Ian.

- Quelle est cette terrible odeur?

La jeune femme lève les yeux vers moi, presque agacée.

- J'ai fait le petit déjeuner, dit-elle d'une voix froide. Confiture de sang, c'est tout.

Un haut-le-cœur me saisit. Je n'ai pas le temps de répondre, je me précipite vers les toilettes, sur le point de vomir. J'arrive heureusement à retrouver mon calme après quelques toussotements. Je sens une main sur mon épaule. C'est Ian.

- Tout va bien? Tu as besoin de quelque chose?

Je hoche la tête.

Oui, j'ai terriblement besoin d'une chose...

Je murmure entre mes dents serrées:

- Il faut qu'elle parte.

Au loin, Claudia joue le rôle de l'accusé de réception.

- J'ai tout entendu!

Je grimace. La vie n'est plus de tout repos depuis qu'elle est ici. Je me fiche bien du fait qu'elle m'ait entendu, je suis chez moi, contrairement à elle. Je retourne au salon en pinçant mon nez, et je jurerai la voir esquisser furtivement un rictus moqueur.

- Rappelle moi pourquoi tu n'es pas restée avec Chase Claudia s'il te plaît?

Ses yeux prennent un éclat meurtrier lorsqu'elle entend ma question. Elle passe une main dans ses cheveux clairs, puis répond.

- Soul, tu sais très bien pourquoi. Chase m'a chassé dès que je n'ai plus pu lui cacher ma grossesse. C'est-à-dire au moment de l'accouchement. Il faut croire que je n'étais pas celle qu'il voulait, et puis de toute façon je n'étais même pas vraiment amoureuse de lui, c'était juste charnel entre nous.

C'est à mon tour de sourire. Ian assiste à notre échange avec une patience surprenante, et nous surveille en jouant avec Alec.

- Bien, lui dis-je. Je crois qu'il est temps que tu cherches une nouvelle demeure, maintenant que tu t'es parfaitement rétablie, tu ne crois pas?

L'hybride adopte un air furieux.

- Ne pense pas que tu vas me donner des ordres Soul. N'oublie pas d'où tu viens, esclave. Ce n'est pas parce qu'un vampire t'as foutue enceinte que la hiérarchie change.

Je n'ai pas le temps de répondre, sens déjà la main de Ian se poser sur ma hanche, protecteur.

- Il se trouve que si, la hiérarchie a changé Claudia.

Je lève les yeux vers Ian. Il ne s'est pas départi de son calme olympien, et je suis agréablement surprise de le voir si peu impulsif. Je me sens mieux, maintenant que je sais qu'il est à 100% dans mon camp. Claudia serre les poings comme une petite fille, mais n'ose plus rien dire. Elle semble presque au bord des larmes. A une vitesse incroyable, elle se saisit déjà d'un bon nombre d'affaires à elle dans la pièce, et il est facile de déduire qu'elle s'apprête réellement à partir. Je souris à mon vampire. Beau travail.

En quelques minutes, elle a déjà tout récupéré. La voilà qui s'approche d'Alec, l'attrape avec un seul bras, et tend la main vers la poignée de la porte.

Je fronce les sourcils. Ce départ est tout de même très précipité, mais bon, ça serait culotté de ma part de m'en plaindre. Le seul qui me manquera est probablement le petit Alec, qui me regarde avec les yeux brillants. Nous nous entendions étrangement bien, et ce bébé est... particulier.

Sa ressemblance frappante avec Chase est une chose, mais ce qu'il dégage en est une autre.
Alec est encore plus pâle que son père, et ses yeux sont plus intenses. Ses cheveux, blonds à la naissance, ont depuis quelques temps commencé à s'éclaircir, entourant sa tête d'une auréole bouclée blanche. Lorsque je joue avec lui, il arrive qu'il arrête ce qu'il est en train de faire, pour me regarder dans les yeux, ou fixer mon ventre.

Comme s'il savait qu'il y a avait une forme de vie à l'intérieur.

Il ne faut pas oublier que Alec est un « spécimen rare ». Il est normalement très difficile pour un vampire et une hybride d'avoir un enfant. Et les grossesses vont rarement à terme. Ainsi, personne ne connaît vraiment les caractéristiques de ce nouveau type de vampire. Alec alterne déjà entre nourriture vampirique et nourriture humaine, ce qui énerve Claudia au plus au point, désireuse que son fils boive du sang comme un vrai vampire. Étrangement, il ne pleure quasiment jamais non plus. Il se contente de nous  regarder, jusqu'à ce que nous devinions ce qu'il attend de nous. Ce que bizarrement nous arrivons à faire à chaque fois.

Un coup de pied dans mon ventre me ramène à la réalité. La douleur me relance, plus forte que jamais, et je serre la main de Ian, qui commence à s'inquiéter. Quelque chose ne tourne pas rond. Tout mon corps semble être anesthésié, mais en même temps je ressens une souffrance aussi forte que celle du venin de vampire. Avant que je puisse réellement avertir Ian, Claudia, inattentive, me vole l'attention.

- Si c'est comme ça que ça se passe ici, je m'en vais! Je retourne voir Chase, et il voudra sûrement de moi, s'il ne décide pas de me tuer. Il acceptera son fils, j'en suis sûre!

Le jeune femme, sans se soucier d'une éventuelle réponse, à déjà ouvert la porte et s'apprête à partir.

Mais soudainement, Claudia se fige. Le temps semble s'arrêter, et l'on entend plus un cri. Je sens que mon coeur s'arrête un court instant de battre. Nous voyons tous la silhouette qui se dessine à l'entrée de notre maison, nonchalamment adossée au mur.
Notre nouvel invité réplique.

- Non, non, non, ma pauvre... tu ne comprends rien à rien, je ne veux aucun de vous deux...

Un sourire carnassier affirme son propos. C'est lui. Il est revenu pour moi.

Je le regarde, effarée, et la douleur me plie en deux. Je sens quelque chose de chaud et liquide couler le long de ma peau.

Chase débarque au moment ou je perds les eaux.