Prologue.

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Assis contre un mur d'un gris délavé où se trouvait quelques lézardes qui semblaient courir sur le haut du bâtiment, une cigarette coincée entre ses lèvres charnues, Shawn aspira une grande bouffée de nicotine, avant de finalement l'éjecter par ses narines, laissant la fumée grisâtre s'évaporer rapidement dans les airs. Ses yeux cuivrés observaient l'horizon, d'un air quelque peu absent, alors que face à lui, se trouvait un vieux terrain de foot auparavant aménagé par la mairie pour le bien de la cité où il habitait, bien qu'à présent, le terrain n'était plus réellement ce qu'il était. Le sol était bitumé, bien que quelques brindilles d'herbe se faufilaient malgré tout hors du béton, tandis que les gages d'un rouge étaient à présent tagués par des lettres qu'il n'arrivait guère à reconnaître de par leur forme. Néanmoins, quelques enfants dont l'âge devait tourner autour de dix ans jouaient avec entrain au foot, avec un ballon qui semblait plutôt mou, bien que cela ne semblât pas les déranger plus que ça. Il entendait leurs éclats de rire, il voyait leur air si joyeux, et ces gamins l'intriguaient en dépit de tout ceci. Malgré le fait qu'ils habitaient dans un environnement quelque peu dégradant, faisant partie d'une classe sociale plutôt basse, ils semblaient heureux et croquaient la vie à pleines dents, étant encore insouciants. Shawn aurait aimé être encore innocent et ignorant du monde qui les entourait. Un long soupir s'échappa de ses lèvres, avant qu'il n'entende un bruit de canette à ses côtés. Visiblement, Christian s'enfilait une énième cannette de bière.

« Tu es à combien de cannettes au juste ? Ton père va te tuer Chris. Fit remarquer Shawn d'une voix neutre.

- Aucune idée, et mon vieux peut bien aller se faire voir, je me moque complètement de ce qu'il peut penser de moi. De toute évidence, il est bien trop tard pour regagner son estime, alors je ne vois pas pourquoi je devrais lutter pour une chose inaccessible.

- Te comporter correctement à l'internat serait peut-être un bon point.

Son regard posé sur son ami de longue date, il vit Christian rouler volontairement des yeux de manière exagérée, comme pour lui signifier qu'il se moquait bien de tout ceci, et même si Shawn le savait, le fait qu'il ait une telle relation avec son paternel le surprenait. Lui était orphelin depuis la naissance et, par conséquent, ignorait tout de ses géniteurs qui semblaient s'être tout bonnement envolés après sa naissance, le déposant quelques heures plus tard devant l'orphelinat. Toutefois, il arrivait à vivre d'une manière que lui trouvait correct, tout simplement par le biais de sa « petite-amie », ou du moins avec l'aide d'une fille qu'il avait rencontrée sur internet : naïve, stupide, et riche. Oui, cela ne se faisait pas, mais celle-ci semblait s'obstiner à lui envoyer l'argent que lui donnait son paternel depuis qu'elle avait pris connaissance de sa situation. Elle le prenait entre autres en pitié, et lui, lui apportait un peu de réconfort, un peu de cet amour pourtant inexistant qu'elle pensait réel. Il lui donnait le sourire, la sortait de sa routine et, en échange, il avait de quoi se payer un appartement complètement moisi, mais qui l'accueillait le week-end et les vacances lorsqu'il n'était pas à l'internat. Christian l'avait souvent qualifié de sournois, de manipulateur, sûrement l'était-il, mais ce n'était pas bien méchant. Il s'agissait d'un accord commun, rien de plus, et qui semblait convenir aux deux. Pas de quoi en faire toute une histoire. Ce n'était pas lui qui était venu réclamer cet argent, mais elle qui avait pris l'initiative de lui en envoyer. De toute évidence, il s'agissait d'une petite somme comparé à celle que son géniteur devait lui remettre à ses moindres caprices. Elle aidait un orphelin qui ne possédait pas de foyer, et peut-être cela lui donnait-il bonne conscience, à elle, tout comme à son père qui lui écrivait parfois. Après tout, il rendait sa fille heureuse, alors il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Sa fille était la chose la plus précieuse au monde à ses yeux, alors donner de l'argent à un pauvre type n'était pas un problème si cela pouvait rendre sa fille joyeuse, lui donner le sourire, et gagner également son affection par la même occasion. Soudain, il entendit un claquement de fenêtre sonore retentir, tandis qu'une voix grave s'élevait dans la cour :

- Christian magne ton cul, le dîner est en train de refroidir !

Shawn reconnut sans mal la voir du paternel de son ami qui grimaça en l'entendant s'adresser à lui de la sorte, ce qui avait créé depuis toujours cette tension qui subsistait entre eux deux, celle que haïssant tant Christian et qui, loin de se laisser mener par le bout du nez, ne se gênait pas pour envoyer son père promener à tout instant. Seulement, il évitait de le faire devant Shawn et lui l'avait bien remarqué. Sûrement était-ce à cause du fait qu'il ne cessait de lui dire que sa relation avec son père pourrait changer, qu'ils pourraient être peut-être pas fusionnels, mais proches. Il savait que le jeune homme à ses côtés rêvait d'avoir une vraie famille et le voir ainsi déchiré avec son géniteur le mettait mal à l'aise, seulement, c'était ainsi. On ne faisait pas ce que l'on voulait dans la vie. Se redressant, Christian épousseta brièvement son t-shirt qui était surmonté d'une tête-de-mort, avant de tendre son poing pour le cogner contre celui du brun toujours assis au sol, sa cigarette coincée entre son majeur et son annulaire.

- À demain mec, n'oublie pas ton uniforme cette fois. Fit-il dans un sourire amusé.

- Les deux heures de colle qui m'ont été données m'ont servies de leçon, je ne pense plus jamais l'oublier à vrai dire. » Répondit Shawn dans un léger rire.

Lui faisant un dernier signe, Christian s'éloigna de sa personne, le laissant seul comme il l'était habituellement, livré à lui-même et libre comme un oiseau. Pourtant, par moment, il aurait aimé vivre avec des règles, avec une famille, être réellement encadré et pas par les femmes à qui il avait dû obéissance à l'orphelinat. Beaucoup de personnes rêvaient de se détacher de ses parents, et lui ne rêvait que d'une chose : en avoir.



*****

Hey ! Oui, je sais que je n'ai pas finis mon autre fiction, mais ne vous inquiétez pas, la suite viendra tout de même. Néanmoins, cette histoire me trôttai dans la tête depuis un petit moment, alors je voulais la commencer - Impatience quand tu nous tiens ~

J'espère que celle-ci vous plaira ! N'hésitez pas comme d'habitude à voter et laisser des commentaires pour m'aider à m'améliorer.

Et merci à Millioon pour la correction de ce prologue.

Kiss ♥

Étincelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant