Phœnix

6. Rechute

Je suis dans le noir. Tout a disparu.

Le silence. Puis quelqu'un m'appelle. Une deuxième, puis une troisième fois. J'aimerais bien lui répondre, mais je ne sais pas comment faire. Je suis perdue. Ou alors, je n'existe plus. J'ai disparu. Je ne sais pas si c'est possible.

On m'appelle. Une voix de femme. Elle vient d'en haut et instinctivement je cherche à m'agripper à quelque chose pour grimper. Mais il n'y a rien, ici. C'est vide. Pas de murs, pas de plafond, pas de sol. Je ne sais même pas comment je tiens debout.

Et puis je sens qu'on me tire vers le haut. On me hisse par dessus le gouffre sans fond où j'étais.

J'ouvre les yeux. C'est comme si je me réveillais d'un long sommeil.

Evan est là, assis à côté de moi. Je suis dans un lit d'hôpital. Je regarde autour de moi, et je réalise que je me trouve à l'infirmerie de l'école. Une femme est penchée au dessus de moi, je reconnais madame Pomfresh.

-Ah! Vous vous êtes réveillée, jeune fille!

-Qu'est-ce qu'il s'est passé?

-Vous avez dû faire une crise...Vous vous êtes évanouie et, poursuit l'infirmière en détournant les yeux, un moment, j'ai bien cru vous perdre...je...Bon, vous devez vous reposer, maintenant! Tenez, prenez ceci...et buvez-le jusqu'au bout!

Non. Il y a quelque chose qui cloche et je veux savoir.

-Madame? Vous avez...cru me perdre, ou vous m'avez vraiment perdue? Je veux dire, est-ce que je suis morte?

Madame Pomfresh s'arrête brusquement dans son geste. Elle me regarde, troublée.

-Mademoiselle, je peux vous assurer que vous n'êtes pas morte, puisque vous me parlez!

-Vous savez très bien ce que je veux dire, madame.

-Wow! Cette conversation est bizarre, vous savez?, nous coupe Evan d'un coup.

Nous le regardons toute les deux d'un air outré. Il nous regarde tour à tour. Visiblement, il ne comprend pas ce qui se passe.

-Ben quoi? Pourquoi vous me regardez comme ça?

Non, il n'a pas compris. Je regarde madame Pomfresh dans l'espoir qu'elle lui dise de s'en aller avant qu'elle appelle un professeur, mais elle soupire en secouant la tête.

-Je ne peux pas lui dire de s'en aller, c'est lui qui t'a amenée ici alors que tu étais évanouie...il t'a veillée pendant trois heures et c'est grâce à lui que tu t'es...réveillée.

-Grâce à...quoi? Lui?

-Oui...je t'ai donné des potions, mais rien à faire, tu ne te réveillais pas...tu faiblissais à une vitesse alarmante...tu as failli mourir, May. Quand je le lui ai dit, il t'a hurlé dans les oreilles de revenir et, va savoir pourquoi, ça a marché, puisque tu t'es réveillée...

Je regarde Evan. C'est lui qui m'a sauvé? Mais alors...il a vu...il m'a vu faire une crise...il va aller le raconter aux autres, et ça va être encore pire!

Je lui prend le col d'une main, me rapproche de lui et lui lance d'une voix acerbe:

-Tu n'as pas intérêt à aller rapporter ce que tu as vu! Maintenant tu sais ce dont je suis capable, donc je te conseille de t'en tenir là si tu ne veux pas que ça recommence!

-Eh! Calme-toi! Je n'ai pas du tout l'intention de dire aux autres ce qui s'est passé! De toute façon, je ne vais jamais les voir. Demande-toi un peu pourquoi on s'est rencontrés alors que tout le monde était au match!