7. L'âme a des raisons que la raison ne connait pas

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Voyant que je la regarde avec un air perdu, Madame Pomfresh m'adresse un vague sourire un peu fatigué, comme si il était usé par les trop nombreux élèves passés un jour ou l'autre dans cette pièce.

-May, tu pourras sortir ce soir si tout va bien.

L'infirmière me regarde d'un air bizarre, je pense que c'est parce qu'elle a appris que moi, une gamine encore à l'école, suis protégée par Dumbledore, le plus grand sorcier de l'époque, et que visiblement elle ne comprend pas pourquoi.

Mais elle détourne les yeux et se remet à la préparation de bandages pour un élève qui s'est fait mordre par un Sombral, dans le lit du fond.

Le soir, je me rends dans la grande salle pour le repas. Je suis à peine entrée que quelqu'un m'interpelle. Evan.

-May! Tu es sortie?

Évidemment, que je suis sortie. Je ne serais pas devant lui, sinon. Qu'est-ce qu'il manque de tact! Bon, moi qui ne voulais pas le voir trop tôt pour éviter d'avoir à le remercier, je suis servie.

-Ben, oui, je suis sortie. Sinon il faudrait que tu te poses des questions, tu serais en train de parler à une hallucination!

-Une hallucination, tu ne crois pas si bien dire! Je n'en croyais pas mes yeux, quand tu as-

-Oui, oui, c'est bon, le coupais-je. On peut changer de sujet?

-Oh. Euh, oui, oui, désolé, j'aurais dû faire attention...Je...

-Laisse tomber. de toute façon je n'ai pas faim. Je vais remonter au dortoir.

-Ça m'étonnerais que tu n'aies pas faim, May. Ça fait trois jour que tu n'as rien mangé.

Il marque un point.

En plus, je meurs de faim. Simplement, je ne veux pas affronter le regard des autres, et puis je ne veux pas que ma sœur se force à me sauter dans les bras parce que je suis censée lui avoir manqué et lui avoir fait peur, ect. Enfin, je suppose que je vais devoir y aller quand même. J'entre dans la salle, mais il est encore tôt, et il n'y a pratiquement personne. Ma sœur et ses amis ne sont pas encore là. Et ça me soulage un peu trop à mon goût.

Je mange le plus vite possible sous le regard d'Evan qui refuse de me laisser toute seule. J'espère que ça ne va pas être comme ça tout le temps, parce que si il continue de se prendre pour mon garde du corps, je ne vais pas le supporter très longtemps. Et puis, il y a quand même quelque chose qui me taraude.

-Pourquoi tu n'as pas peur de moi?

-Pourquoi est-ce que j'aurais peur de toi?

-Ce qui s'est passé...en général, quand les gens le savent, ou se doutent que je suis un danger pour eux, ils s'éloignent...

-C'est ce qu'a fait ta sœur, n'est-ce pas?

Comment il le sait? Comment c'est possible?

-Je...

-Ne cherche pas, je l'ai bien vu de toute façon. Vous étiez très proche avant, et depuis une semaine, depuis que tu soit revenue des vacances de Noël après tous les autres, en fait, elle t'évite...

-Attends, tu ne...tu nous observais?

Il rougit et répond vaguement qu'il observe tout le monde en général. Je ne suis pas dupe, mais j'aimerais ne pas avoir à me méfier de lui, je suis déjà assez épuisée à cacher à tout le monde ce que je suis...

-Euh...tu m'en veux pas? Je t'observais pas vraiment, c'est juste que...enfin...les rumeurs...tu passais des jours entiers à l'infirmerie des fois, en première et deuxième année, tu disparaissais pour aller voir les professeurs, et tu évitais tout le monde en première année, quand on t'approchait tu t'énervais et tu disais que nous ne devions pas nous approcher sous peine de mourir dans d'atroce souffrances...

Je suis estomaquée par ce qu'il vient de dire. Toutes ces rumeurs sur moi, et puis il s'est approché de moi pour m'espionner encore plus et pour pouvoir se moquer de moi avec les autres quand il aurait tout découvert!

Je me lève d'un bond, en lui accordant un regard noir. Je me précipite hors de la salle où je tombe sur ma sœur et ses amis. Comme si j'avais besoin de ça maintenant. Je bouscule l'un d'entre eux en courant, monte les escaliers quatre à quatre et m'arrête devant le portrait de la grosse Dame, essoufflée.

Je donne le mot de passe et la porte s'ouvre, je monte les escaliers et m'engouffre dans mon dortoir.

Je m'effondre, submergée par mes émotions. Des questions se multiplient dans ma tête, j'essaie de recouper les informations que j'ai eues depuis le début de la semaine, pour comprendre ce qui s'est passé. Evan m'a sauvée et emmenée à l'infirmerie, mais tout ça n'était au départ que pour m'espionner et se moquer de moi auprès des autres. Mais on l'évite, lui aussi...Et qu'est-ce ce qui va se passer, maintenant? Il est arrivé comme ça en prétendant m'aider, il a provoqué une crise, et puis là il m'annonce qu'il a fait tout ça parce qu'il voulait plus d'informations secrètes me concernant pour pouvoir vérifier des rumeurs, alors qu'il n'a personne avec qui les partager!

Je m'endors en pensant encore à ce qui s'est passé, et à ce qui va se passer maintenant qu'il sait pour mes crises...

Le lendemain, à mon réveil, je vois une lettre posée sur ma table de chevet. Elle porte un sceau que je ne connais pas mais qui a l'air d'être une armoirie de famille. Je la retourne et je vois un nom inscrit à l'encre sur l'enveloppe.

Evan .

Je repose la lettre. Je ne suis pas sûre de vouloir la lire. Et puis la curiosité l'emporte, je déchire le sceau et j'ouvre l'enveloppe.

May. Je pourrais te dire que je suis désolé, que j'ai dit n'importe quoi, que ce n'était pas mon but premier. Ce n'est pas vrai. Cependant, quand je t'ai rencontrée, j'ai vue que tu étais spéciale.

Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il peut être cliché!

Je sais que tu vas te dire que j'ai l'air d'un psychopathe, et c'est possible, d'ailleurs. Mais tu es vraiment spéciale. Puissante, plutôt. C'est dangereux.

Ça y est, il va me dire qu'il va m'éviter lui aussi, parce qu'il a peur de moi...

Enfin, c'est surtout dangereux pour toi, moins que pour les autres. Je me suis renseigné, (ne me demande pas où, s'il te plaît)

Traduction, il est allé dans la Réserve de la bibliothèque.

...et j'ai appris que plus tu faisais de crises comme celle que tu as faites, plus c'était dangereux. D'abord, tu n'as pas mal, tu fais surtout exploser tout autour de toi, mais les crises suivantes, tu as l'impression de brûler, tu as de plus en plus mal. L'avant dernier stade, c'est le coma dans lequel tu restes presque des mois entiers, et après...c'est la mort.

Eh bien! Génial, son programme! Mais ce que je lis ensuite me glace le sang.

May, n'oublie jamais que si tu uses de cette force pour entrer dans les esprits pour les faire souffrir ou les tuer, ou je ne sais quoi encore, le processus va non seulement s'accélérer mais ton âme...plus tu seras dans le coma, plus tu t'enfermeras en toi, dans ton âme.
Tu ne peux pas mourir, en tous cas pas définitivement, parce que ton âme est vivante, May. C'est ce qui fait de toi un Obscurial Avancé. En refusant tes pouvoirs quand tu étais enfant, que ce soit volontairement ou pas, tu as modifié magiquement ton âme, de façon à ce qu'elle soit une partie détachée de ton esprit, indépendante.
C'est un cas très rare mais je pense que c'est ce qui t'arrive. Il y a un témoignage...qui dit que quand un Obscurial Avancé tombe dans le coma en apparence, l'âme se détache complètement de son corps pour se préserver, parce que le corps est en danger.

Ça veut dire que si ça arrive trop souvent, ton âme va se détacher définitivement de toi.

Mon âme...Merlin. Comment c'est possible? Je ne sais pas pourquoi, je le crois. Mais en même temps, j'ai déjà fait de nombreuses crises, j'ai déjà tué des hommes, été dans le coma, je suis morte, aussi.

Alors peut-être qu'au fond de moi, je ne m'étonne plus que la situation empire encore.

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Helloooo! Comment trouvez-vous ce chapitre? J'espère que ça vous plaît toujours et je vous dis bonne lecture du prochain chapitre!

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