Chapitre 29

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À peine sommes nous arrivés devant les casiers que la cloche retentit. J'ai cours d'anglais, et je n'ai pas envie d'y aller... Tyler, lui, a cours de maths. Je soupire. Il pose ses deux mains sur mes joues et me regarde de haut en souriant. Je lui souris à mon tour, essayant tant bien que mal d'oublier la sensation de ses mains contre ma peau.

Puis, il dépose un tendre baiser sur mes lèvres avant de me murmurer un « À tout à l'heure». Les joues roses et avec le sourire, je le regarde s'en aller vers sa salle. Je ferme mon casier avant de partir en direction de mon cours d'anglais. Quelques cahiers sur le bras, mon sac sur une épaule et les yeux rivés sur mes chaussures, je marche tranquillement quand je sens quelqu'un me tirer en arrière. Je manque de tomber mais me rattrape in extremis. Qui a bien pu faire ça ?

Je me retourne lentement, redoutant le visage que je m'apprête à voir. Mais à peine ai-je le temps de me tourner qu'une main gifle ma joue. Cette claque est si violente que je tourne sur moi-même. Déboussolée, je lève les yeux vers la personne qui m'a frappée.

Quand je vois le visage de Margaux rouge de rage, je prends peur. Ses yeux bouffis sont tout mouillés, des larmes perlent encore sur ses joues. Elle me regarde d'une manière si haineuse et à la fois si triste que j'en suis déstabilisée. Elle est essoufflée, et respire fort, comme si elle essayait de contenir sa colère. Elle me fixe si intensément que j'ai peur qu'elle me saute au cou.

Je devrais être énervée contre elle, et vouloir la gifler à mon tour, mais non. Au contraire, je compatis. Ou plutôt, je culpabilise. Si elle est dans cet état-là, c'est évidemment parce que Tyler l'a quittée pour moi. C'est de ma faute si elle est aussi triste. Je me sens soudainement minable, égoïste et méchante. Je lis dans ses yeux la douleur qu'elle a éprouvée et, même si c'est une garce narcissique et insupportable, je ne peux m'empêcher de me sentir désolée pour elle.

À ce moment-là, je ne sais pas quoi faire, ni comment réagir. Alors, je la laisse parler et ne dis rien.

- Tu me l'as volé ! Me hurle-t-elle entre deux sanglots. T'es qu'une garce !

Elle me pointe du doigt, et je commence vraiment à avoir peur.

- Margaux... Je... Bafouillé-je.

- Non ! Je veux pas savoir ! Me coupe Margaux.

Une larme s'écoule du coin de son œil.

- T'avais pas le droit, Leïla ! Continue-t-elle. Je l'aime, et lui aussi ! C'est moi qu'il aime !

J'écarquille les yeux, choquée par ce qu'elle vient de dire. Elle insinue que Tyler la préfère, elle ?

- Il t'aime pas ! C'est juste pour me faire du mal, qu'il sort avec toi ! Crie-t-elle alors que je me décide à repartir.

J'accélère le pas vers ma salle de classe. Je n'ai pas envie de lui parler. Du moins, pas maintenant. Quand elle sera calmée, peut-être. Ou sans doute jamais... Je jette un regard derrière mon épaule et à mon plus grand soulagement, je constate qu'elle ne m'a pas suivie. Au lieu de ça, elle pleure dans les bras d'une fille, complétement effondrée. Je ne peux m'empêcher de me dire que, pour une fois, la garce dans l'histoire, c'est moi.

***

À la sortie des cours, je me dirige directement vers la salle de Tyler. Tête baissée, j'essaie de ne croiser le regard de personne. Je n'ai rien écouté de mon cours d'anglais, je n'arrêtais pas de penser à la remarque de Margaux. «S'il sort avec toi, c'est juste pour me faire du mal !». Et si c'était vrai ? Je me suis aussi sentie coupable et Margaux m'a fait de la peine.

Donc, je marche d'un pas rapide et arrive devant la salle de Tyler. Je m'adosse au mur à côté de la porte, attendant qu'il sorte. Je vois plusieurs élèves passer, et au bout de quelques secondes, Tyler est là. Il est en train de parler à Nicolas. Quand il me voit, son regard pétille d'étincelles qui me réchauffent le cœur. Il me sourit, et ne me lâche pas des yeux. Puis, après avoir fait signe à Nicolas qu'ils se parleraient plus tard, il vient vers moi.

Je le prends par la main en me forçant à sourire. Nous marchons côte-à-côte quand il me demande si je vais bien. Comme je réponds négativement, il s'arrête net et fronce un sourcil.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Me questionne-t-il.

Est-ce que je lui dis ? Je lui raconte ? Après tout, il a le droit de savoir...

Je lui tire le bras pour lui faire comprendre que j'ai envie de continuer à marcher. Il obtempère, et je comprends qu'il attend une réponse. Alors, je dis :

- C'est Margaux...

- Qu'est-ce qu'elle a fait encore ?

- Elle... Elle m'a... Giflée, je finis par souffler.

Tyler écarquille les yeux.

- Quoi ?! S'étrangle-t-il. Comment ça ? Quand ?

- Avant d'aller en cours...

Il passe une main sur son visage, pousse un profond soupir puis pose une main sur ma joue meurtrie (je ne sais absolument pas comment il a fait pour deviner laquelle c'était).

- Elle t'a fait mal ? Demande-t-il, inquiet.

Le fait qu'il se préoccupe de moi me fait du bien. Il est attentionné et veille à mon bonheur, ce qui montre qu'il est attaché à moi, et que Margaux a tort.

- Oui, je réponds.

À ce moment-là, je vois dans les yeux de Tyler de la colère noire. Il relève la tête, l'air déterminé. Je vois sa pomme d'Adam monter puis descendre dans sa gorge, et constate que sa mâchoire si bien dessinée est serrée. Je le sens mal. Très mal.

- Elle t'a fait mal... Marmonne-t-il entre ses dents.

Comprenant que ça va mal tourner, je me précipite vers lui, le regarde dans les yeux et lui dit :

- Tyler, c'est bon ! C'est pas grave, elle a eu raison de me gifler.

Il baisse la tête vers moi, perplexe.

- Comment ça ?

- C'est de ma faute si elle est malheureuse, alors cette gifle, je l'ai bien méritée, expliqué-je. Ne te mêle pas de ça, c'est fini, je souffle.

- T'es sûre ? Me demande-t-il.

- Certaine.

Il hoche la tête, et je pousse un soupir de soulagement. Puis, je m'approche de lui et le prends dans mes bras. Il répond à mon câlin et me serre fort contre lui. Ma tête est posée sur son torse, et je sens son cœur battre contre mon oreille. La chaleur de son corps est réconfortante, alors que l'odeur de son parfum est enivrante. Je me sens bien dans ses bras.

- Elle n'a pas intérêt à s'en prendre à toi, je l'entends murmurer.

FAKE. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant