Chapitre 20

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Wektu resta planté là, comme s'il avait été foudroyé par la foudre. Derrière lui, les trois fugitifs s'approchèrent en courant et le tirèrent en arrière. Le Porte-Rêve se sentit tomber à genoux et une lame froide vint caresser sa gorge, mais il n'avait d'yeux que pour Aldrianne.

Le tempête grondait dans ses yeux, menaçant d'éclater à n'importe quel instant.

- COMMENT OSEZ-VOUS ?

La question, encore une fois, le frappa en plein cœur, et il vacilla. C'était pourtant bien elle. La jeune femme était aussi resplendissante que dans ses souvenirs malgré la colère qui assombrissait ses traits. Soudain, une idée traversa son esprit.

Elle fait semblant.

Il se raidit, sa main descendant discrètement vers sa dague. Pourquoi faire semblant de ne pas le reconnaître ? Les autres membres de son groupe étaient-ils des imposteurs à la solde de la personne qui avait ordonné l'assaut de Neros, quelle qu'elle soit ? Aldrianne était rusée. Wektu décida donc de jouer le jeu : il s'aplatit au sol, se prosternant devant elle, et s'écria :

- Milles excuses ma Dame ! Je vous ai prise pour quelqu'un d'autre ! J'implore votre pardon.

Cette réponse décontenança la Cristalliseuse, qui demanda d'un air méfiant :

- Quel est donc votre nom ?

- Wektu Sylvebrise, Porte-Rêve d'Orepale, pour vous servir.

- Pour me servir comment ? En m'embrassant à l'improviste ?

- Je vous l'ai dit Ma Dame, c'est une terrible méprise de ma part. Je vous ai prise pour une autre, qui compte beaucoup à mon cœur.

Neija surgit alors à côté de lui.

- Tu as pourtant dit que tu cherchais une certaine Aldrianne, n'est-ce-pas ?

Wektu retint son souffle. Il était piégé. Aldrianne n'était pas un nom très courant dans l'Empire, et encore moins dans ces régions. Il se tut donc, croisant le regard de la jeune femme d'un air implorant.

- Réponds quand on te parle, chien !

Toute trace de compassion avait disparu du visage de Neija quand il cracha ces mots. D'un coup de botte bien placé, il envoya le Porte-Rêve valser parmi les feuilles, et s'apprêtait à recommencer quand Aldrianne s'interposa à son tour entre lui et sa cible.

- Assez ! Comment voulez vous qu'il s'explique si vous l'empêchez de parler ? (Elle se tourna alors vers Wektu, qui essayait tant bien que mal de se redresser). Levez-vous, Messire Sylvebrise, vous avez des choses à m'expliquer, me semble-t-il.

D'une main ferme elle l'aida à se relever, puis le tira à l'écart du groupe, ignorant les protestations de Nei. Lorsqu'ils furent hors de portée d'écoute, Aldrianne croisa les bras devant sa poitrine.

- Je vous écoute.

- Oh Aldrianne, comme c'est bon de te revoir ! s'exclama le Porte-Rêve à voix basse en se jetant dans ses bras.

La jeune femme recula prestement, tirant un fin couteau de sa ceinture.

- Vous plaisantez, j'espère.

Sa voix s'était faite glaciale, plus tranchante que le fil de sa lame. Wektu s'arrêta net, regardant autour de lui, puis chuchota :

- C'est bon Aldrianne, tu peux arrêter la comédie, personne ne t'entendra.

Il s'approcha de nouveau, et la jeune femme, loin de se détendre, pointa la pointe du couteau droit vers sa gorge.

- Un pas de plus, et je vous jure que Porte-Rêve ou pas, je vous tranche la gorge et je vous regarde saigner jusqu'à ce que mort s'en suive.

Porte-RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant