Chapitre 25

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Le cœur léger, Eriel Destran, désormais Mémoire d'Orepale, se rendit à la salle des Parchemins. Comme l'avait prédit Falkas, elle s'ouvrit devant lui au moment où il apposa sa main sur la pierre.

Il pénétra dans la pièce, qui n'avait pas changé depuis la dernière fois. Sur la table en bois, le jeune homme trouva les instructions de Falkas ainsi qu'un étrange bijou, qu'Eriel reconnu tout de suite : c'était son collier. Il ne le lâchait jamais et l'ancien étudiant fût touché par cette marque de confiance. Avec ces objets, le vieil homme avait laissé un message :

"À lire une fois sorti de la ville."

Ces simples mots réveillèrent une légère douleur chez lui. Eriel ne voulait pas partir et encore moins laisser Falkas derrière lui, mais ce dernier avait bien insisté sur l'importance de sa mission.

Il s'empara donc des documents ainsi que de la pierre et sortit des Archives d'un pas pressé. Dehors, les cors de guerre continuaient de résonner, couvrant le hurlement des soldats. Eriel n'avait aucune idée de ce qui se jouait sur les murailles mais il savait qu'il devait sortir avant qu'il ne soit trop tard. Il se dirigea donc vers la Porte Est, songeant déjà à la façon dont il allait sortir discrètement. Il allait falloir esquiver les nombreux gardes, peut-être se frayer un chemin dans les lignes ennemies. Tout en marchant, Eriel caressait pensivement sa barbe naissante, un geste qu'il tenait de Falkas.

Le Mémoire avait espéré que de mauvaises conditions météo empêcheraient l'avancée des troupes, ce qui lui permettrait de mieux se préparer pour son voyage qui durerait des semaines. Pourtant, seule une lourde pluie avait commencé à tomber quand il était sorti des Archives. Maintenant, il pressait le pas, rabattant sa capuche sur sa tête, priant pour qu'un orage éclate et que la pluie se transforme en grêlons mais rien de tout cela n'arriva et il atteignit finalement la grande porte.

À travers les gouttes, Eriel distingua le corps de garde. De sombres nuages s'étaient amoncelés dans le ciel et la luminosité déclina rapidement. Deux torches brûlaient autour du bâtiment, éclairant faiblement les alentours, projetant l'ombre d'une petite dizaine de soldats sur les murs de pierre.

Le jeune homme, après un rapide calcul, tenta la discrétion. Mieux valait avertir le moins de monde possible de son départ. Falkas n'avait pas particulièrement insisté sur le secret de sa mission mais Eriel estimait que cela serait plus sûr ainsi.

À peine avait-il fait un pas en direction de la porte qu'une voix grave surgit dans la semi-obscurité, accompagnée du son reconnaissable d'une épée glissant d'un fourreau.

- Qui va là ?

Le Mémoire soupira. Au moins les gardes connaissaient leur travail. Il en fut en partie rassuré. Aussi, il leva le bras en s'avançant dans l'aura de lumière, bien visible afin qu'ils ne sonnent pas l'alerte.

- Enery Destran, Mémoire d'Orepale.

Malgré lui, il sourit, goûtant l'effet que produisait son titre.

- Enery Destran ? T'étais pas l'étudiant du Mémoire Falkas ? fit un des hommes en avançant vers lui une autre torche.

- Je l'étais, mais on dirait bien que j'ai été promu.

Il y eut un éclat de rire. Le garde lui fit signe de s'approcher afin qu'il puisse voir son visage, ce qu'il fit sans hésiter.

Il y avait bien huit soldats, comme il l'avait estimé. Le plus jeune devait avoir son âge tandis que le plus vieux était assis dans une chaise sur le pas de la porte et le scrutait attentivement. Avisant la cape caractéristique des Mémoires, ils firent tous le salut conventionnel - la main à plat contre le front. Soudain, une figure se détacha d'entre les gardes, et approcha à grandes enjambées.

Eheren.

Le soulagement traversa le corps d'Eriel comme un torrent sauvage lorsqu'il vit la Porte-Rêve, qui, à part une épaule bandée, semblait en pleine forme.

Elle lui tendit son bras valide pour lui serrer la main.

Porte-RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant