Chapitre 17

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Malgré la pluie battante qui commençait à tomber sur la ville, l'alerte fut rapidement donnée et des gardes s'éparpillèrent dans toutes les rues. Falkas savait qu'ils ne trouveraient rien. Les responsables étaient des professionnels, capables d'abattre rapidement et dans le silence un bataillon complet d'homme armés et expérimentés. Bien entendu, les Parchemins avaient disparu. Le Mémoire se trouvait donc encore une fois avec une énigme sur les bras, sans le moindre indice. D'abord l'explosion des Archives, puis l'apparition du Tue-Ecrit et enfin la disparition des Parchemins.

Le vieil homme se réfugia donc chez lui, et s'installa devant la vaste cheminée pour réfléchir confortablement. Un grand feu y était allumé, diffusant une douce chaleur au milieu du bruit apaisant du craquement des bûches. Les flammes vacillèrent quand Eriel surgit en coup de vent dans la pièce, la mine visiblement inquiète. Quand il vit Falkas il poussa un soupir de soulagement et vint se poster sur le fauteuil d'à côté.

- Qu'est ce qui s'est passé exactement ? J'ai entendu les gardes poser des questions un peu partout en ville et j'ai dû lutter pour entrer ! Heureusement que le gouverneur Borl passait par là sinon j'étais bon pour passer la soirée dehors !

- Vingt gardes, fit Falkas d'une voix morne et fatiguée.

- Non, ils étaient juste trois ! D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'ils étaient là ?

- Vingt gardes royaux, en armure intégrale et en état d'alerte maximale ont été tués dans la salle restreinte. Les Parchemins ont disparu.

De longues minutes passèrent avant que quiconque ne parle. Dehors, un vent glacé soufflait contre la maison, faisant gémir les murs et le toit. Falkas devinait que des centaines de questions devaient se presser dans l'esprit du jeune homme, mais quand celui-ci s'exprima, c'était d'une voix calme et posée.

- Qu'allez-vous faire maintenant ?

Le Mémoire se tourna vers l'étudiant.

- D'abord tu vas devenir Mémoire, ensuite nous irons à Jelath, au Sanctuaire.

Eriel, qui s'était redressé pour écouter le vieil homme, retomba dans son fauteuil, presque sonné. Quand il reprit la parole, tout son calme semblait disparu, laissant place à une extrême agitation. Il se leva d'un bond.

- Moi ? Un Mémoire ? Mais je n'ai même pas passé l'examen ! Il me faudrait au moins trois ans de plus pour y arriver ! Le seul moyen serait de déclarer l'état d'urgen ... Il s'interrompit brutalement. Falkas savait qu'il avait compris.

- J'ai moi-même déclaré l'état d'urgence. A l'heure où nous parlons, Elthan lève une armée pour protéger la ville. Les forgerons ont tous allumé leurs forges et les premières armes commencent à en sortir. Les portes de la ville sont fermées et quatre bataillons sont chargés de leur protection. Déjà, l'ombre de la guerre s'étend sur le royaume et seul l'acier rougeoyant pourra apporter la lumière.

- La guerre ? Mais contre qui ? Et pourquoi ?

- Celui qui a dérobé les Parchemins possède une équipe d'élite et est désormais capable d'anticiper tous nos mouvements. Nous ne partons pas en guerre contre quelqu'un, mais la guerre va venir à nous, qu'on le veuille ou non et nous devons être prêt quand elle sera là.

- Et quand pensez-vous qu'ils passeront à l'offensive ? interrogea Eriel.

- Ces chiens ont été suffisamment sympathiques pour nous prévenir que la ville tombera d'ici trois jours. Ils pourraient donc attaquer demain, ou dans trois jours, s'ils pensent remporter rapidement la bataille.

- Demain, fit l'étudiant, pensif. Il nous faut un plan de bataille dans ce cas. Une lueur d'intelligence brillait dans ses yeux bruns.

Falkas sourit difficilement. Le jeune homme continuait de l'étonner. Il venait d'encaisser à la fois la nouvelle de sa prochaine promotion au rang de Mémoire et l'annonce d'une guerre et pourtant il était déjà en train de planifier une stratégie.

- Doucement mon garçon. D'abord nous allons manger, ensuite nous discuterons. Je meurs de faim.

Ils partagèrent un dîner copieux mais silencieux, les deux hommes étant plongés dans leurs réflexion. Enfin, Falkas repoussa son assiette et déclara :

- Je connais quelqu'un qui pourrait nous aider.

- Qui ça ?

- Tu verras bien, nous allons la rencontrer demain, à l'aube.

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