The Departure

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Mes valises étaient posées sur le ponton, mes lunettes de soleil sur le nez, un faux sourire sur mon visage, j'étais revenue aux sources. Derrière moi, les ruines d'une ville détruite par les vents se dressait. Le ciel était perçant, me rappelant d'immenses souvenirs enterrés dans le sable. 

C'était les vacances de noël. Mais le temps paraissait chaud. C'était agréable. Je me croyais en été avec ma dégaine. Dans mon aventure, j'avais laissé Alex avec le petit et j'avais prévenue à Charlie, mon arrivée. J'avais négocié avec elle pour qu'elle me laisse dormir chez ses grands parents. 

Je marchais lentement dans les rues désertes, seules quelques bâtisses étaient encore entretenues et habitées. Sancreek était morte. Emportant avec elle le passé douloureux et les histoires périlleuses qui s'étalaient à travers les siècles. 

Charlie m'attendait au bas de la porte, elle aussi avait décidée, pendant les fêtes, de s'installer chez ses grands parents le temps d'une petite semaine.

Elle m'avait manquée. Au loin, je la voyait agiter ses bras, excité de me retrouver ici, à Sancreek. Mais elle ne savait pas que j'étais venue pour elle.

- Ma chérie comment ça va ? Lâche t'elle quand je commençais à monter les marches de l'entrée.

- Écoute, bien et toi ma Charlie ?

Et je la pris dans mes bras. Une sensation d'époque malgré le peu de distance qui nous séparait à San Francisco, ça faisait longtemps que je n'avais plus ressenti ça.

- Super. Comment va le bébé ? Dit elle en fermant la porte derrière moi.

La maison était petite, vieillotte, toujours les mêmes meubles depuis dix ans, les mêmes murs crépis, la même odeur poissonneuse ancestrale que toute famille de pêcheurs connaît. Encore une fois, cet endroit me replongea en enfance. J'y allais quelques fois pour prendre le goûter après une journée de ramassage de coquillages avec Charlie. On avait droit à des calissons et des petits biscuits aux myrtilles que sa mamie allait chercher dans les montagnes. En cette période, la neige allait engloutir les sommets qui se cachaient derrière Sancreek.

- Alix se porte bien. Petit filou à son âge mais tout va bien.

- Et t'es venue toute seule ?

- Ouais, Alex garde le bébé, on allait pas l'amener ici pour peu de temps etc. Et tes grands parents ils sont où ?

- Au phare ou sûrement dans les montagnes.

- Sérieux ? Il est tout neuf ?

- Bah ils essayent de le rénover mais ça reste fragile. Surtout qu'ils sont aussi vieux que ce phare donc bon, si le phare casse, ils cassent aussi. Rigole t'elle.

Je rigolais faussement. Je ne pensais pas à rigoler dans ma tête. Je voulais m'expliquer avec elle. Parce que j'ai découvert quelque chose qui me perturbe.

- Charlie ?

- Oui ? Répond t'elle, contente de me revoir.

- Je suis allé voir mon père il y a quelques semaines.

- Oh. Dis moi.

- Et il m'a dit quelque chose lors de ma visite. Ça m'a interloqué et je trouvais ça logique et à la fois louche.

- Raconte moi.

- On est meilleures amies on est d'accord ?

- Bien sûr.

Elle me prit les mains et s'assit sur une chaise de la table à manger.

- Mon père m'a dit que tu as eue une relation avec Nick...

Elle lâcha mes mains.
Elle remua la tête.
Elle était embrouillée.
Comme si elle se remettait les idées en place pour justifier ce que j'avais dit.

- C'est à dire ?

- Vous étiez proches. Il m'a dit qu'il vous avez vu lors de sa sortie pour tuer Nick. Main dans la main, ce que j'ai vue aussi, mais il m'a dit mot pour mot "ils se sont embrassés langoureusement comme si c'était la dernière fois qu'ils allaient se voir".

- Allison, tu sais que ton père est malade dans sa tête...

- Dis moi la vérité. Coupais je.

Elle inclina sa tête vers le sol et lâcha une larme.

- C'est possible oui.

- Très bien. Répondis je.

À cet instant précis, je souleva ma valise.

- Où est ma chambre ?

Elle me pointa la pièce du doigt, la porte cachée au fond de la cuisine.

Je faisais comme si je m'en fichais. J'ignorais ses regards, ses pleurs. Elle me parlait mais je ne l'écoutait pour autant.

- Allison, je, je suis vraiment désolée. C'est pas moi qui était amoureuse. C'est lui qui m'a embrassé. Regarde ! Il aimait Léana aussi !

- Cette salope est morte. Lui aussi. Maintenant c'est du passé.

- Donc tu me pardonnes ?

- Je n'ai jamais insinué ça.

J'avais compris pourquoi elle avait pleurée à l'enterrement de Nick. J'avais compris pourquoi. Pourquoi elle était comme ça. De me dire de choisir entre les deux. Pendant tout ce temps elle voulait que je me mette avec Alex. Parce qu'elle aimait le garçon des flammes.

Voilà comment l'amitié peut détruire. Autant que l'amour. Je me sentie trompée, trahie, qu'une lueur de poussière aux yeux de Nick et Charlie.

Je compris une chose aujourd'hui. Ne jamais croire en ce qui pourrait nous rendre heureux. Parce que ça peut aussi nous détruire...

𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant