Behind the Mask

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Il fallut que quelques débats et quelques agitations pour que les habitants quittent la ville. Ils partaient dans la précipitation, certains enfants pleuraient, d'autres parents hurlaient pour lâcher pression devant mon ancienne maison, pour faire ressortir toutes les abominations que mon père nous a fait vivre. 

Au début il y avait mon histoire passionnante et ardente avec Nick. Et maintenant il y a cette histoire. Celle où mon horrible père revient. Mais entre ces deux histoires, il y a eu un fossé. Un fossé vide, sans déchainement, un fossé qui a duré deux ans. Mais ce fossé allait continuer encore longtemps, un fossé de paix, de bonheur et de liberté. Parce que je l'ai décidé, ce cauchemar allait se terminer.

Pendant un temps de repos avant l'enchainement du chao, je fis une courte pose, assise sur le sable froid et gelé, à contempler des vagues noyées de rage. L'océan se déchaina à son tour. Il résonna encore avec ma conscience. Le ciel était noir, un air toxique, celui de la mort. Il fut seulement quelques secondes pour m'apercevoir que le ciel était couvert de nuages de fumée. Derrière moi avait explosé le premier bâtiment. La mairie. Je me retourna alors et vis une agitation de feu et de poussière se remuer dans l'atmosphère. Alex était encore à la maisonnette, sûrement avec Charlie qui est revenue. Et la maison avait ses chances d'être le prochain bâtiment à exploser. 

J'étais pétrifiée mais je marchais. J'étais au bord de la mort mais j'étais vivante. Et quelques secondes plus tard, alors que j'allais rejoindre Alex, une autre explosion jaillie. Le sol trembla faiblement mais je tomba sur les genoux, comme si je m'effondrai avec Sancreek. J'avais encore prédit, la maisonnette avait explosée à son tour.

J'entendais le malheur me siffler à l'oreille et me narguer. Il ricanait bêtement comme mon père. Mon père était mon propre malheur. Le malheur de nous tous. 

La police arriva, Emma, la sœur de Nick, passa devant moi, sans me regarder, épaulant ses parents. Je les voyais partir sans aucune affaire, les poches vides, dévastés. Des braises tombaient du ciel, mêlées à des flocons qui traversaient l'épaisse fumée, qui elle consumait mes poumons. Une fin atroce. Je pleurais seule, pensant à Alex et Charlie, réduits sûrement en poussières. Mais un tapotement sur mon épaule me fit retourner. Charlie était là, une atèle au bras, aux côtés de ses grands parents. Et je vis Alex. Il me prit la main et me releva. Dans mes larmes, je l'embrassa de toutes mes forces jusqu'à lui mordre la langue. 

La police faisait le tour des rues pour trouver mon père. Mais impossible de le retrouver. Les bâtiments continuaient à s'effondrer. Quelques policiers réussirent à désamortir quelques bombes mais certains finissaient dans les cendres, brûlés vifs par les explosions. 

Nous étions au bord du précipice, posés sur le sable, les vagues nous regardant. 

- Allison tout va bien ? Tu vas bien ? Me lâcha Alex paniqué.

J'acquiesça de la tête. J'étais dans un état pitoyable. Mes cheveux étaient lâchés dans l'air, mon visage salit par la poussière et mes vêtements recouverts de cendres. Je tourna mon regard vers le phare. La lumière tournait déjà. Je compris alors qu'il était dedans, mon père, dans la pièce de la lanterne. 

Je me leva et courus, sans aucun souffle. J'étais épuisée. Je monta les escaliers du plus possible que je pouvais et entra donc dans la pièce. Le temps s'arrêta quand je découvris cette scène des plus horribles. Le sol était couvert de vin rouge, des bouts de verres éparpillés dans la salle, le bouchon en liège était à mes pieds. Une chaise était renversée au sol et une corde dont Georges s'y était pendu était accrochée au plafond. Je vis son visage démoniaque emparé d'un sourire, le torse couvert de vin. Il a voulut boire. Boire avant de mourir. Boire au nom de sa gloire. Il avait gagné. Et perdu. 

Ce que les policiers retrouvèrent en plus dans le phare était une lettre, écrite à l'encre par mon père. Il y expliquait sa victoire et pourquoi il avait choisi de détruire sa ville. Et Sancreek continuait de s'effondrer, une ville devenue impuissante. 

Cette fin était terminée. Une fin sans retour en arrière, un soulagement. 

𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant