Hell in Heaven

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- Allison, tu sais que tu peux tout me dire. Qu'est ce qu'il s'est passé ? M'interroge Charlie.

- Je sais pas, il était là, il attendait que je me montre...

- Tu sais pas qui c'était ?

Je secoua la tête négativement.

- Merde. Lance Charlie. C'est ces flèches là ?

Et elle prit les deux flèches de la poche de ma veste. On était dehors, au bord de la mer, les pieds dans le vide, assises sur un ponton.

- Qu'est ce qu'on fait dehors alors ? T'es en danger Allison !

- Je sais.

- On appelle la police.

- Non. Ca servira à rien. Il se cachera et reviendra quand il en aura l'occasion. La seule chose qu'on peut faire c'est partir.

Et je me releva, frottant mes fesses pour les réchauffer, ma tête dans ma capuche. Charlie me suivit, ses mains dans les poches, et nous restons debout quelques minutes à continuer la discussion.

- C'est peut être un mafieux...

- Possible.

Elle ressortit les flèches de sa poche pour scruter un peu mieux les embouts. Il fallut quelques secondes pour que Charlie déchiffre un code.

- Allison, stop. Me dit elle alors que je commençais à marcher. Regarde ce logo.

Sur l'embout des deux flèches se retrouvait le même signe. Un signe que je connaissais par cœur. Je le reproduisais tout le temps quand je signais un mot à la place de mes parents. La signature de mon père.

- C'est pas mon père, impossible.

- Allison, j'ai compris. La théorie du mafieux est peut être réelle.

- Pourquoi tu penses ça ?

D'un coup de tête en montant son menton, elle me dit de regarder devant nous, à l'autre bout du ponton. Et Charlie lâcha :

- Ca c'est un mafieux.

L'homme de ce matin était en face de nous, à quelques mètres. Et ces quelques mètres n'empêcha pas une flèche de traverser l'air glacial de cette journée bien assez mouvementée. La trépidante flèche fonça droit vers nous. Nous n'avons pas eue le temps de la voir simplement. Elle allait à une vitesse incroyable.

Ce n'était pas moi la cible cette fois ci. Charlie s'écroula à mes côtés, les flèches qu'elle détenait s'élancèrent dans le vide pour rebondir sur le bois moisi du ponton et plonger dans l'eau. Le tueur s'en alla en vain. Il partit, loin, me laissant seule, faible, impuissante face à la situation.

Charlie bougeait à peine et les seuls mots qu'elle pouvait sortir étaient :

- Ca fait mal. Je comprends ce que tu as ressentie en apprenant mon aventure avec Nick.

La flèche avait atterrit dans son cœur. Et elle lâcha une larme dans le coin de l'œil, sa peau devenue pâle, ses tâches de rousseurs qui s'exprimaient de plus en plus et sa chevelure de feu sous son bonnet en laine. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Surtout si c'était son heure.

- Allison, promets moi une chose.

- Je ne promets rien. Dis je en larmes.

- Ecoute moi, tu vas prouver à tout le monde que tu es plus forte que n'importe qui. Et je veux que tu tues ce connard. Avec ou sans moi. Et dis à ma famille que je les aime.

- Je ne dirai rien parce que tu ne mourras pas aujourd'hui.

- Allison, je suis vraiment désolée de ce que j'ai pue faire. Je ne suis pas une vraie meilleure amie.

- Tais toi. Comment tu peux être stupide parfois. Rigole je dans mes larmes.

- Je reconnais seulement mes tords. Je les reconnais à peine quand je vais mourir. C'est la fin Allison, et je ne choisis pas le destin, on le prend comme il vient. Simplement, je t'aime sache le.

- Je vais appeler les secours ils vont venir te sauver ! Haussais je le ton.

Charlie avait la tête posée sur mes genoux. Elle me souriait, sa main contre son ventre, les pieds désarticulés, le corps décontracté. Je pris son téléphone de son manteau et elle lâcha, dans un soupir les plus profonds.

- Comment ça fait du bien de enfin respirer.

Les mouettes nous tournaient autour. Leurs cris qui annonçaient une certaine fin. Comme si elles énonçaient de leurs cris sauvages, la mort de Charlie. Mais je gardais encore un espoir. Mais plus le temps passait, plus cet espoir glissait entre mes mains. Charlie fermait petit à petit les yeux et je m'étala sur elle, comme si je pouvais bloquer son âme pour qu'elle ne s'envole pas. Et les secours répondirent à mon appel. Je me releva, les mains en sang, une voix ensanglantée prit la place.

Je me rendis compte en vivant ce moment fracassant, que la vie n'est qu'une partie d'échec, où nous sommes des pions. Et chaque pions finissent par disparaitre par d'autres pions. Charlie a fait une erreur, je le reconnais, mais elle reste une personne humaine, un être vivant, et je peux lui pardonner ce geste incompris. Sa vie était comptée à présent.

Je voulais l'aider et la porter jusqu'au sable mais elle gémissait de douleur à chaque fois que j'enroulais mes bras à son buste. Les minutes passèrent, mes mains dans mes cheveux, faisant les cents pas le long du ponton, j'entendis enfin les sirènes du camion retentir. Les sirènes de l'espoir.

𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant