Oblivion

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Mes paupières s'ouvrirent, le sel qui attaquait encore mes yeux. Je venais de me réveiller, sur le fauteuil du salon, enveloppée dans une couverture, devant la cheminée. J'avais toujours la sensation de nager dans une tempête effroyable. Mais Charlie était en face de moi, sa peau verdâtre, à me tendre une tasse de thé chaud. 

- Allison ? Tu m'entends ? Tu vas bien ? Tousse t'elle.

J'arrivais à peine à faire sortir quelques mots de ma bouche, tellement ma douleur à la gorge serrait mon cou. 

- Oui ça va.

Et je referma immédiatement les yeux. 

Quelques minutes plus tard, je me réveilla, les grand parents de Charlie devant moi. Sa grand mère n'avait pas changée, ses traits du visage n'ont pas bougé,  comme si elle était resté figée dans le temps. Son grand père lui, me paraissait plus vieux que sa femme, des rides prononcés et une allure de vieil homme. D'une voix douce, la mamie de Charlie me caressa le bras.

- Coucou ma puce, ça fait un bon bout de temps que l'on ne s'est pas revues. Reste bien au chaud, nous allons bientôt souper.

Apparemment, le temps est passé vite. Les grands parents de Charlie posèrent alors les couvets sur la table en bois et Charlie se mit face à moi.

- Pourquoi t'as sauté ? Demandais je avant qu'elle ne dise quoi que ce soit.

- Je, je n'en ai aucune idée, c'était sur le moment de la pression, mais là tout va bien.

- Ne refais plus jamais ça. Et comment on a survécus là par contre ?

- Tu t'étais noyée et je me suis réveillée sur le sable à tes côtés. Voilà. Et après je t'ai portée jusqu'à la maison.

- Wow. T'en as vraiment eue la force ?

- Pour les gens qu'on aime, oui.

Je ne savais plus quoi faire et quoi dire dans ma tête. Je ne savais pas si je voulais pardonner Charlie. Je ne savais même pas ce que je ressentais au fond, de la haine, de la tristesse ou du soulagement. J'étais encore perdue dans mon propre labyrinthe que j'ai crée de toute pièce.

L'heure du repas était arrivé, je m'assis sur le banc qui était relié à la table. Et je découvris le sapin qui brillait au dessus de la cheminée. Il était de petite taille, perdant ses aiguilles une à une, par la chaleur d'un feu incandescent. Quelques boules de verres et des pignes de pin faisaient l'affaire. Dehors, le temps était toujours hivernal, le vent faisait trembler la maison, la neige frappait les fines fenêtres et la lune éclairait une nuit sans pareille. Je retrouva enfin pour la dernière fois, cette sensation de convivialité que je connaissais depuis la première fois où j'ai passé la porte de cette maisonnette de bois. Une marmite de pot au feu et une baguette de pain maison étaient disposés sur la table. 

- Oh dis moi, tu fais du pain de France ! Rigole je en m'adressant à Rose, la grand mère de Charlie.

- Vois tu, c'est un délice, la France est un pays dont moi et ma famille sommes très proches. Et mon prénom n'est pas là pour me nommer par hasard. Rigole t'elle également.

- Bon et toi sinon Allison, ta vie à San Francisco, tu t'y plais, ça change d'ici n'est ce pas ? Charlie m'a dis que c'était différent. Enchaîne Henry, le mari de Rose. 

- Complètement, on est habituées à entendre la mer, le vent, mais San Francisco, tu entends les voitures et les bruits de ville. Après on s'y habitue, mais c'est vrai que c'est différent. 

- Et ta mère, que ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vue ! Comment va t'elle ?

- Eh bien écoute Rose, elle est très heureuse d'être mamie à son tour et elle se fait à sa nouvelle vie avec sa sœur. 

- Oh tu as un enfant !? Charlie nous avez pas dit ! S'étonne Henry.

- Oui ! Il a deux ans maintenant. Il grandit et apprend vite ce ptit coquin.

Rose et Charlie sourirent. 

- Bon, si tout le monde va bien alors c'est parfait ! Se réjouit Henry en coupant un bout de pain avec ses mains. 

- Mmh, et l'accouchement était pas trop dur ? Parle Rose, la bouche pleine.

- L'accouchement était quand même un peu dur, mon copain appréhendait un peu mais au final, ça s'est bien passé, sans soucis ni problèmes.

Et je ravala ma salive, l'air gênée. Mon accouchement était en réalité une catastrophe. Alix était sortit par césarienne. Une petite cicatrice se cachait derrière mes petits bouerlés. Mais je ne voulais pas relancer le sujet, rentrer dans les détails pour revenir sur des souvenirs qui restent du loin joyeux. 

Cette nuit là, dans mes rêves du soir, je rêva pour la première fois depuis la mort de Nick, de ses parents. Je rêvais que nous rigolions autour d'un repas bien garni, en leur parlant de leur fils.

𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant