The fate of the ocean

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Des débris virevoltaient dans le vent pour se projeter contre le phare. Les vagues se jetaient contre le sable remué et le vent sifflait dans nos tympans. Ce fut un enfer. Il faisait froid, le phare était vieux et humide, au point de s'effondrer. Mais je voulais redescendre tandis que Lucas me bouscula pour refermer la porte et la bloquer comme il pouvait.

- Tu penses pas que ce serait bien de parler tous les trois Allison ?

J'étais définitivement coincée, prise au piège par deux abrutis qui voulaient notre mort à tous les trois.

- L'ouragan arrive, on va mourir si on reste là ! M'exclame-je.

- Il est déjà là Allison et on est déjà morts. Alors maintenant tu vas nous expliquer le problème avec Léana. Ma petite amie. 

Des frissons me parcoururent le dos.

- Elle, elle était avec toi ?(Il hocha la tête pour un oui.) Elle flirtait avec Nick Jason !

Il ravala sa salive.

- Pardon ? Ce petit connard flirtait avec ma copine ?

- J'ai pas bien entendu, tu l'as appelé comment ? Lâchais-je, les poings serrés.

- Le ptit connard. C'est bien ce qu'il est non ?

Et je le gifla une deuxième fois. Une envie irrépressible de continuer indéfiniment. Il posa délicatement sa main en lâchant un aïe. 

- Si tu veux que je continue à te frapper, je peux encore, dis-je en bougeant ma main pour craquer les os.

Il brandit la hache vers moi pour la jeter contre le sol. Je me décala en courant vers ma droite pour éviter l'attaque. 

- Jason tu fous quoi là ?! Hurle Lucas. 

Et je vis dans ses yeux une soudaine pensée de vengeance et de sang. Il lança un regard meurtrier. La posture droite, les dents serrées, il se montrait puissant. J'esquiva plusieurs de ses tentatives et Lucas rejoignit la salle pour essayer de calmer Jason mais celui ci prit un coup dans la tête par le coude de son copain. 

Face à moi, Jason me fixait. Derrière moi, l'accès au dehors était ouvert. Et sous mes yeux se trouvait la batte de Lucas. Je la pris alors pour me retourner et rejoindre un vent fracassant. Le peu d'espace entre la rambarde et les vitrines rendait ma démarche étroite. Je courus et nous jouâmes à cache-cache pendant quelques minutes. Au loin, je voyais ce que Jason ignorait. Une avalanche de vent qui contrôlait les pulsions de l'océan. Une tempête qui allait nous engloutir. Lucas était toujours inconscient et je vivais un cauchemar. Ma vie était à présent mêlée dans un rêve qui se noyait dans un cauchemar brutal. La peur, le danger et la mort étaient les principaux ressentis de cette journée horrible. Sancreek, une ville tant belle intérieurement, se montrait cruelle à l'extérieur. Depuis l'arrivée de l'amour dans ma vie, j'ai repris des habitudes, comme écrire. J'ai été bouleversée sentimentalement, des secrets ont ressurgis des profondeurs pour empoisonner la surface. Un poison dont personne n'est capable de surmonter et d'oublier. Le seul moyen était la guérison. S'éloigner de notre ancienne vie pour vivre enfin nos rêves. Et je voulais quitter Sancreek. Mais la vie est faite ainsi, le destin en a choisi autrement. Sancreek sera détruite par un vent violent. Peut être seront nous les survivants de cette hécatombe... Mais Jason n'en fut pas épargné. A peine à quelques mètres de moi, il lança des simples paroles avant de lâcher un précieux soupir. 

- Tu sais Allison, dans la vie il y a des hauts et des bas, on ne peut pas être parfait, encore moins quand il s'agit de toi et ta famille. Vous êtes le poison de cette ville. Les fondateurs d'un empoisonnement qui nous intoxique tous car vous ne connaissez qu'un seul sentiment, la jalousie. Et c'est mauvais parce que regarde où tu en es, tu as couché avec Nick, le plus pauvre de la ville, l'ennemi juré de ta famille mais en plus, il est mort par ton père que tu aimais tant. Si c'est pas fou ça ! L'amour t'as bien eu quand même ! 

Et il se figea pour descendre ses yeux sur son torse. Je resta choquée tandis que Jason découvrit l'impuissance qui le rendait faible. Un panneau de fer lui avait transpercé le corps. Son sang se déversa et il tomba sur le ventre, sans plus aucun signe de vie. Un rire nerveux sortit alors de ma bouche pour couvrir le bruit du vent.

C'était fini. L'ouragan atteignit enfin le phare. Une bourrasque de vent nous entoura et la mort nous contourna sans vraiment nous passer à travers le corps. Une chance dont je suis peut être la seule à en avoir eu le cadeau... 

𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant