L'océan commençait à s'agiter violemment. Il faisait gris, l'eau était noire comme le néant, les habitants s'affolaient, d'autres quittaient la ville mais le vent tapait fort. Il sifflait une mélodie chaotique à travers Sancreek. Je restais quelques instants chez Charlie pour ne pas me blesser en sortant. Sa maison nous protégeait du froid et du vent mais ma mère devait s'inquiéter.
- Tu veux quelque chose à boire ? Dit-elle en ouvrant le réfrigérateur de sa petite cuisine.
Je ne répondis pas, mes yeux fixaient la fenêtre où une tempête allait arriver plus vite que prévu.
- D'accord... Reprit-elle en levant les sourcils.
- Oui, je veux bien un verre de lait s'il te plaît.
- Okay je te sers ça ! Tu as prévenu ta mère d'où t'étais ?
- Merci. Alex lui dira sûrement.
- Ok.
- Tu penses qu'on va en sortir vivant de tout ça ?
- Honnêtement, même si j'ai vraiment peur, oui on en sortira vivants.
- J'ai pas peur moi. C'est qu'une tempête après tout. Un ouragan. J'ai vécu plus grave.
- Oui mais c'est quand même dangereux Allison.
Elle me tendit le verre de lait que je commença à avaler par grande gorgée.
Mais mon œil dérapa vers la plage. Je tourna le regard sur le phare et vit au loin la lumière s'allumer et tourner. L'alarme pour alerter les habitants de l'ouragan se déclencha.
- Pourquoi le phare s'allume ? Il est fermé depuis un bon moment Charlie non ?
Elle se déplaça pour se poser derrière moi, toute les deux fixant la lumière éblouissante du phare.
- Il est loin de nous quand même, t'es sûre que t'hallucines pas ? Je le vois éteint.
- Là là ! Regarde la lumière tourne vers nous !
Elle ravala sa salive et acquiesça de la tête.
- Ouais nan c'est pas normal.
- Bon je vais rentrer Charlie.
- Ok ! Rentre bien et fais attention !
On se prit dans les bras et je quitta la maison. Dans le froid, je marchais, mon sang était gelé, mes cheveux décoiffés par la rafale de vent et mes habits trempés par une fine pluie qui tournait au sens du vent. J'arriva chez moi, à moitié mouillée, ma mère me débarrassa de mes vêtements sales à l'entrée et elle demanda :
- Où est ce que t'étais passé ?! Je me suis fait un sang d'encre pour toi !
- Je suis allé faire un tour chez Charlie.
Alex était dans la cuisine, à nettoyer la vaisselle.
- Tu devais pas aller travailler maman ?
- Avec une tempête pareille, je préfère rester chez moi et personne ne doit sortir ! Tu m'entends ?
Je regarda par la baie vitrée le phare. Et je voyais deux silhouettes à l'intérieur.
- Maman...
Je pointa du doigt la tour et elle resta figée.
- Laisse. On ne sort pas.
- Si faut c'est des inconnus et il vont se faire tuer par l'ouragan ! Et ils sont pas censé être là !
- Allison, tu ne sors pas ! Un point c'est tout.
Et elle partit à la cave pour préparer notre abris.
Mais je suis têtue. Alors je sortis quand Alex eut le dos tourné. Je courus sans m'arrêter jusqu'à en être essoufflée. Arrivée à la porte, elle était défoncée à coup de pied et de hache. Des frissons s'attaquèrent à mon dos. Les vagues dérapaient jusqu'à la base du phare à une vitesse incroyable. Les vagues étaient hautes. Suffisamment haute pour mourir d'un coup de surf. Alors dans la pièce de la lanterne, je découvris pour la seconde fois, les mêmes personnes qu'il y avait quelques semaines auparavant. Jason et Lucas. Détruisant le monument de ma famille. Jason tenait une hache. Et Lucas frappait avec sa batte, le vieux matériel qui servait pour la pêche.
- Oh Allison ! On t'as manqué ?! Nous demande pas ce qu'on fait ici, on a toute nos raisons ! Pas vrai Lucas ?!
- Tu as tuée Léana, ton père est un psychopathe et tu trompes tout le monde. Ta famille est une pure merde. Répond t-il à Jason.
Je m'effondra au sol, ma main sur mon ventre, à pleurer. Mais je faisais semblant pour qu'ils approchent de moi. Lucas s'avança alors vers moi pour me narguer, il s'accroupit mais je me releva en tenant son épaule pour lui cogner mon genou entre ses cuisses. Il hurla de douleur.
- Putain ! Lâche Jason.
Je claqua ma main contre son visage et j'hurla de toute mes forces pour que tout s'arrête. Mais c'était déjà la fin. La tempête allait nous engloutir comme de misérables fourmis sous une épaisse couche d'air tueur.

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𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱
RomansaQuand sa vie s'effondre et tout devient abominable. Le cataclysme bouleversant de sa vie au côté de l'amour et de la mort. ~~~~~~~~~~~~~ •partie I : Inventé le mardi 28 avril 2020 Terminé le 19 mai 2020 •partie II : Commencé le 11 décembre 2020 Ach...