Devouring Snow

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Mon cerveau sautait. Mes yeux étaient exorbitants. Je soupirai un bon coup, assise sur le lit repassé de la chambre à coucher. Charlie était encore sur sa chaise dans la cuisine, à sécher ses larmes. Quelques minutes ont fallut pour que Charlie quitte la maison sans que je m'en aperçoive. Je détourna le regard, seule dans la maisonnette. Je me releva alors, ouvrit la porte d'entrée et une épaisse couche de vent gela la pièce. Des bourrasques de vent frappèrent mon visage. Je claqua aussitôt la porte et revins dans la chambre. Dans la précipitation, j'ouvris ma valise et sortis mon manteau. 

Une fois dehors, j'étais persuadée que Charlie avait rejoint ses grand-parents à la montagne. Pendant mon chemin, mon esprit me contredit en court de route. Je repensa à Nick. Des souvenirs remontèrent à la surface. Je voulais les noyer. Mais impossible.

Le vent soufflait, les nuages tournaient et la neige s'abattait. J'étais en hauteur, entre les arbres, à me battre contre le vent pour avancer. Le temps a changé en l'espace de quelques minutes. Je me retrouvais en manteau alors qu'à mon arrivée, je m'étais présenté à Charlie avec mes lunettes de soleil. Rien n'a changé. Le temps, Sancreek... Tout est resté comme avant. Rien n'a bougé.

 Au sommet de la montagne, je vis dans le sol blanc, des tâches de sang imprégnées dans la neige. Je n'en fis pas abstraction. Et mon esprit me dit d'aller en direction de la falaise. Une sorte d'aimant m'attirait vers la falaise. Comme si quelque chose allait se passer. 

En effet, arrivée à la falaise après plusieurs minutes à m'enfoncer les pieds trempés dans la neige, je vis, dressée dans la brume, à travers les flocons de neige, Charlie, une pioche à la main. Au sol, des pierres formaient un tas. Des fleurs fanées étaient coincées entre les petits rochers. Et Charlie tapait à coup de pioche le talus qui semblait être une tombe.

Elle m'aperçut. Elle lâcha l'outil et resta figée. Plantée dans la neige. Je ne compris plus rien. Et je n'entendais rien. Le vent sifflait, l'océan se déchaînait. Tout ce que je pus voir et entendre c'est Charlie me dire :

- Allison, je suis navrée. Pardonne la souffrance que je t'ai fait enduré. J'espère que tu comprendras mon geste. Je t'aime.

Et elle hotta ses habits un par un jusqu'à finir en sous vêtement. Toujours dans l'incompétence de bouger, j'étais paralysée, dans l'incompréhension. Et je regarda avec scrupule, Charlie, dos à moi, marcher en direction du vide, pour tomber dans le néant.

Il fallut un battement de cil, une courte bouffée d'air pour voir Charlie, tomber. À ce moment là, je ne savais pas quoi faire. Le froid avait attaqué mes yeux, mes mains étaient gelées et je pouvais à peine percevoir le bout de la falaise. Je leva ma main, la paume vers le ciel et un flocon se posa délicatement sur ma peau brûlée. À cet instant précis, je me rendis compte du geste de ma meilleure amie. Elle n'était plus là, sûrement en train de se noyer alors que moi, je restais là, à attendre que le flocon fonde.

C'est bon. J'étais revenue à la réalité. Je ferma ma main, enleva mon manteau et me pencha, la tête dans le vide pour espérer voir Charlie. Tout ce que je vis c'était un océan en colère. Des vagues démesurées et une pression de l'eau incroyable. Je recevais même des gouttes de la hauteur où j'étais perchée.
Je me leva alors, recula de quelques pas, et me boucha le nez. En quelques secondes, mon corps a chuté dans l'eau glaciale de l'océan Pacifique. Ma peau brûlait, le sel attaquait mes yeux et mes narines, mes bras ne savait plus quoi faire, mes pieds qui flottait dans le vide. J'étais perdue, déboussolée.

Mais je me rappela que l'océan était moi. Et que j'étais lui. Alors avec mes bras, je chassais l'eau pour essayer d'attraper Charlie. Mais encore une fois, les vagues étaient encore plus fortes que nous. Je remonta à la surface, le souffle coupé, et au loin, je vis des bras flotter. Je me précipita alors en nageant de toutes mes forces et pris Charlie dans mes bras. Elle ne respirait plus. Son cœur battait faiblement, je sentais à peine son corps contre le mien.

J'avais peur que ce soit la fin. Qu'elle quitte ce monde en ce jour d'hiver. Je me rappelais de nos appels qui duraient jusque tard la nuit, nos journées au lycée où elle passait son temps à me défendre contre les autres imbéciles d'élèves. Je me rappelais la soirée où on avait mêlée Charlie au meurtre de Léana. Je me souvenais de tout. Toute notre histoire. Des après midi qu'on passait gamines, à jouer aux poupées au bord de la mer, à faire des châteaux de sables et des parties de ballon. Jusque là  aujourd'hui où je tentais de lui sauver la vie et où je risquais de perdre la mienne.

𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐞𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant