Tout ce que Karma pouvait dire, c'était que l'aéroport de Manhattan était grand. Plus que grand, il était géant et rien que le chemin entre la piste d'atterrissage et le stand à bagages ressemblait à un escape game grandeur nature. Son trajet n'était pas favorisé par les milliers de personnes, des étrangers en voyage d'affaires ou en vacances aux locaux, qui se croyaient évidemment supérieurs et prioritaires aux autres.
Après avoir passé les douanes et récupéré son sac, il sortit de l'immeuble et prit un taxi. Il passa l'heure suivante appuyé contre la fenêtre, le regard vide, à peine intéressé par les grattes ciel et les gens qui défilaient à quelques mètres. Et les trente derniers kilomètres le séparant de Gakushu passèrent, bien que trop lentement à son goût.
Lincoln Park était... diversifié, du moins c'était tout ce que Karma arrivait à en dire. Les abords du lac étaient bordés de verdure, ce qui devait donner une bonne zone de promenade, mais le reste était entièrement constitué de béton et de pierre.
Il descendit en face d'un immeuble du quartier résidentiel, et après avoir payé le chauffeur, il ouvrit la porte et s'engouffra à l'intérieur. Il monta les escaliers jusqu'au sixième étage et après une seconde d'hésitation sonna à la porte.
Il s'apprêtait à sonner une nouvelle fois lorsque la porte s'ouvrit, laissant apparaître le garçon de ses rêves. Il s'était imaginé des dizaines de fois leurs retrouvailles, mais dans aucun des scénarios qu'il avait inventé il avait prévu de rester immobile à le regarder. Pourtant c'est ce qu'il fit. Et l'adolescent n'avait pas changé, ce qui était plutôt normal, mais rassurant.
- Karma... qu'est ce que... Qu'est ce que tu fais là ?
Gakushu se rapprocha de lui et lui effleura la joue, désemparé par son arrivée soudaine. Le rouge l'enlaça assez fort pour l'empêcher de respirer, mais il s'en moquait. Il l'avait retrouvé. Enfin. Asano étouffa un petit rire et déposa un baiser sur son front avant de se détacher. Mais malgré tout, il sentait quelque chose de différent.
- Qu'est ce que tu fais ici, tu ne m'as pas dit que tu venais.
- Tu me manquais.
- Alors que je n'ai plus de nouvelles depuis mon départ ?
D'accord, ça partait sur des reproches. Adieu la déclaration.
- Tu ne m'en donne pas non plus, et je t'ai envoyé des messages.
- Non. Aucun message, et je t'en donnais au début, sauf qu'ils sont restés sans réponses.
Karma allait répondre, lorsqu'une voix se fit entendre depuis l'intérieur. Il eut à peine le temps de lancer un regard stupéfait au roux que Ren vint les rejoindre. La vue de l'assassin provoqua une grimace dégoûtée sur le visage du prodige, que le plus jeune lui rendit avec plaisir.
- Akabane. Toujours un déplaisir.
- C'est marrant, je pourrai dire la même chose de toi.
- Commencez pas vous deux, intervint Gakushu d'un air exaspéré.
- Qu'est ce qu'il fait là ?
- «Il » est devant toi, merci bien.
- Et je ne lui ai pas parlé, donc si il pouvait se taire et se mêler de ses affaires, ça m'arrangerait.
- Tu es venu voir Gakushu, donc c'est forcément mes affaires.
- Pourquoi, parce que tu es son chien ?
- Et tu crois que tu es quoi, toi ? Un sacro saint libre de tout ?
- Assez libre pour t'en coller une si tu dégages pas tout de suite, en effet.
