Karma ouvrit lentement les yeux, et fut immédiatement pris d’un mal de tête. Il se redressa et regarda autour de lui. Il était dans une chambre qui n’était pas la sienne, mais qui ne lui était pas étrangère pour autant. Penché à son bureau, Gakushu Asano semblait concentré sur son travail, ce qui ne l’empêcha pas de se retourner quand il entendit les bruissements de drap.
Lui et Karma se regardèrent pendant quelques secondes, avant que le roux ne se décide à prendre la parole.
-Ça va ?
-Ça peut aller. Qu’est ce que je fais ici ?
-J’ai entendu un cri dans une ruelle, alors je suis allé voir et… Tu étais par terre. Je t’ai ramené ici pour te soigner, mais vu que tu étais inconscient j’ai pas pu faire grand-chose. Il y a la trousse de soins à côté du lit si tu veux. Je vais te chercher un truc à boire, ça te fera du bien.
-D’accord. Merci.
Il lui sourit doucement avant de quitter la pièce, laissant Karma dans sa contemplation. La chambre était simple, des murs blancs, un lit, une armoire, une bibliothèque et un bureau.
-Ça n'a pas changé.
Le rouge se leva en grimaçant et se rapprocha du bureau. Il reconnut vaguement quelques devoirs de vacances, mais ce qui l’interpella fut le cadre qui était posé au bord du meuble. On pouvait voir sur la photo deux enfants de huit ou neuf ans, l'un aux cheveux roux orangés, l’autre aux cheveux rouges flamboyant. Il attrapa la photo et la rapprocha de lui, comme pour vérifier qu’il n'hallucinait pas.
-Oh putain.
Il se rappelait parfaitement du jour où ils avaient pris cette photo. À l’époque, ils se retrouvaient souvent dans un parc, aujourd’hui fermé au public. Ce jour là, Asano allait partir en vacances et ils n’allaient plus se revoir pendant deux semaines. Karma avait demandé à sa nourrice de prendre une photo d’eux, mais jamais il n'aurait imaginé que le roux l’avait encore. Encore moins mis sur son bureau, là où il la voyait dès qu’il travaillait.
Il resta quelques minutes planté là, à se remémorer les souvenirs qu'il gardait de la profonde amitié qui le liait à Asano. Avant, c’était son meilleur ami, son confident, son repère. Et maintenant…
Il était plongé dans ses pensées et ses souvenirs, si bien qu’il n’entendit pas Asano rentrer dans la chambre.
-Je t’ai fait du thé mais si tu veux quelque chose d'autre n’hésite pas. Kar… Heu, Akabane ? Qu'est ce qu’il se passe ?
En disant cela, le roux se rapprocha jusqu’à voir l'objet que Karma observait.
-Oh. Je suis désolé, j’aurai pas dû laisser ça là.
-Pourquoi ?
-De quoi ?
-Pourquoi tu t'excuses ? Si il est là, c’est pour une bonne raison, non ? Alors pourquoi on dirait que t'as honte de cette photo ? Si tu- Aïe putain.
Karma agrippa sa chemise au niveau de ses côtes et gémit de douleur. Asano lui attrapa le bras et le fit s’asseoir sur son lit, en même temps qu’il attrapait sa trousse de secours.
-Je pense que t’as les côtes fêlées. C’est pas très grave, mais évite les mouvements brusques. Heu… Je vais te mettre un bandage donc…
Comprenant où il voulait en venir, Karma déboutonna sa chemise et la retira en même temps que sa veste. Son torse et ses flancs étaient remplis de contusions et de futurs hématomes. Asano commença par appliquer de la crème puis fit un bandage le long de son flanc. Karma l'observa en silence, contemplant son visage concentré.