Chapitre 16

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- J'espère que vous êtes conscient de notre position. Nous accordons une grande importance à notre réputation, qui est à cet instant intacte. Elle doit le rester, et même s'améliorer, si je puis dire. C'est pour cela que notre famille doit présenter un front uni face à nos ennemis. Nous avons pour cela besoin de rallier Karma à notre cause, et faire cesser sa crise existentielle. Nous avons donc décidé de nous installer quelques semaines ici, le temps qu'il faudra pour qu'il s'assagisse. À partir de maintenant, nous allons le surveiller, et lui éviter tout problème. Nous allons le faire changer, et nous avons besoin de l'éloigner des mauvaises fréquentations qu'il a. Vu son comportement d'hier, vous en faîtes partie. Il ne s'était jamais enfui auparavant, et d'après ce que j'ai compris, vous l'avez fréquenté il y a quelques années, et c'est la période où il a commencé à nous désobéir. Je vais donc être clair, vous allez partir de cette maison, et ne jamais en revenir. Vous n'allez plus parler à Karma, et croyez moi je peux le faire surveiller partout, y compris au lycée. Est ce que c'est clair?

Karma serra les poings, horrifié par ce que son père venait de dire. Il glissa un regard à l'intérieur de la pièce ; son père était dos à la porte, Gakushu était assis sur le lit, l'air désemparé. Le roux posa les yeux sur lui, puis reporta son regard vers l'adulte qui se tenait face à lui.

- Si je puis me permettre...

- Dommage pour vous, vous ne pouvez pas.

- Karma est assez grand pour décider de sa vie, et des gens qui en font partie. Je le connais mieux que vous, et je sais ce qu'il ressent. Il me semble que vous n'avez pas ce privilège. Depuis le début de l'année, et la mort de son ancien professeur, il s'est senti mal et a en effet traversé une mauvaise passe. Mais il va mieux. Il a repris ses études de manière sérieuse, il a arrêté de se battre...

- Je ne veux pas en entendre plus. Pour qui vous prenez vous ? Vous n'êtes personne, que les choses soient claires. Vous êtes chez moi et vous vous permettez de m'agresser, sous mon propre toit, à quelques mètres de ma femme et de mon fils ?

Karma se mordit la lèvre et entra dans la chambre, plus énervé que jamais.

- En effet les choses vont être claires. Tu n'es pas mon père, tu n'es pas chez toi et tu n'es pas en mesure de décider de mes fréquentations. Et Gakushu, une mauvaise fréquentation, vraiment ? Moi je dirais plutôt le contraire. Je le pousse à mentir et à désobéir. Lui, il fait de moi une personne meilleure. Et il est bien plus important pour moi que toi et ton «amour paternel». Tu pourras rester ici autant que tu voudras, je ne changerai pas, pas pour toi. Et je ne me rallierai jamais à vous. Ta réputation, tu peux te la mettre là où je pense.

Il reporta son regard vers Asano et lui tendit la main. Ils entrelacèrent leurs doigts et partirent de la chambre, sans prêter plus d'attention au visage scandalisé de l'homme.

- Je suis désolé. Je ne voulais pas que tu entendes ça.

- Tu plaisantes j'espère. C'est mon père qui t'a dit toutes ses horreurs. Enfin bon, je ne regrette pas qu'il l'ait dit. Au moins, c'est clair et ça me fait une raison de plus de le détester.

Gakushu serra sa main un peu plus fort, ce qui fit froncer les sourcils de Karma.

- Je dois rentrer chez moi. Ça va aller avec tes parents ?

- Oui, mais... Est ce que toi ça va aller ? Ton père ne va pas te faire de mal ?

- Peut être qu'il le fera. Mais je sais me défendre, et puis tant que tu me soutiens, ça ira.

- Je te soutiens. Pour toujours.

- Je sais.

Il déposa un baiser sur la joue de Karma et sortit de la maison, se dirigeant vers chez lui. En réalité, il n'était pas sûr que ça allait aller. Son père devait l'attendre de pied ferme, sûrement énervé par la conversation qu'ils avaient eu hier.

Mais oui, il pouvait se défendre. Ils avaient toujours eu une relation compliquée, mais il ne s'était presque jamais senti inférieur à son père. Il pouvait le confronter, que ce soit verbalement ou physiquement.

Il poussa la porte de sa maison avec un peu d'anxiété, mais il se rassura lorsque personne ne vint. Il monta dans sa chambre et s'y enferma, pour se protéger au mieux. Il prit une douche et se changea avant de s'allonger dans son lit, pensif.

Deux heures plus tard, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer, annonçant le retour de son père. Gakuho Asano monta immédiatement dans la chambre de son fils, qui sentit son pouls s'accélérer.

- Où est ce que tu étais cette nuit ?

- Chez un ami.

- Akabane ?

- Oui.

- Gakushu, tu sais ce que j'en pense. Cette amitié ne va te causer que des ennuis. Regarde ton comportement depuis que vous vous côtoyez.

- Mais je suis heureux. Je l'aime bien, et c'est mon ami.

- Bien sûr. Un ami. Et que dois je penser de ton appel d'hier ? Que ton «ami» y est fortement lié ?

- Si tu parles du fait que j'ai dit que tu ne me frapperais plus, peut être que oui. Je me sens mieux et il me fait me sentir moi même. Et je ne veux plus continuer comme ça avec toi. Parce que tu es mon père, et qu'on avait retrouvé une relation stable, qui était beaucoup mieux que celle qu'on a actuellement. Je vais me prendre en main et ne plus te laisser me frapper sans rien dire.

- Vraiment ? Et si je fais ça, qu'est ce que tu vas faire ?

En même temps qu'il disait cela, il attrapa le col de son fils et le plaqua contre le mur. Mais pour une fois, Gakushu ne détourna pas le regard. Il posa la main sur le poignet de son père et se dégagea, toujours sans ciller.

- Je te l'avais dit. Je ne me laisserai plus faire.

À son grand étonnement, son père sourit. Sincèrement, même pas un de ces sourires sadiques qui annonçaient une mauvaise chose. Il le lâcha et s'assit à côté de lui, avec un air étrangement calme.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- J'ai enfin retrouvé mon fils. Ça faisait longtemps que tu n'avais pas agi comme je te l'ai enseigné.

- Donc... tu n'es pas fâché ou...

- Non, au contraire. Je t'emmène manger, prépare toi. Tu vas pouvoir me raconter ta soirée grandiose avec Akabane.

Mon passé, mon présent et mon futurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant