20. Glacial

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ETHAN

Je n'ai jamais été comme les autres, je l'ai toujours su.

Mais le jour où tout a changé, je ne m'y attendais certainement pas.

J'avais treize ans lorsqu'un beau matin, au lieu de mon habituel reflet en train de se brosser les dents, j'ai été pris de court par mon cerveau qui partait en vrille. Une fille est apparue devant moi, plus obscure encore que cette horrible morte-vivante qui sort d'un puits puis de votre écran de télévision. Quoique, c'était dans le même genre. Comment est-ce qu'un gamin à peine entré dans l'adolescence est-il censé garder son sang froid devant ce spectacle? Oui, j'ai tout fait pour me convaincre que ce n'était qu'une simple blague de la part de ma famille, de mes amis, du salon de coiffure... Petit à petit, ça devenait de plus en plus insupportable, la voix me suivait partout, le reflet me fixait dans chaque vitre de chaque coin de rue. J'ai perdu le contrôle de moi-même et je me suis laissé aller aux démons intérieurs qui n'attendaient que ma permission pour se manifester. Néanmoins, avant de virer criminel, c'est à moi que je m'en suis pris. Toutes les tentatives possibles pour se suicider, je les ai expérimentées. La corde pour me pendre a lâché, les médicaments que j'ai avalé n'ont pas suffit à stopper mon cœur, je n'en avais pas assez pris... Le jour où je me suis ouvert les veines dans la baignoire de ma salle de bain et que ma sœur m'a trouvé là ce fut la goutte d'eau pour mes parents. Le psychologue qu'ils me faisaient aller voir ne cessait de me répéter que je n'étais qu'un sale menteur et quand je me suis retrouvé assis face à un psychiatre compétent, ils ont décidé de m'interner "le temps de voir" ce qui se tramait dans mon esprit. Je sais que mes parents ont fait ça pour que je ne continue pas à me faire du mal, mais je crois sincèrement que ma véritable déchéance s'est déclenchée à partir de là. Vous savez ce qu'il y a dans les hôpitaux psychiatriques? Non, plus précisément... Vous savez ce qu'il y a dans l'asile où je me suis retrouvé? Des gens comme moi, oui. Je ne dis pas qu'ils étaient tous fous, je dis simplement que mettre des personnes avec des problèmes psychologiques similaires dans le même panier, ça peut faire des étincelles. J'ai rencontré un type là-bas, c'était un gros bonnet de New York, je ne l'ai appris que plus tard. Il m'a pris sous son aile, ça faisait un bail qu'il était là, il avait déjà tout un groupe avec lui. Son but était de s'évader de ce trou et au final, je me suis évadé tout seul après avoir tué ce connard. Longue histoire... En tout cas, à peine sorti j'étais déjà une star et Richard Smith avait eu vent de moi. Quand il a appris que j'étais le tueur de ce gars, il m'a embauché sans attendre et je me suis retrouvé à suivre Bloody Girl partout comme un petit chien. Je parviens à me redonner contenance en me remémorant toutes les fois où elle se serait faite griller sans mon aide précieuse. Certes, j'ai appelé les flics pour leur donner sa position exacte quatre ans plus tard, mais j'avais le sentiment, oui un sentiment profond presque impossible à voir, que c'était précisément ce que je devais faire. Non, en réalité, j'ai vu dans ses yeux que c'était ce que j'avais à faire.

Bloody GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant