21. Réveil en Enfer

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ILONA

Mon corps est lourd. J'ai l'impression d'être une masse. Ma tête est un boulet, mes membres sont des fardeaux, mes paupières sont des poids. Mon souffle entre et sort de mes narines machinalement, je ne sens pas ma poitrine gonfler quand je remplis mes poumons, elle pèse aussi. Après quelques minutes à flotter dans un silence sourd, des voix me sortent de ma transe.

-L'extraction s'est bien déroulée monsieur.

-Parfait.

Cette voix grave me dit quelque chose. Je sais que je l'ai déjà entendue.

-Nettoyez tout ça et fermez bien la porte en sortant.

-À vos ordres, chef.

Bon sang, je suis certaine de l'avoir entendu... C'était où déjà?

J'entends la porte se fermer après un long grincement et je parviens enfin à ouvrir les yeux, deux types habillés en bleus s'affairaient à côté de moi. Je me trouvais dans une pièce toute blanche, le sang séché sur les draps contrastait avec le reste.

-Dépêche-toi. On doit pas rester là, on a d'autres poches à extraire à côté.

-C'est bon, ça va!

Qui sont ces types? Qu'est-ce que je fais là? Je ne me souviens de rien... De quelles poches est-ce qu'ils parlent? C'est bizarre... Définitivement bizarre. Je n'aime pas le pressentiment qui remonte le long de mon échine. Je réussis à tourner la tête vers eux et observe les deux paquets posés sur la petite table. Ils étaient en train de ranger leurs outils d'opération, je ne voyais pas entièrement leurs visages car ils portaient des masques chirurgicaux.

-Je pars devant, ne traîne pas.

-Je suis pas ton gosse! se plaint l'autre.

La sensation dans mes doigts puis dans mes mains revient d'un coup et je fais tournoyer mes poignets. Je n'étais pas attachée.

-Oublie pas de lui injecter le produit.

Le premier sort tandis que l'autre imitait sa voix agaçante avec rage. Il se tourne vers moi et je ferme les yeux juste à temps.

-Sérieusement, j'espère que le chèque en vaut la chandelle.

Il attrape mon bras et passe un coton dessus en faisant claquer sa langue contre son palais. Je l'entends donner des petits coups dans la seringue pour bien mesurer la quantité de produit. J'ouvre les yeux, attrape son poignet pour tourner la piqûre vers lui et sans qu'il n'ait le temps de pousser un cri je la lui plante dans la nuque. Il se met à trembler et tombe la seconde d'après en expirant bruyamment. Je prends une grande bouffée d'air et me redresse en m'aidant des barreaux du lit derrière moi. Merde... Merde, où est-ce que je suis?! J'ai froid, terriblement froid. On avait retiré mes vêtements pour m'habiller d'une ridicule robe d'hôpital qui est à présent couverte de mon hémoglobine. Je commence à paniquer au moment où je réalise que je ne portais pas non plus de sous-vêtements. Qu'est-ce qu'ils ont retiré, hein? Mes organes reproducteurs?! Non... Mon utérus? Je commence à hyperventiler sans pouvoir m'en empêcher et mes yeux se posent enfin sur ma cuisse droite. Une longue cicatrice à peine refermée barrait ma jambe presque jusqu'à mon genou. Je passe mes doigts dessus estomaquée et tourne la tête vers les deux poches bleus pleines de sang sur la table en fer. Ne me dîtes pas que... Non, ça n'arrive pas dans la vraie vie ce genre de choses... Quoique, j'ai vu un tas de trucs invraisemblables ces vingt dernières années... J'essuie mes yeux humides et m'assois sur le bord du lit dans l'optique de me lever, mais à peine posée par terre, ma jambe droite refuse de coopérer. Une douleur lancinante remonte jusque dans mes reins et je pousse un cri de douleur en tombant. Pitié, je t'en supplie, il faut que je marche, il faut que je sorte d'ici... Je ne sais même pas où je me trouve. Et cette voix... Je suis sûre que je la connais, je... Je t'attrape enfin, salope.

Bloody GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant