5. Guerre Civile [T2]

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ETHAN

Honnêtement, je n'ai jamais mérité tout le malheur qui s'est abattu sur moi. La dépression, la solitude, la folie, l'hôpital psychiatrique... Pas la prison, c'était mon choix, ma volonté. Je n'ai jamais demandé à avoir une deuxième personne dans la tête, une voix empiétant sur la mienne, un visage à la place du mien dans le miroir. Je ne crois pas avoir fait le moindre mal avant que ça ne me tombe dessus... Je n'étais qu'un enfant comme les autres, j'avais un meilleur ami d'enfance, j'allais à l'école et je mangeais sainement. On n'a jamais retrouvé le moindre cas avéré de schizophrénie parmi mes ancêtres, les docteurs disaient que ça remontait peut-être à une époque plus lointaine où l'on ne connaissait pas encore l'existence de cette maladie. Quand je voyais tout le mal que je causais à mes parents, tout l'argent qu'ils dépensaient pour trouver un moyen de me soigner, ça me confortait dans mon envie d'en finir. Que je sois vivant aujourd'hui relève du miracle. Mais je le suis. Je respire. Tant que je respire, il y a un espoir. Tant que je pense, il y a une chance. Il reste toujours une chance. Je voulais la saisir depuis longtemps, me relever, reprendre mon traitement, arrêter la cocaïne et retourner à l'hôpital. Cet enchaînement s'est fait indirectement. Pourtant, tout est parti d'un simple éclair de lucidité. Sur le toit d'un building, j'ai aperçu ce commissariat de police et au lieu de sauter j'ai repris l'ascenseur et je suis allé me rendre. La vie est parfois bien faite...

-Ethan! Ethan, tu m'entends?

J'inspire faiblement. J'ai la même impression que ce jour douloureux où je me suis réveillé sur un tas de ferraille qui me transperçait à divers endroits. J'ai vraiment cru mourir. Pourquoi chaque fois que Richard intente à ma vie, je me sens aussi impuissant?

-Troye? marmonné-je.

Maintenant que j'y pense, il y a toujours eu quelqu'un à mes côtés. Que ce soit ma sœur, Ilona ou maintenant Troye... Je n'ai jamais été laissé pour mort.

-Est-ce que ça va? Tu saignes beaucoup!

Je tâte mon crâne en ouvrant les yeux, il m'a bien ouvert sur le radiateur. En revanche, heureusement que j'ai sagement obéi à Ludivine, ce gilet pare-balles m'a sauvé la vie. L'impact va quand même laisser un hématome.
En parlant de Ludivine... Merde! Où est-elle?

-Ils sont dans le hall, ils tirent sur tout ce qui bouge! Ils ont enlevé la directrice!

-Bordel... gémis-je en m'appuyant sur lui pour m'asseoir. Ça fait combien de temps que je suis étalé ici?

-Presque une heure! On n'a pas de temps à perdre! Il faut évacuer!

-Et l'agent Parker? T'en fais quoi?

-Elle a ordonné à tout le monde d'évacuer les lieux, il y a un fort risque d'explosion.

-Je m'en tamponne! S'ils repartent avec elle, il va lui arriver des choses bien plus horribles que tout ce que tu peux imaginer!

-On ne peut pas prendre le risque de te perdre aussi Ethan! Richard te croit mort pour de bon, tu as l'avantage!

-Alors autant s'en servir maintenant, sinon ça ne sert à rien!

Je dois faire marcher ma tête en vitesse, plus facile à dire qu'à faire. Il n'est pas question que je les laisse emmener Ludivine, ils vont la torturer sans attendre. Elle a beau être forte, ça ne suffira pas une fois dans le mauvais camp. Ils lui feront des choses tellement horribles qu'elle en oubliera son propre nom.

-On a des infiltrés, ce ne sera pas dur de savoir où la retrouver Ethan.

-Ah oui? Et à ton avis comment on la retrouvera? Coupée en deux? Estropiée? Ou juste traumatisée jusqu'à la fin de ses jours?

Bloody GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant