Ma représentation imagée de la mort

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Vous savez, il y a peu j'ai vu une personne qui m'a rappelé moi-même trois ans auparavant: détruite, seule, abandonnée, perdue, confuse et sans confiance à distribuer. On ne peut nier le fait que son passé, plus riche que le miens en sombres époques, ne joue pas en sa faveur, tout est responsable de son mental et son état d'aujourd'hui. Bien évidemment que le harcèlement joue une part dans sa dépression mais ce n'est pas le sujet de ce que je veux faire passer. 

A l'heure qu'il est, en période de Covid, après deux confinement, en ce 23 Février 2021, les jeunes et la nouvelle génération de jeunes adultes et futurs adultes sont probablement la génération et la population les plus proches de la mort. 

Comprenez-vous? 

Tout pourrait faire penser à autre chose mais il est bien arrivé le moment où la vérité doit se rétablir. 

Les personnes âgées ne sont plus ceux qui côtoient le plus souvent la mort. Elles ne sont plus ceux que la mort regarde dans les yeux en leur disant d'attendre encore un peu. "Il y a tant de personne déjà ici-bas" leur répond-elle, "je ne peux en accepter pour le moment, reste encore un peu, tu auras tout le temps de me rejoindre par la suite". Tous les jours quelqu'un vient toquer à sa porte. A votre avis, quelle est la tête de la mort quand elle se rend compte que ce ne sont pas ceux qui sont supposés entrer? A votre avis, y a-t-il véritablement surpopulation ou les repousse-t-elle de peur de connaître une vague d'entrée? Ne dit-on pas que lorsqu'une personne fait quelque chose, d'autres s'en suivent? La jeune génération est fatiguée de tout ce qui peut arriver avant même d'être au monde. Plus rien ne va. 

Et je parlais de cette personne, cette personne si particulière à mes yeux de part son côté amicale qui la fait être à mes côtés mais également ce côté si sombre où je me vois. 

Si vous saviez à quel point derrière elle je vois cette ombre qui cache un corps complet. 

Si vous pouviez voir cette déformation horrible derrière. Si vous pouviez le voir de vous-mêmes mais ne suis-je pas la seule à m'apercevoir de cette représentation?

Je veux qu'elle s'en sorte cette personne, du plus profond de mon être je veux qu'elle s'en sorte car mon être est ce qu'elle considère comme le fond. Elle ne le sait peut-être pas, sûrement pense-t-elle avoir touché le fond mais je sais que je suis là, en silence, à la garder sur mon dos engourdi et courbé à force de rester dans cette position fœtal que tout le monde voudrait retrouver juste trois secondes. 

Je n'ai pas la force et le courage suffisant pour monter l'échelle qui se trouve sur les parois de ce putain de tuyau et de la pousser vers le haut. Je prie tellement qu'elle en ait encore l'énergie, qu'elle en ait encore la volonté, qu'elle entende mes paroles si basses à cause de ma voix qui se perd. J'espère tellement que quelqu'un puisse la voir et lui tendre une perche en passant à côté. Faites-la remonter putain. 

Je promets de me relever pour me remettre droite après cela mais ne la faite pas glisser le long de mon dos et arriver à mon niveau. 


Vous savez, j'imagine très facilement le visage de la mort. J'imaginais une vieille personne il y a quelques années, un Homme ridé, aux alentours de 70 ans, le dos tordu et grand car il devait tirer les gens à lui. 

Désormais, il n'est plus le même, son visage se rajeunit de plus en plus rapidement, son dos s'est redressé et ses muscles s'atrophient. 

Ses poignets quant à eux commencent à lui faire mal, fermer des portes qui s'ouvrent toutes seules n'est pas chose facile. Son vocabulaire s'est accru, ses expressions également et sa compassion est devenue une habitude. 

Il avait le sourire au début, les gens n'avaient plus peur de la mort. Il n'était plus le démon, il n'était plus la peur de cette population. Il était chose courante, chose acceptée. 

Cependant, lorsque ses résidents s'étaient fait plus jeunes, que les portes ne se fermaient plus, que les courants d'air se faisaient sentir, lorsque la neutralité avait fait son chemin, lorsqu'il s'aperçut que tout s'inversait, il paniqua. 

J'imagine la mort comme un Homme de 35 ans, bienveillant, la visage crispé de douleur quand il s'assoit sur son trône qui n'a plus aucune valeur. Elle est devenue la source de réconfort de tellement de gens, elle commence à devenir un passe-temps, une source de confiance, de sûreté et de sécurité. 

Il y a ce choc générationnel que personne n'attendait dans ce lieu. Il s'agissait d'un lieu, où le silence pouvait calmer les maux, panser les plaies et envelopper de douceur d'autres ayant tant soufferts. La mort était devenue un père, un grand frère ou un fils et petit-fils pour les résidents. Personne ne la craignait plus, ceux qui n'avaient pas voulu venir s'y était fait, il n'y avait plus de peur, plus d'appréhension alors l'acceptation avait fait suite. Tandis que pour ceux qui l'avaient cherché et finalement trouvé, il y avait cet apaisement et ce calme. 

Plus les jours allaient plus la mort rajeunissait. Alors que celle-ci pensait atteindre bientôt ses quatre vingt ans, elle se voyait atteindre ses trente ans. La balance qui ne devait pas pencher en ce sens allait encore et encore. 


Vous savez, j'y ai toqué à cette porte, j'étais restée en dehors de ce lieu, je n'y ai pas mis un pied. Je lui ai simplement demandé comment c'était, s'il y avait beaucoup de place. Devinez quoi, elle m'a dit d'attendre, encore un peu, que je pouvais le faire: attendre. L'Homme n'a pas voulu écouter mes arguments, il répétait que j'avais du temps, que je pouvais voir plus de choses en haut, qu'il n'était pas encore le moment de s'enfermer dans une pièce. Elle m'a dit que si nous ne vivions pas assez de choses la récompense n'allait pas être aussi délicieuse qu'elle pourrait l'être. 


Je sais que la mort veut bien faire, je sais qu'elle ne veut plus rajeunir, qu'elle ne veut pas être plus jeune que la vie mais si elle pouvait discuter avec elle, que penserez-vous qu'elles se diraient? 



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