Partie 14

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Je promets à Hermione de faire vite mais j'ai un nœud au ventre en poussant la porte de la chambre de Malefoy.
Je n'ai jamais aimé les adieux.

Ce que je vois me surprend.
Malefoy est hors de son lit, l'air affaibli dans sa chemise de nuit lâche.
Il se déplace difficilement jusqu'à la fenêtre en se tenant à la commode. Ses gestes sont immensément lents et sa jambe traînante mais il a un sourire satisfait après l'effort.
Il hausse les sourcils quand il me voit sur le pas de la porte.
Il essaie de refaire le trajet inverse mais cet excès de confiance en ses forces m'inquiète.

- Tu fais quoi là ?

Je m'approche de lui, passe un bras autour de sa taille pour l'aider à regagner son lit.
Mon aide non sollicitée l'agace un peu mais il se rassied essoufflé entre les draps, remonte la couverture sur lui et replace les coussins dans son dos.

- Je m'efforce à redevenir utile vois-tu !

Je lève les yeux au ciel.

- T'as fait ta part...

- Et maintenant quoi ? Je reste alité pendant que les autres combattent ? Je ne suis pas un lâche !

- Personne n'a jamais dit ça, bon sang, mais est-ce que tu peux prendre soin de toi deux minutes Drago ?

Je me pince les lèvres et détourne le regard. Son prénom est sorti tout seul.
Je ne sais plus depuis quand je pense à lui par son prénom, mais l'entendre sortir de ma bouche est tendre et étrange.
Ça fait vaciller des fondations, bouscule des principes établis et ébranle doucement mon univers.
J'ose un regard vers lui, attend une remarque sarcastique mais il me regarde en haussant un sourcil.
S'il a remarqué le trouble dans l'air, il ne dit rien, il y a pourtant une tension entre nous, pas désagréable mais complètement nouvelle.

- La médicomage dit que ta jambe a encore besoin de repos avant d'être pleinement sollicitée.
- La faire travailler me fait du bien. J'ai peur de finir complètement ankylosé en restant dans ce fichu lit.

C'est étrange de se parler comme si de rien n'était.
C'est étrange de m'inquiéter pour lui, de vouloir qu'il se préserve, même si je comprends son envie de reprendre le fil de sa vie.

Je me sens maladroit, je n'aime pas les adieux et je ne veux pas quitter cette chambre.
Comment fait-on pour diluer le temps, l'étirer juste encore un peu ?
Je réduis la distance et m'assois sur le côté de son lit. Je passe une main dans ma nuque et essaie de relancer la conversation.

- Je vais être parrain ! Remus est venu nous annoncer la naissance de Teddy hier. J'en reviens toujours pas mais ils veulent que ce soit moi le parrain !

Il se mord la lèvre pour ne pas sourire face à mon enthousiasme et prend un air tout malefoyen.

- Pauvre enfant !

Je ris de sa pique moqueuse, lui soutire un des coussins, ignore ses protestations et fais mine de vouloir le frapper avec. Il s'offusque exagérément et demande immédiatement un autre garde-malade. Ses grimaces outrées me font rire. Je le fais taire d'un geste, me détourne l'air boudeur puis je finis par reprendre mes esprits, je jette un œil par la fenêtre.
Par Merlin, que c'est difficile de partir !

Il m'observe sans un mot. Je sais qu'il sait ce que ça signifie.
Le silence est étrange mais pas lourd, comme si on partageait des choses qui n'avaient pas besoin d'être dites.
J'aimerais pourtant pouvoir lui parler. De ce qu'il s'est passé, de son sacrifice, de ce que ça signifie, de ce qu'il va se passer, de cette chose étrange qui s'étire et grandit en moi, mais aussi entre nous, de cette amitié nouvelle qui n'en est décidemment pas une, mais les choses se bousculent dans ma tête, tout va trop vite, le temps me presse et je ne saurais pas par où commencer.
Alors je me lance.

Le chant du cygne - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant