Bonus #4

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Drago

Le salon d'hiver du Manoir n'a jamais retrouvé sa superbe d'antan.

Les grandes baies de la verrière laissent le soleil baigner les dalles immaculées, mais la cruauté des crimes commis ici s'accrochent à chaque fibre du Manoir.

Les plantes grimpantes que Mère chérissait tant n'ont pas survécu aux allées et venues des mangemorts ni aux atrocités qui hantent à présent cet endroit.

Aujourd'hui, même les souvenirs heureux de mon enfance ont été chassés par les horreurs.

Le grand piano git toujours dans le cellier à côté d'autres cauchemars persistants. Les tapis immaculés ont été méthodiquement nettoyés et décapés, mais les fantômes des inconnus qui y ont été torturés s'y accrochent. On pourrait parfois entendre les échos de leurs cris au détour d'un couloir. La nuit, je crois parfois discerner les gémissements de Harry et un frisson glacé me court le long du dos.

Alors nous évitons le grand salon et nous nous réfugions dans la véranda où les rayons de soleil doux repoussent péniblement les ombres. Dans le salon d'hiver, les fauteuils de jardin ont été nettoyés et récurés mais le son des bottes des mangemorts et de leurs hommes de mains claquent encore, impitoyable, à mes oreilles.

Mère a le regard dans le vague. On pourrait croire qu'elle contemple nos jardins immenses qui ont retrouvé de leur prestige grâce à quelques enchantements, mais son esprit vagabonde de plus en plus souvent loin d'ici, loin de moi, loin de cet endroit maudit.

Sa santé s'est rapidement dégradée après les procès.

Malgré le verdict plus qu'indulgent, la réalité semble l'avoir rattrapée sans ménagement. Je sais pertinemment que Harry et Lupin ont joué dans la clémence de son verdict.

Elle a évité de peu la prison, contrairement à Père. Sa complicité manifeste et son soutien financier à Voldemort lui a valu sans surprise une longue peine non compressible à Azkaban.

Mère, elle, est assignée à résidence et ses sorts gardés sous surveillance par les Aurors.

J'ignore si elle est soulagée ou anéantie. On ne se parle pas plus qu'avant. Les mots sérieux semblent toujours aussi difficiles à prononcer dans ce manoir immense et glacial.

Alors elle reste mutique, le regard absent dans sa prison dorée, quelques elfes de maison pour seule compagnie.

Willow, la vieille elfe fidèle, dépose un plateau de thé sur la table du salon d'hiver.

Je déglutis. Même les tasses en porcelaine sont marqués par le souvenir de Bellatrix et de ses sautes d'humeur terribles.

Est-ce qu'un jour tout redeviendra comme avant ? Est-ce qu'on peut oublier, tirer un trait sur les horreurs dont on a été complices ?

Pour l'instant, je n'y arrive pas.

Je ne supporte plus de vivre dans cet endroit plein de fantômes et de cris silencieux, où chaque parcelle de cette maison me rappelle qui j'étais et ce que j'ai fait.

Soudain Mère brise le silence sans me regarder.

— Ne sois pas trop dur.

Je hausse un sourcil interrogateur en portant la tasse de thé à mes lèvres.

— Dans ton jugement sur notre famille.

Avant même que j'essaie de lui répondre, son esprit est déjà reparti ailleurs.
Est-ce sa façon de se protéger ? De ne pas devenir folle entre sa culpabilité écrasante et la solitude soudaine et oppressante ?

Le chant du cygne - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant