Partie 7

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Je me suis réveillé en sueur.

Cette nuit, au milieu des ombres de mes cauchemars récurrents, il y avait la chemise froissée de Potter. Sa peau brune était à portée de doigts puis elle disparaissait soudain sous le tissu. Je ne voyais rien d'autre dans ce fichu rêve que sa peau infinie qui s'étirait sur ces muscles nouveaux que je ne pouvais pas toucher. Et puis ses yeux verts derrière ses boucles sauvages qui me détestaient. Et sa mâchoire carrée, régulièrement prise pour cible par Bellatrix sur laquelle je n'arrête pas d'appliquer de l'onguent. Mon pouce a fini par connaître par cœur l'emplacement de ce grain de beauté que je n'avais jamais remarqué. Dans mon cauchemar la sensation était douce et agréable, tellement douce que ça en était douloureux.

Je tendais la main vers lui, une fois encore, pour saisir sa main abîmée mais il me repoussait à nouveau, éternel recommencement de notre relation chaotique.

***

Tante Bellatrix s'est lassée ou est préoccupée, elle l'a à peine torturé, lançant quelques sorts de griffures pour faire bonne mesure et le traditionnel Endoloris pour faire taire Potter qui s'entête à l'insulter à chaque séance malgré les coups reçus en retour.

Bennett le traîne jusqu'à la cave et Bellatrix n'a même pas besoin d'être dans mon dos, je descends voir mon étrange patient sans qu'on me le demande.
Il essaie déjà de se redresser maladroitement après avoir été jeté au sol et après avoir pris un coup gratuit par cette brute de Bennett.
Du sang coule sur sa tempe mais son regard est déterminé malgré la situation. J'aimerais savoir ce qu'il espère, s'il attend un miracle, s'il joue avec sa vie et les sentiments des autres comme à son habitude.
Sa bravoure ridicule de gryffondor me hérisse soudain le poil et j'ai envie de le secouer pour le faire réagir.
Je m'approche enfin, dépose la sacoche à mes pieds mais ne m'accroupit pas, je le détaille de haut et je ne peux m'empêcher de le provoquer.

- Qui aurait cru que l'Espoir du Monde Sorcier finirait ses jours dans une vulgaire geôle ?

Il redresse la tête pour me dévisager et relève un sourcil.

- Qui aurait cru que Drago Malefoy – Prince des Serpentards - finirait en larbin des Mangemorts...

Il y a une lueur de défi qui passe dans son regard.
A croire qu'au jeu de la provocation, il me connaît trop bien.
Une bribe de nostalgie me traverse l'esprit quand je repense à nos quotidiens simples qui se résumaient alors aux couloirs de Poudlard et à nos piques lancées pour blesser l'autre. Des provocations d'adolescents, bien loin de la réalité dure de cette guerre qui nous tue maintenant à petit feu.

Mon cœur se serre à l'idée qu'il a toujours été un point fixe dans mon existence, un point ridicule, énervant et particulièrement agaçant, mais un point fixe pendant six longues années, ce n'est pas rien à balayer d'un revers de main.
Il chuchote sans prévenir.

- Tu étais si brillant Malefoy, tu aurais pu devenir qui tu voulais...

Ses mots me coupent le souffle, pire que la main glacée qui est constamment posée sur mes poumons, il me met face à mes erreurs, face à mes mauvais choix et à mes regrets.
Je me souviens qu'enfant je voulais plus que tout être son ami et qu'il lui a suffi d'une seconde pour détruire mes espoirs. Je l'admirais alors sans même le connaître, lui ou son nom, et il m'a refusé son amitié en un claquement de doigts, devant tout Poudlard.
Avec les années je l'ai jalousé aussi fort que je l'ai parfois désiré, mais il m'a toujours tenu à distance avec véhémence.
Je suis devenu ce qu'il a créé, une boule de ressentiments, de jalousie et de frustrations.
Je devrais le frapper pour le faire taire et pour refouler les larmes qu'il fait monter en moi, pour effacer la déception que je lis sur ses traits.

Le chant du cygne - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant