Partie 4

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TW : Scènes de torture et sang.

***

Le soir même, les yeux de Bellatrix pétillent quand le visage déformé du pauvre type révèle la supercherie, c'est bien Potter, là sous sa tignasse ridicule et ses grands yeux trop verts qui lancent des regards noirs. Milton a trouvé des binocles rondes dans une poche de la sang-de-bourbe en la ramenant dans la chambre.
Bellatrix les a posé de travers sur le nez de Potter et elle jubile.
Je reste en arrière, je ne veux pas savoir.
Père comprend sous les airs hystériques de Tante Bellatrix l'importance de cette rafle dans notre Manoir.
Il sait que cette surprise inopinée peut nous faire remonter dans Son estime. Mais Bellatrix est catégorique, le Mage Noir ne veut pas être dérangé. Sous aucun prétexte.
Même pour Potter ? Demande Père.
Elle hésite, visiblement incapable de se souvenir si l'Elu faisait partie des conditions, et décide de veiller sur le petit Potter en attendant Son retour.

***

L'étrange épée retrouvée avec les Raflés semble la tracasser plus que de raison, et elle marmonne souvent des insultes incompréhensibles. Elle s'est absentée mystérieusement, puis est revenue en furie mais visiblement satisfaite. Elle a ensuite ordonné de sortir un prisonnier au hasard pour se défouler.

Quand elle se lasse enfin, elle passe au clou du spectacle et fait monter Potter dans le Grand Salon.
Elle lui tourne autour comme un chat qui jetterait des coups de patte griffues pour faire réagir sa proie. Celui-ci se débat comme un diable, crache et vocifère tant qu'il peut. Ce crétin n'a pas compris qu'elle n'attend que ça. Elle se délecte de sa rage impuissante qui se déverse sur les dalles du salon. Mais il lui suffit d'un Endoloris pour le faire taire. Parfois, il parvient à se relever, mais il finit par retomber inlassablement sous les assauts des autres sorts.

Je devrais me délecter du spectacle, voir Potter ainsi affaibli sur le carrelage devrait remuer en moi des sentiments de victoire. Après tout, j'ai passé six ans de ma vie à faire de la sienne un enfer. Mais quelque chose s'est cassé. Le plaisir n'y est plus et la seule chose que ça remue, ce sont mes entrailles et la bile qui menace de sortir à chaque impact d'un nouveau sort.

Tante Bellatrix plante soudain ses yeux ennuyés sur moi, comme lassée d'un jouet qui ne répond plus.

- Soigne-le, efface ses traces, je le veux en meilleur état pour le prochain round...

Bennett relève Potter qui laisse une traînée de sang sur le tapis blanc de Mère. Père s'approche et me serre l'épaule dans un geste qu'il pense encourageant.

- Fais-le Drago, et tout sera pardonné.

Je déglutis pour calmer la bile qui menace et resserre mon poing à m'en faire mal autour de ma baguette.

***

Au fond de la cave, sur sa paillasse, Potter est recroquevillé. Dans la pénombre, on pourrait croire qu'il est mort mais en tendant l'oreille, j'entends son souffle erratique.
Je m'avance en tenant ma baguette d'une main et les fioles que j'ai trouvé dans notre pharmacie de l'autre. Les flacons de verre et les onguents s'entrechoquent entre mes mains tremblantes. Je pose le tout à distance raisonnable de Potter et m'accroupis.
Je ne sais pas quelle attitude adopter. C'est Potter, là en train d'agoniser dans ma cave. Je ne peux pas voler à son secours l'air de rien. Je ne peux pas tendre la main qu'il m'a toujours refusé. Je ne peux pas chasser notre haine viscérale d'un revers de main.

Mais il est là, mal en point, et Bellatrix se fera un plaisir de me mettre dans le même état si je ne le remets pas sur pieds.
Alors j'essaie d'oublier que c'est mon pire ennemi que je vais soigner, l'Elu du Monde Sorcier qui tremble sur cette paillasse. Quelle foutue ironie !

Je renforce mon Lumos et enchante une sphère lumineuse que je laisse flotter au-dessus de nous.
Sa luminosité est faible mais suffisante pour y voir quelque chose dans cette pénombre poisseuse.
Je m'approche, sur la défensive, prêt à réagir n'importe quelle attaque, ou un sort dont il aurait le secret de l'Elu. Mais rien ne vient. S'ils le voyaient, tous, leur Héros de pacotille, un foutu imposteur qui charme son monde à longueur de temps et traverse les embrouilles grâce aux bonnes relations de son entourage.

Je m'accroupis et le saisis par les épaules pour le redresser. Il a une sale tête. Du sang coule de plusieurs blessures au front, sa lèvre inférieure est éclatée et je devine des bleus et des hématomes un peu partout sous sa chemine où les Endoloris ont frappé.
Sa tête balance sur sa poitrine, il est à peine conscient.
Je récupère ma baguette au sol et pose son extrémité sur une grosse entaille pour arrêter l'hémorragie. Je reproduis le geste, et l'une après l'autre, les plaies se referment magiquement. Malgré le sang séché sur son visage, les blessures les plus sérieuses sont guéries. Je renouvelle l'opération sur sa lèvre abîmée. Je suis tenté de le saisir par les cheveux pour redresser sa tête, mais passer ma main dans sa tignasse a soudain quelque chose de trop intime. Alors je saisis son menton et le relève sans ménagement. Je me force à respirer, je ne peux pas le guérir sans le toucher, c'est absurde, et si je dois le materner pour rester hors du courroux de ma tante, je le ferai.
Je m'attelle à sa lèvre et prononce le sort de soin. Concentré sur mon geste minutieux, je ne vois que trop tard ses grands yeux ouverts et plantés sur moi.

Je sursaute et me recule, resserrant ma prise sur ma baguette. Mais il ne bronche pas.
Je dévisse un onguent à l'odeur forte et en appose dans ma paume. Je fais chauffer la pommade et me rapproche de lui. Je le jauge du regard, histoire de savoir s'il va me mordre ou m'attaquer à la déloyale, mais il reste silencieux, les mains serrées autour de ses côtes. Je tends la main vers sa mâchoire où un sale bleu s'étend. J'étale la pommade et je le sens se crisper sous mes doigts, les yeux à nouveau fermés. Il se laisse faire mais repousse mon bras d'un geste de dégoût dès que j'ai terminé. Quel crétin ingrat !

Je l'observe, inspecte les dégâts. On ne peut pas dire qu'il est en grande forme. Il a des cernes à faire peur et de la sueur lui perle sur le front.
Bellatrix va me sermonner à coup sûr pour ne pas l'avoir remis sur pied, mais Potter n'y met clairement pas du sien.
En face, je le sens fébrile, il se masse sa fichue cicatrice comme si elle était douloureuse.
Je trempe un mouchoir dans la coupelle d'eau et lui tends. Je lui fais un signe circulaire du doigt vers son visage abîmé, et il saisit le tissu pour nettoyer le sang séché sur sa tempe puis le pose sur son front en grimaçant.
En levant le bras, sa chemise déchirée se relève et j'entraperçois les bleus dus aux Endoloris. J'y aperçois aussi sa peau brune toute entière qui disparaît sous ses vêtements abîmés. Si par le passé, j'ai déjà posé mes mains sur lui, c'était essentiellement pour le frapper et le malmener. Je prends pleinement conscience que Potter est là en face de moi, débraillé et faible et que je n'en profite même pas. Poudlard, une autre époque.
Je pointe un doigt vers ses côtes malmenées.

- Est-ce que je peux ?

- N'y pense même pas.

Il a un air farouche qui me dissuade de l'approcher. Alors je range mes onguents et les flacons d'anti-douleur que j'avais apportés, je remballe tout et me relève sans un regard pour lui.
A ce rythme là, il ne tiendra de toute façon pas bien longtemps sous les assauts de Bellatrix.

***


Petite note pour vous annoncer qu'à partir de janvier j'accélère la fréquence de publication sur cette fic à 2 chapitres par semaine 

Portez-vous bien & à bientôt !

Le chant du cygne - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant