Partie 5

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TW : scènes de torture et sang

***

La trêve a été de courte durée.
Le soir même, Bellatrix l'a remonté dans le grand salon. Peu de mangemorts étaient encore présents, et ses ricanements hystériques couvraient les cris étouffés de Potter telle une rengaine. J'ignore comment elle puise encore un quelconque plaisir à répéter encore et encore les mêmes gestes de cruauté.
Cette fois, le petit jeu l'a lassé rapidement. Potter ne tient plus suffisamment les assauts. Elle pousse du pied un élu recroquevillé au sol et renifle de déception. Elle avance sa bottine sur les doigts déjà inertes de Potter et les écrase méticuleusement. Un horrible craquement se mêle à ses gémissements.
Elle fait un signe de tête à l'homme de main chargé de le descendre à la cave. Le manège se répète, elle n'a même pas à me lancer d'ordre, son regard évocateur et son sourcil redressé parle pour elle.
Alors, je prends en bandoulière la sacoche dans laquelle j'ai cette fois rassemblé les fioles, les onguents et les tissus, et descends péniblement les marches mal éclairées, peu pressé de me faire à nouveau rembarré par ce crétin de gryffondor, trop fier pour se laisser soigner.

Sur sa paillasse, il essaie de redresser misérablement. Des sons de douleur lui échappent alors qu'il s'évertue à ne rien laisser paraître.

Je m'accroupis à son niveau et invoque ma sphère lumineuse pour irradier d'une lumière douce la cave.
Il est dans un sale état. Comme chaque fois, elle a évité les organes vitaux, rien d'irréparable, un juste dosage pour se défouler mais le garder intact pour le Seigneur. J'ignore ce qu'Il attend de lui, mais connaissant son goût pour le spectacle et la mise en scène, je ne miserai pas une mornille sur une mort rapide. J'ai comme l'impression de le rafistoler, juste pour l'amener sagement à l'abattoir. Si seulement il arrêtait de se laisser torturer, s'il essayait de passer un marché, de négocier sa vie. Un serpentard aurait déjà fait ses calculs pour peser le pour et le contre, et envisagé de changer de camp si ça pouvait le garder en vie...
Ses cris arrachés sous les sorts sont voués à se répéter encore et encore et ils me mettent dans une rage froide. Son silence me démange. Alors c'est à ça qu'il ressemble leur prétendu Élu ?
J'approche ma baguette de sa tempe où une blessure a recommencé à saigner et je ne peux pas m'empêcher de mettre des mots sur mes pensées.

- Dis-lui ce qu'elle veut savoir. Elle va finir par te tuer.

Je me suis habitué à son silence obstiné, à ce qu'il ne réponde pas, mais cette fois, contre toute attente, sa voix rauque perce le silence.

- Ça te ferait plaisir hein ?

Ses mots sont pleins de haine et j'aurais encore préféré qu'il reste muet.

- Elle ne veut rien savoir, elle me torture par pur plaisir.

Il remue sur la paillasse et se cramponne de sa main valide à sa cicatrice comme si elle palpitait.
Puis il reprend sa respiration difficilement et son attention revient sur moi.

- Pourquoi tu ne le fais pas toi ? Pourquoi tu ne m'achèves pas ici, juste entre nous ? Tu dois en mourir d'envie Malefoy.

Il crache mon nom avec un dégoût manifeste et son regard empli de certitudes fait monter une bouffée de colère qui me surprend. Avant que je m'en rende compte, le revers de ma main s'envole pour s'écraser violemment sur sa joue.
La tête de Potter valse et ses lunettes s'écrasent au sol, brisées sous le choc. Il secoue la tête, crache du sang et ricane.

- Tu n'es pas si amorphe que tu en as l'air. Digne héritier de ta tante finalement ! Pourquoi tu n'en profites pas ? Vas-y, viens, défoule-toi, tu as attendu ça depuis des années...

La colère bouillonne dans mes veines.
Il a raison, pourquoi ? Parce que mes idéaux ont viré aux cauchemars ? Parce que je ne peux plus me regarder dans un miroir ? Parce que le fantôme de ce vieux fou de Dumbledore me hante toute les nuits ? Parce que je ne me reconnais plus dans les couloirs du Manoir de mon enfance ? Parce que l'idée d'être associé aux délires de Bellatrix me révulse ?
Il veut me provoquer, forcer le rapprochement, peut-être me subtiliser ma baguette, et il sait comment y arriver. On ne devient pas la Némésis de quelqu'un pendant six ans sans commencer à la connaître un peu.
J'évite son regard. Il veut faire sortir la bête qui est en moi, mais elle n'est plus là depuis que j'ai quitté Poudlard.
Plus rien n'est simple depuis que j'ai quitté Poudlard.
Alors je prends le temps de rassembler mes flacons et de garder ma baguette hors de sa portée.
Je ramasse ses lunettes cassées, murmure un Reparo et lui dépose près de sa paillasse.
Je me lève sans un mot et me dirige vers les marches.

Le chant du cygne - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant