Prologue

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C'était quand il avait sept ans. Il s'en souviendrait sûrement toute sa vie. Le jour où il avait compris que ses parents ne l'avaient jamais désiré et ne l'aimaient pas. Ils étaient rentrés de l'école avec Aiden, qui l'avait laissé devant chez lui pour rejoindre sa maison un peu plus loin dans la rue. Il neigeait ce jour-là, et sur le chemin les deux jeunes garçons s'étaient battus dans la neige. Quand il avait passé la porte, mouillé de la tête au pied, sa mère lui avait crié dessus. Ce n'était pas la première fois, ça arrivait quand il faisait une bêtise. Mais cette fois-là, elle avait eu les mots qu'il ne fallait pas. Les mots qui lui avaient fait comprendre.

D'abord, elle avait demandé qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter ça. Puis, elle avait précisé, le "ça" en question, c'était lui, avec ses yeux effrayants. Il ressemblait à un monstre avait-elle dit. Elle le détestait. Il lui avait gâché la vie. Qu'il arrête de pleurer, ça ne servait à rien, au contraire, ça l'énervait encore plus. Et enfin, elle l'avait enfermé dans sa chambre après lui avoir retiré ses affaires trempées, parce que même si elle préférerait qu'il n'existe pas, il était là maintenant alors elle n'avait pas d'autre choix que de s'occuper de lui.

— Alexei ? À quoi tu penses ?

Alexei releva la tête en entendant le murmure de sa grand-mère paternelle et fixa le cercueil en face de lui. C'était le premier souvenir qui lui avait traversé l'esprit quand il les avait vus. Il s'était rappelé la haine de sa mère, de l'inaction de son père par rapport à tout ça. Et son regard dériva vers Nicolas, non loin de là. Lui, ils l'avaient voulu. Ils n'avaient jamais agi avec son petit frère comme ils avaient agi avec lui. Mais maintenant, il était seul. À l'âge où il avait compris que jamais ses parents ne l'aimeraient, lui était orphelin.

Il tourna la tête derrière lui, pour tenter de voir Christian dans la foule. Il avait été forcé de l'abandonner, parce que sa famille avait grimacé en les voyant arriver ensemble sur le porche de l'église. Son dominant lui avait simplement souri et l'avait poussé vers ses grands-parents et ses grands-oncles et tantes en hochant la tête. Il savait qu'il avait fait ça pour rendre les choses plus faciles et éviter des disputes, mais il aurait préféré être avec lui. Il soupira. Il ne savait même pas ce qu'il faisait ici. Toute sa famille le détestait, ses parents l'avaient reniés, et les seuls souvenirs qui remontaient en lui c'était ceux de ses parents lui criant qu'il était un monstre et qu'il avait gâché leurs vies.

— Mon petit, chuchota de nouveau sa grand-mère, tu passeras à la maison familiale après, n'est-ce pas ? Nous devons parler avec toi.

Il était de mauvaise foi. Tout le monde ne le détestait pas. Sa grand-mère paternelle avait toujours été là pour lui.

— Oui, grand-mère, on viendra.

— Je suis contente pour toi, Alexei, tu as l'air heureux avec cet homme.

Le blond se contenta d'hocher la tête. Heureusement pour lui, la cérémonie prenait fin. Il ne resta pas pour remercier les gens venant présenter leurs condoléances à sa famille. Il ne se sentait pas légitime à être avec eux. Il se contenta de sortir. Juste à côté de la porte, il retrouva son mari. Ce dernier lui ouvrit les bras et il se blottit contre lui.

— Tu veux rentrer, Kitty ?

— Je ne peux pas, ils veulent me parler.

Le châtain hocha la tête et embrassa son front. C'était sa manière à lui de lui dire que tout irait bien. Il sourit et laissa sa tête tomber sur son épaule. Peu de temps après, ils se retrouvèrent dans la maison de ses parents, et de nouveau le souvenir du jour où il rentrait couvert de neige l'assailla. Il détestait cet endroit, de tout son cœur, mais il n'avait pas le choix. Dès la discussion terminée, il partirait.

Il laissa à regret Christian dans la cuisine, après un baiser d'encouragement, et rejoignit sa famille dans le salon. L'accueil qu'il reçut fut froid, les yeux lui lançaient des éclairs et les grimaces de dégoût étaient à peine masquées. Il soupira. Il se demanda vraiment ce qu'il foutait là, à subir leur haine. Ce n'était même plus véritablement sa famille. Sa famille à lui, elle était avec Christian, Jean, Aiden, Hugo et Aaron. Il poussa un profond soupir.

— Je peux savoir ce que vous me voulez ?

Sa grand-mère paternelle lui sourit. C'était un sourire doux, plein d'amour, et il s'en voulut un peu d'avoir parlé aussi sèchement. Il y eut un long silence, personne ne semblait vouloir répondre à sa question, et les grimaces s'intensifièrent. Apparemment, ce qu'il devait lui annoncer ne leur plaisait pas. Il s'apprêtait à insister quand son aïeule reprit la parole :

— Nous voulons que tu aies la tutelle de Nicolas.

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant