Chapitre XVI

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Alexei inspira profondément en serrant la main de son petit frère d'un côté et celle de Christian de l'autre. Les fêtes de Noël étaient arrivées, et avec elle la fin de leur mois d'essai avec Nicolas. Depuis sa discussion avec Christian, le jeune garçon avait fait des efforts. Il avait d'ailleurs accepté le déménagement, à condition que son grand-frère et son mari ne vendent pas la maison de ses parents. Il voulait pouvoir s'y rendre quand il en ressentait le besoin, et les deux adultes n'avaient rien eu à dire là-dessus. Ils avaient trouvé un compromis, et ils espéraient que le conseil de famille se passerait bien pour pouvoir filer tranquillement en Normandie et fêter Noël avec Morgane et sa famille ainsi que Jean et Aiden. Avec Nicolas. 

— Dépêchons-nous de régler ça, murmura-t-il en entrant dans le salon de sa grand-mère.

À peine eurent-ils posé les pieds dans la pièce que tous se retournèrent vers eux, la grande majorité jetant des regards assassins vers Christian. Il n'était pas le bienvenu ici, encore moins que Alexei. Sauf que la bande de vieux, qui avaient à peine pris le temps de faire sa connaissance le jour de l'enterrement, ne s'attendait pas à se trouver face à un regard encore plus meurtrier et à un visage impénétrable. Le châtain passa le bras dans le dos de son soumis et serra sa taille. Il savait rester de marbre et il ne voulait pas se laisser impressionner par cette famille, mais il devait aussi faire sentir à Alexei tout son soutien…

— Mamie, s'exclama Nicolas en courant vers sa grand-mère paternelle. 

— Bonjour, mon petit… tu vas bien ?

Le jeune garçon hocha vivement la tête en montant sur ses genoux. Il salua ses grands-parents maternels avec un grand sourire mais se fit plus méfiant en saluant les autres. C'était des inconnus pour lui, les oncles et tantes de ses parents qu'il avait à peine vu de leur vivant. Alexei et Christian prirent place sur les dernières chaises libres autour de la table. La main du gérant du club se posa possessivement sur la cuisse de son mari. Avec un léger sourire, ce dernier la recouvrit de la sienne et caressa doucement ses doigts.

— Comment ça va, Alexei ? Tout se passe bien, demanda Thérèse avant que les autres n'aient le temps de prendre la parole.

— On a… on a eu quelques difficultés à trouver notre équilibre, mais on commence à y arriver. 

— Ça aurait été beaucoup plus facile s'il n'avait pas été là.

Alexei serra plus fort la main de Christian en entendant la remarque. Contrairement à lui, il n'avait pas pu retenir sa grimace. Il ne savait même pas comment il faisait pour prendre cet air blasé, inatteignable, mais il aurait aimé pouvoir faire de même. 

Il jeta un regard dans sa direction et rougit légèrement. C'est qu'il était sexy dans son costume avec cet air si… dominant. Son mari capta son regard et la couleur de ses joues qui changeait, il dut se faire violence pour ne pas sourire et lui souffler des cochonneries à l'oreille. Franchement, quelle idée de penser à ça dans un moment pareil. Il pinça sa cuisse, amusé, et répondit à l'insulte qu'on lui avait lancé indirectement le plus froidement possible :

— Nicolas et moi avons certes mis du temps à nous comprendre mais je pense que nous avons réussi à nous entendre maintenant. 

— Oui, s'exclama le concerné. 

— Je suis ravie de l'entendre, sourit Thérèse alors que les autres grimaçaient,  et la maison ?

— Nous allons la quitter, annonça Alexei. 

Des murmures indignés passèrent dans l'assemblée. Ils n'avaient pas le droit. C'était dans les conditions pour qu'il garde Nicolas. C'était la faute de cet inconnu, c'était lui qui mettait le désordre. Alexei serra les dents. 

— On t'a laissé la garde de Nicolas à condition que tu restes dans la maison, s'exclama sa grand-mère maternelle en se levant.

— Je sais, mais cette maison est chargée de… souvenirs désagréables, répliqua le blond sans oser affronter les yeux bleus de la femmes, dont sa mère avait hérité. 

— Des souvenirs désagréables ?!  Ce n'est pas de toi dont il faut se soucier, mais de Nicolas ! Et puis, si tu avais été un peu plus normal, tu n'aurais peut-être pas de mauvais souvenirs !

Il sentit Christian se tendre près de lui et s'empressa de poser la main sur son bras pour le calmer. Inatteignable, oui, sauf quand on touchait à son chaton. Mais intervenir ne ferait qu'empirer les choses. 

— C'est déjà vu avec Nicolas. Nous changeons de maison mais il pourra retourner dans celle de nos parents autant qu'il le veut. On veut juste construire notre famille dans un endroit neutre. 

— Un endroit… quel sale petit ingrat ! Avec tout ce que tes parents ont sacrifié pour toi ! Tu ne leur a jamais rendu et maintenant tu fuis ! Qui sait ce que tu as raconté à cet enfant en plus !

— Je serais vous, j'arrêterai de parler, Madame. 

Alexei frissonna. La voix froide et grave de Christian avait coupé la veille femme dans son élan. Elle avait énervé son mari, mais elle avait surtout énervé son dominant. Il déglutit légèrement. Le calme de Christian était une façade, si ses yeux avaient été des armes, ils seraient déjà tous morts sur place.

— Je ne vous permet pas ! Vous débarquez dans cette famille et vous pensez pouvoir y faire votre loi ?!

— Je ne fais pas partie de votre famille. Ma famille, c'est Alexei, et Nicolas s'il veut rester avec nous. Vous, je vous hais tous, de tout mon être. Vous êtes des lâches, vous pourriez tous vous faire condamner pour avoir fermé les yeux sur ce qui se passait dans cette maison. Laissez Alexei faire ce qu'il veut. 

— Oh mais quel… Sortez d'ici ! 

— Non ! Christian il a raison, cria Nicolas, Alexei est triste dans la maison ! Je veux pas qu'il soit triste ! 

— Un enfant n'a pas son mot à dire là-dessus !

— Si ! Je veux choisir ! Mamie Thérèse ! Alexei et Christian ils sont gentils avec moi ! Je veux pas qu'ils m'abandonnent aussi !

De grosses larmes roulèrent sur les joues de Nicolas, qui lança un regard suppliant vers sa grand-mère paternelle. Cette dernière, qui avait suivi l'échange en silence, sourit tristement. Si même les larmes du petit garçon ne suffisait pas à convaincre l'assemblée qu'il était attaché à son frère et son mari, alors elle ne savait pas quoi faire de plus…

— Et si on les laissait essayer dans cette nouvelle maison ? Nicolas est le mieux placé pour nous dire ce dont il a besoin, alors s'il veut rester avec Alexei et Christian dans une autre maison… nous pouvons les laisser tenter. 

— Juste… tenter, chuchota Alexei en se mordant la lèvre. 

— C'est le meilleur compromis, Alexei. On peut vous laisser jusqu'au mois de mai. Ça vous permettra d'avoir le temps de vous habituer tous les trois… 

Même s'il savait que Thérèse avait raison, puisque tout le monde acquiesça sa décision, il ne put s’empêcher d'être déçu. Il aurait aimé pouvoir être sûr que son frère resterait avec lui. Christian caressa sa cuisse avec tendresse. Même si c'était loin de la réponse définitive qu'il souhaitait, c'était quand même une petite victoire… Et de victoire en victoire, ils parviendraient à l'avoir, leur famille. 

Cela sembla marquer la fin du conseil de famille. Chacun se salua, plus ou moins amicalement, et se dirigea vers la sortie de la maison. Alexei récupéra son frère dans les bras de sa grand-mère, lui assurant qu'il serait présent avec elle le 25 décembre pour fêter Noël, et rejoignit son dominant. Ce dernier posa la main sur le bas de son dos, à la limite de ses fesses, avec un sourire amusé. Il n'avait pas oublié le regard que lui avait lancé son soumis pendant l'assemblée, il allait se faire une joie de lui rendre dès que possible. Et c'était sa manière à lui de narguer ces vieux croulants qui ne comprenait rien. Ils avaient gagné pour aujourd'hui et ils gagneraient aussi à la fin. Il s'en faisait la promesse.

KittyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant